Granby: la politique de protection des milieux naturels adoptée sur fond de dissidence

MUNICIPAL. L’adoption de la nouvelle politique de protection des milieux naturels à la Ville de Granby s’est faite sous le signe de la dissidence à la dernière séance. Les conseillers Jean-Luc Nappert, Julie Bourdon et Éric Duchesneau ont voté contre la résolution visant notamment à préserver 29 % des aires boisées et humides sur l’ensemble du territoire.

Sorti sur la place publique récemment pour plaider en faveur d’une intervention de la Ville dans le dossier de la préservation du boisé Quévillon, le conseiller Nappert se dit déçu par la politique entérinée par le conseil.

«Une politique de conservation des milieux naturels, c’est majeur parce que ça évoque et ça lie un peu le devenir de la ville (…). On ne l’a pas débattu en public et il n’y a pas eu de consultation là-dessus», a mentionné l’élu quelques instants après le vote. «Le boisé Quévillon pour de nombreuses raisons, à mon avis, était prioritaire. Mais je vois que la Municipalité ne veut pas aller dans le sens d’acheter et protéger ce boisé qui en vaut vraiment la peine pour différentes raisons. Et je trouve ça déplorable que les conseillers décident pour 10, 20, 30 ans alors que je pense que les milieux naturels méritent davantage. C’est notre futur.»

Pour sa part, la conseillère Julie Bourdon n’a pas accordé son vote à cette politique en évoquant un manque de données pour prendre une décision éclairée.

«Je suis en accord avec l’objectif visé. La Ville doit être audacieuse afin d’atteindre ce but. Par contre, j’ai des doutes sur les moyens. Actuellement, un entrepreneur qui fait un projet doit réserver 10 % pour des fins de parcs. Avec ce règlement, c’est comme si ce 10 % passait à 50 % de zones protégées non développables. Moi, je vois ça un peu comme une expropriation déguisée», a mentionné le conseiller Duchesneau.

Avec cette politique, la Ville compte préserver 65% des milieux naturels en zone urbaine et 46 % des milieux boisés.

«On va protéger cinq fois plus de milieux naturels qu’actuellement et ainsi contenir l’étalement urbain», a indiqué la conseillère municipale responsable  des dossiers environnementaux.

Six zones

Avec un territoire de près de 16 000 hectares, Granby est couvert par plus de 5100 hectares de milieux naturels. Au 31 décembre dernier, seulement 3,5 % de ces zones étaient protégés, soit le Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin (CINLB), les Boisés Miner et des servitudes de conservation.

Selon la nouvelle politique de conservation, 50 % des milieux naturels devront être protégés dans six secteurs de la ville, dont le boisé Quévillon.

«Cette politique des milieux naturels ne vise pas un terrain en particulier. Elle vise l’entièreté du territoire (…). Autrement dit, cette politique est un outil urbanistique de développement du territoire qui est en fonction de la planification stratégique que l’on a faite», a rappelé le maire Pascal Bonin.

D’ici le 11 avril prochain, la Ville tiendra une consultation écrite sur sa nouvelle politique de préservation des milieux naturels. Des capsules vidéo traitant du sujet seront par ailleurs mises en ligne sur le site web de la Municipalité.