L’augmentation de la valeur des terres inquiète l’UPA

AGRICULTURE. Pour la deuxième année consécutive, l’Estrie est la région où la valeur des terres agricoles a le plus augmenté (32,4%) rapporte la Financière agricole du Canada. À première vue, l’augmentation de la valeur d’un bien semble une bonne nouvelle, mais cela l’est moins quand on pense à la relève agricole et à la souveraineté alimentaire du Québec selon le président de l’Union des producteurs agricoles de l’Estrie François Bourassa.

«L’augmentation frappe les régions plus périphériques comme la nôtre. Le prix très élevé des fermes en Montérégie fait en sorte que les producteurs vont privilégier les endroits où les terres sont plus abordables comme en Estrie. Avec la pandémie, il y a des urbains qui ont trouvé plus agréable d’être confinés en campagne qu’en ville. Ça provoque des prix à la hausse», constate le producteur laitier et acériculteur de Valcourt qui bien que conscient que sa ferme a plus de valeur déplore quand même cette augmentation.

«C’est certain que cela facilite la capacité d’emprunt sauf qu’en cas de hausse des taux d’intérêt, beaucoup d’agriculteurs seront en difficulté. Également, si tu transfères ta ferme à un apparenté et qu’il puise en vivre, il est impossible de la transférer à sa pleine valeur. Ça pose un problème au niveau de la relève. Au prix où sont les terres, c’est très difficile pour les jeunes de s’établir», indique François Bourassa tout en revendiquant une législation sur la limitation de l’achat de terres par des fonds de placement.

«Des provinces l’ont déjà fait. Il y en a une qui a aussi fixé un prix plafond. Également, ça prendrait du capital de risque plus accessible pour la relève. Il faut rendre les plus petites superficies accessibles pour eux. Car souvent ces «petites» terres sont convoitées par des urbains avec les poches profondes qui veulent un pied à terre en campagne. Ça nuit aux jeunes qui voudraient se partir dans le maraicher», souligne le président de l’UPA-Estrie qui souhaiterait une certaine forme d’obligation d’exploiter les terres agricoles disponibles.

«Le gouvernement prône la souveraineté alimentaire du Québec. Il faut être conséquent. Les superficies disponibles diminuent toujours à cause du ciment et de l’asphalte, on n’a pas le droit d’agrandir nos superficies en culture depuis une douzaine d’années et les terres sont très chères. Un moment donné, les superficies pour garnir l’assiette des Québécois rétrécies tout le temps. Faut que ça arrête», conclut François Bourassa.

Notons que pour l’ensemble du Québec, la valeur moyenne des terres agricoles a augmenté de 7,3 % en 2020. La hausse était de 6,4 % en 2019. La valeur moyenne des terres agricoles ne cesse d’augmenter au Québec depuis 1986 rappelle la Financière agricole du Canada.