Les flammèches de Frédérick Gaudreau avec les Predators de Nashville

RÉTROSPECTIVE. On se transporte le 3 juin dernier, à Nashville. Troisième affrontement de la finale de la Coupe Stanley. À mi-chemin en période médiane, Frédérick Gaudreau, qui arbore alors le 32, décoche un bon tir du poignet qui trompe la vigilance de Matt Murray, le gardien des Penguins de Pittsburgh. Son deuxième filet en finale, qui allait se transformer en but gagnant.

Deux jours plus tard, au cours du cinquième duel, le voilà qui faisait à nouveau sensation et répétait son exploit. Son troisième but en six matchs. Il devenait ainsi seulement le deuxième joueur de l’histoire à inscrire ses trois premiers buts en carrière lors de la ronde ultime. Dire qu’il faisait partie de l’alignement élargi, ce groupe de patineurs rappelé par les Predators au début des séries éliminatoires, communément appelés les Black Aces.

Même s’il n’a pu graver son nom sur le précieux trophée, le natif de Bromont a su marquer les esprits au cours des dernières séries éliminatoires dans l’uniforme or et bleu, lui dont les exploits ont résonné jusque dans sa ville.

Lorsqu’il regarde en arrière, Frédérick Gaudreau ne peut que sourire. «Ce fut une belle année, avec beaucoup de bonnes expériences. Je me sens choyé d’avoir vécu tout ça et tout ce que je continue de vivre», acquiesce-t-il.

Pour couronner le tout, l’équipe a fait preuve d’ouverture en accordant à l’attaquant de 24 ans un nouveau pacte de trois ans, au cours de l’été. «De savoir que l’équipe veut de moi pendant trois ans, qu’elle me voit dans ses plans, c’est une belle marque de confiance», mentionne-t-il.

Passage obligé

Quelques mois après avoir vécu l’apothéose et connu l’adulation des grands moments du meilleur circuit au monde, la nouvelle saison apporte ses nouvelles batailles pour celui qui a amassé trois passes en 17 matchs.

Au moment de l’entrevue, 36 heures venaient de s’écouler depuis son renvoi à Milwaukee, un troisième séjour dans la Ligue américaine depuis le début du calendrier. Il multiplie donc les voyages et passe d’hôtel en hôtel depuis septembre, n’ayant pas son propre chez-soi, ce qui pourrait être éreintant pour le corps et l’esprit.

Frédérick Gaudreau, lors du match du 2 décembre dernier face aux Ducks D’Anaheim.

«Ce n’est pas ma façon habituelle de fonctionner, reconnaît l’ancien porte-couleurs des Cantonniers de Magog. Dans les dernières années, j’avais mon appartement, j’étais davantage dans ma zone de confort, j’avais plus de contrôle sur ce qui se passait, par exemple au niveau de l’alimentation. Mais la présente saison m’amène à développer une façon de voir la vie au moment présent.»

Rendre plus fort

Ce n’est rien toutefois pour décourager le tenace athlète au parcours exemplaire, lui qui n’a jamais vu son nom être appelé au micro lors d’une séance de repêchage de la Ligue nationale, ni même de celle de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, quelques années plus tôt. «Ce serait facile de se laisser emporter par la négativité, mais je ne suis pas du genre à me laisser abattre, je garde une vue d’ensemble. Si c’est sur ma route, c’est pour me rendre plus fort.»

Toujours est-il que Gaudreau, auréolé du statut de gentilhomme dans les rangs mineurs, grimpe peu à peu les échelons à travers l’alignement, pourvu d’une profondeur qui fait l’envie de plusieurs autres formations, des Predators de l’entraîneur-chef Peter Laviolette. «C’est étape par étape dans mon cas, comme depuis le début de ma carrière de hockeyeur. Chaque année, mon but, c’est d’être meilleur que l’année précédente.

Rien ne l’empêchera de regarder devant ni lui enlèvera son attitude positive en cette nouvelle année. «Je suis malgré tout heureux d’être passé par une année comme celle-ci. À travers l’adversité, j’en ai appris beaucoup sur moi-même et sur la façon dont je veux voir les choses. J’ai amélioré toutes les facettes de ma vie, que ce soit sur ou en dehors de la glace.»