L’avenir du tennis repose sur le rêve de terrains couverts

 
Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver. Ces mots peuvent causer des cauchemars à des amants du tennis comme moi. Malheureusement, dans notre région du monde, les hivers rigoureux rendent les terrains de tennis inutilisables pendant 75 % de l’année. C’est donc une bonne chose que le Club de tennis François-Godbout, de Waterloo, ait annoncé ce printemps la conversion de ses terrains de tennis extérieurs en installations intérieures-extérieures. Ces terrains conçus pour l’hiver possèdent une «  structure en dôme  » de première qualité, qu’on appelait naguère une bulle. Les amateurs de tennis de plusieurs collectivités bénéficieront désormais d’un accès aux terrains pendant les mois d’hiver froids et enneigés.

En fin de compte, un total de 20 terrains couverts s’ajoutera d’ici l’hiver prochain à notre inventaire national de courts intérieurs, ce qui augmentera d’environ 14,900 heures la fréquentation du tennis.

Bravo ! Mais est-ce suffisant ?

Les 750 courts couverts que nous avons présentement au Canada représentent environ un terrain pour 50 000 citoyens. Comparé à des pays comme le Royaume-Uni, la France et la Belgique, notre ratio est un échec lamentable.

Sans une augmentation substantielle du nombre de terrains couverts, l’avenir du tennis canadien ressemble plus à une angoisse qu’à un plan de développement à long terme des athlètes.

Pour couvrir de quatre à six terrains de tennis avec un dôme pneumatique, il faut compter entre 1,2 et 1,5 million de dollars. Cet investissement est essentiel pour assurer la croissance du sport au pays. Soulignons que les installations permanentes en briques et en mortiers coûtent au bas mot 10 millions de dollars.

L’installation de dômes supplémentaires permettra aux futurs joueurs de tennis d’obtenir le même succès que les Félix Auger-Aliassime, Leylah Annie Fernandez, Denis Shapovalov ou Bianca Andreescu.

Selon notre plus récente étude, menée en 2018, 51 % des citoyens joueraient davantage au tennis s’ils bénéficiaient de terrains ouverts à l’année à proximité de chez eux. Ce pourcentage grimpe à 90 % pour ceux qui jouent au tennis quatre fois ou plus par année.

Compte tenu de la demande croissante, les nouveaux terrains intérieurs constituent un excellent retour sur investissement en termes de santé publique et d’occasions commerciales. Ces installations seront des lieux très fréquentés.

Au cours de la dernière décennie, le tennis a connu une poussée considérable en ce qui concerne l’intérêt et la participation. Grâce aux résultats internationaux de joueuses et joueurs comme Eugenie Bouchard, Bianca Andreescu, Félix Auger-Aliassime, Leylah Annie Fernandez, Denis Shapovalov et Milos Raonic, les Canadiens de tous âges prennent une raquette et se dirigent vers les courts les plus proches.

Les entraîneurs de partout au pays ont constaté une hausse de la demande pour les cours d’été, les camps pour enfants et les tournois. La plupart des clubs ont maintenant des listes d’attente pour les inscriptions dans toutes les catégories d’âge. La demande déborde littéralement dans le pays. Plusieurs de nos jeunes talentueux sont forcés d’attendre le temps chaud pour réaliser leurs rêves, parce qu’ils manquent de possibilités de le faire toute l’année.

L’installation de terrains couverts motivera les jeunes, leur permettra de s’entraîner et de participer à des compétitions dans notre pays. En fin de compte, cette situation leur sera bénéfique tout comme à nos familles, nos collectivités et l’avenir de notre sport.

Heureusement, les gens, les entreprises et les municipalités ont compris la situation et agissent maintenant. Rogers Communications et le groupe Farley ont décidé de contribuer à rendre abordable le coût des installations. En partie grâce à leurs efforts, des structures en dômes sont érigées à des coûts bien inférieurs à ceux des structures permanentes.

Fort de cet élan, Tennis Canada a pu obtenir un financement de 5,6 millions de dollars pour créer le Programme de courts publics intérieurs présenté par Rogers. Les municipalités et les partenaires communautaires peuvent demander jusqu’à 200 000 $ en fonds de démarrage de leur projet de bulles.

Au cours des sept prochaines années, nous sommes déterminés à ériger partout au pays au moins 160 nouveaux courts ouverts toute l’année, ce qui permettra à l’offre de s’approcher de la demande, même si ce n’est que partiellement. Pour ceux qui aimeraient voir du tennis toute l’année dans leur collectivité, nous avons conçu une ressource pour vous servir de guide ainsi qu’à votre municipalité, tout au long du processus. On peut la trouver à tenniscanada.com/fr/facilities.

Alors que nous entamons une saison estivale fort occupée, j’invite tous les Québécois à visiter les terrains de tennis locaux, à examiner l’état des terrains et à remarquer le sourire des gens qui s’y amusent.

Ensemble, rendons le tennis plus accessible toute l’année.

Eugène Lapierre est vice-président principal de Tennis Canada pour le tennis professionnel au Québec.