Éducation: les deux récréations obligatoires soulèvent des questionnements

ÉDUCATION. Dès la prochaine rentrée, les élèves du primaire verront leurs habitudes remaniées avec l’intégration de deux récréations de 20 minutes à leur horaire. Tant à la Commission scolaire du Val-des-Cerfs qu’au Syndicat des enseignants de la Haute-Yamaska, bien des questions demeurent en suspens.

D’ici le retour en classe, Québec devra apporter un correctif au Régime pédagogique pour permettre aux enfants de bénéficier de ces deux sorties à l’extérieur.  Par cette initiative, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge et son gouvernement désirent favoriser la réussite éducative et la santé des jeunes.

«Plusieurs de nos écoles ont déjà une première récréation de 20 minutes en avant-midi. Suite à la directive du ministre (de l’Éducation), on doit se réajuster à certains endroits», indique le directeur général de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs (CSVDC), Éric Racine.

Sur le territoire de la CSVDC, environ 20 % des écoles primaires proposent déjà deux récréations par jour à ses élèves. «Nous, à Val-des-Cerfs, on croit fermement au fait que l’activité physique est un facteur déterminant au niveau de la santé. Deuxièmement, plusieurs études nous démontrent que pour bon nombre d’élèves; le fait de bouger place l’enfant dans un état d’apprentissage bénéfique. Dans ce sens-là, on a l’intention de collaborer avec le Ministère pour que les élèves aient leurs deux récréations», affirme M. Racine.

Au Syndicat de l’Enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY), on salue l’initiative du ministre de l’Éducation. Selon le président du syndicat, Éric Bédard, il reste toutefois des zones grises à éclaircir avant de voir les écoliers prendre leur bol d’air frais.

«Ça peut être une bonne nouvelle comme ça pourrait être une fausse bonne nouvelle. Ça va dépendre des conditions et comment tout ça va se faire. L’ajout de recréations pour que les jeunes puissent aller s’aérer l’esprit, c’est une très bonne idée», déclare d’emblée Éric Bédard en entrevue au GranbyExpress.

Des choix à faire

Chez les syndiqués de l’enseignement, la gestion des récréations figure en tête de liste des éclaircissements à obtenir du côté des commissions scolaires qui auront à intégrer cette mesure dans l’horaire aux dires du porte-parole officiel du SEHY.

«Si on n’a pas le nombre de personnes suffisantes pour surveiller les cours d’école parce qu’on coupe les budgets et qu’on veut faire des économies de bout de chandelle, c’est sûr que ça va créer du stress et une surcharge de travail pour nos membres», soutient M. Bédard.

«Mais si tout le monde y met du sien et que les conditions sont là, ça peut bien se faire», ajoute le président du SEHY.

À la CSVDC, on s’attend à ce que la directive de Québec force l’organisation à faire des choix qui vont avoir des incidences d’une manière ou d’une autre sur les élèves et le personnel scolaire.

«La semaine d’école est de 25 heures excluant la période du dîner et les pauses. À partir du moment où on ajoute une récréation à l’horaire, il faut aussi comprendre que ç’a un effet domino sur le reste du temps de présence de l’élève», fait remarquer M. Racine. Ce dernier soutient que des équipes-écoles de la CSVDC ont fait le choix de retirer la récréation de l’après-midi et de la remplacer par une pause pour maximiser les apprentissages des enfants. «Prendre dix minutes pour s’habiller (en hiver), aller jouer à l’extérieur et prendre un autre dix minutes pour le déshabillage: d’un point de vue pédagogique, il va y avoir une perte de temps. Il y a des matières comme le français et les mathématiques qui vont voir leur temps amputé pour compenser.»

Pour le DG de Val-des-Cerfs, il est clair que les deux récréations vont entraîner inévitablement des modifications au fonctionnement des écoles. Période de dîner abrégé? Prolongement de la journée d’école? «Ça pourrait en arriver-là effectivement», laisse entendre M. Racine. «À ça s’ajoute la question de la surveillance des récréations et du transport scolaire. Il y a beaucoup de choses à regarder en ce moment pour être en mesure d’offrir ce que M. Roberge a annoncé.»

La sécurité: un enjeu

À toutes ces interrogations soulevées par le milieu syndical et les commissions scolaires se surajoutent le volet météo, entre autres, durant la saison hivernale.  Les épisodes de froid intense et de pluie verglaçante transforment régulièrement les cours d’école en véritable patinoire. L’enjeu d’offrir des aires sécuritaires devra être débattu estime Éric Bédard, du SEHY.

«Vous essaierez de gérer ça des classes de 30 élèves avec leurs crampons (…). Il faut s’adapter et vivre avec son temps. S’il faut mettre des abrasifs, on va devoir le faire pour s’assurer que les cours d’école soient praticables.»

Même son de cloche à Val-des-Cerfs. «Il va falloir se pencher sur la logistique de tout ça», conclut le DG de Val-des-Cerfs, Éric Racine.