Granby sous la neige

MUNICIPAL. Les flocons s’accumulent sur la chaussée. Branle-bas de combat pour dégager les voies publiques. Comment se gère une chute de neige? Qui sont ces hommes et ces femmes qui s’affairent à déblayer les rues? GranbyExpress a participé à une opération «déneigement» en compagnie d’acteurs de premier plan à l’emploi des Travaux publics de la Ville de Granby.

Quelques jours avant notre visite (29 janvier), les radars météo et les Météo Média de ce monde prévoient une autre bordée de neige pouvant atteindre la trentaine de centimètres. Premier changement à notre horaire. Les précipitations prévues en fin de nuit surviennent finalement en début de matinée. 11h15: rendez-vous au bureau des Travaux publics sur la rue Édouard. Le directeur du service, François Méthot-Borduas, et le contremaître des opérations «neige», Mathieu Saint-Jean, reçoivent l’auteur de ces lignes.

Alors que les équipes de la Ville sont déjà sur le terrain pour effacer toutes les traces de la tempête du 20 janvier et du redoux (40 mm de pluie!) du 24 janvier, le scénario attendu se précise. La neige s’intensifie un peu. C’est le début de l’opération «déglaçage». Le contremaître Mathieu Saint-Jean suit la situation de près. «Les véhicules (de déneigement) sont sur la route depuis 8h30 et ce qu’on priorise, ce sont les artères principales. La ville se divise en 12 secteurs de déglaçage et j’ai des véhicules dans chacun d’eux. Leur travail est de dégager les axes routiers les plus achalandés», explique le contremaître.

À cette étape-ci, des mélanges de sel ou d’abrasif (petites pierres) se retrouvent sur la chaussée,  selon les secteurs. Pour déglacer le territoire, de six à sept heures sont nécessaires pour compléter cette opération exécutée lors de faibles précipitations (1 à 5 cm).

À 5 cm et plus, les cols bleus passent alors en mode «tassement». L’artillerie lourde des Travaux publics et des entrepreneurs privés se fait plus présente afin de déneiger les 500 km du réseau routier granbyen. «Les secteurs de tassement sont réduits afin de les faire dans un temps donné. Ça prend de quatre à cinq heures pour faire le parcours au complet», mentionne M. Saint-Jean.

«C’est toujours aussi une question de jugement. On connaît les tendances. Des fois, on peut sortir à 3,4 centimètres parce qu’on sait que l’accumulation dans un secteur va se faire plus vite que dans un autre secteur. Pour être efficace sur le terrain, on sort plus tôt, selon les circonstances, pour prévenir le coup», indique le directeur des Travaux publics, François Méthot-Borduas.

Après le déblaiement  du centre-ville, des façades d’écoles et de l’hôpital, l’opération se poursuit pour le reste du réseau routier du nord au sud. La Ville termine ensuite avec le nettoyage de 126  km de trottoirs.

Et quand Dame nature décide de livrer une vraie tempête, le soufflage de la neige exige sept jours de travail. Rien de moins!

Mais tout peut basculer à tout moment. Dès que la météo change, l’horaire des opérations suit le mouvement. «Ce soir (29 janvier), on avait prévu souffler, mais ça se peut que la donne change parce nos gens impliqués dans cette opération sont aussi des opérateurs de chasse-neige. Et peut-être qu’on va revenir à notre horaire», confie Mathieu Saint-Jean. À ce plan de match s’ajoute des imprévus comme les bris d’équipements et de véhicules. «Les heures de conduite sont aussi à prendre en considération. C’est une loi qu’on doit appliquer. Oui, on aimerait être tout le temps sur la route, mais on a 13 heures de conduite maximum à respecter (par opérateur).»

Une grosse logistique

Le déneigement d’une ville est imprévisible et parsemé de surprises.

«C’est de voir à quel moment vont arrêter les précipitations pour qu’on sorte au bon moment. Et il y a toujours aussi la question des heures de pointe afin de rendre le réseau routier le plus accessible possible. Ce sont des contraintes avec lesquelles on doit jouer pour s’assurer de la fluidité des opérations», raconte François Méthot-Borduas, directeur des Travaux publics.

L’autre phénomène qui complique davantage les activités de déneigement de nos jours, c’est les changements climatiques. «Depuis quelques années, la gestion est plus compliquée. On vient d’avoir une tempête de neige (20 janvier) à moins 23 degrés, ce qu’on n’avait pas vu depuis 100 ans, et par la suite un épisode de pluie majeure. C’est dur à planifier. On s’adapte une fois qu’on est sur le terrain», confesse Mathieu Saint-Jean.