Le climat toxique encore dénoncé chez Agropur

TRAVAIL. La signature d’une nouvelle convention collective à l’usine Agropur de Granby en août dernier n’a manifestement pas apaisé les tensions entre les syndiqués et l’employeur. Dans une sortie, la semaine dernière, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) a de nouveau dénoncé le climat malsain entre les murs de la fromagerie de la rue Omer-Deslauriers.

Le président du syndicat suspendu par l’entreprise, plus de 500 griefs en traitement, une soixantaine de cas d’arbitrage à venir en 2023, une trentaine de départs en raison d’un environnement de travail néfaste. Rien ne va plus chez Agropur depuis le retour au travail des employés, selon la CSD.

« »Ça fait un moment que le climat de travail est difficile chez Agropur à Granby, mais depuis le retour de la grève c’est pire que jamais. L’employeur ne respecte pas la convention collective que nous venons de signer. Nous avons plus de 500 griefs en cours, dont 51 seulement depuis la signature de la convention collective en septembre », a indiqué le conseiller syndical à la CSD, Bernard Cournoyer, par voie de communiqué.

L’entrée en scène de cinq nouveaux superviseurs attitrés à la surveillance et à l’application de la discipline à l’usine de Granby a été vertement critiquée par la centrale syndicale. 

«Les employés se sentent harcelés par les superviseurs qui chronomètrent la durée des pauses à la minute près. On a même une travailleuse qui s’est fait reprocher de retarder la production parce qu’elle commençait ses règles et qui devait aller mettre un tampon. Pire, le superviseur a demandé un papier médical à la salariée. Ça n’a aucun sens », a déclaré M. Cournoyer.

«L’employeur s’en prend aux représentants du syndicat, mais la solidarité des travailleuses et travailleurs de l’usine d’Agropur n’est pas près de s’effriter. Avec le climat de travail que nous avons actuellement à la fromagerie de Granby, ne soyons pas surpris si nous sommes encore en conflit de travail dans quatre ans», a ajouté le représentant de la CSD.

Agropur réagit

La direction d’Agropur a réagi aux propos émis par la CSD par la bouche de son directeur, relations publiques et communications stratégiques, Guillaume Bérubé. Selon ce dernier, l’entreprise a fait des approches en ce sens auprès du syndicat afin de collaborer à l’assainissement du climat de travail, mais en vain.

«Notre priorité est de travailler en collaboration avec le syndicat pour améliorer le climat de travail à l’usine. Le climat de travail, ça se bâtit à deux. C’est pour cette raison que nous souhaitons s’asseoir avec le syndicat pour en discuter avec eux. Nous avons tenté à plusieurs reprises de le faire jusqu’à présent, sans succès. Nous leurs tendons à nouveau la main. Nous avons à cœur le bien-être de nos employés et l’équipe de la direction de l’usine s’investit avec rigueur dans cette démarche. Nous venons d’ailleurs d’embaucher un consultant externe en relation de travail pour nous aider à rétablir un climat de travail sain à l’usine», a fait savoir le porte-parole d’Agropur dans un échange de courriels.

Quant aux récriminations alléguées par le syndicat au sujet des 500 griefs, l’employeur n’est pas du même avis. «Sur les 16 arbitrages qui ont procédés au cours de la dernière année, Agropur en a gagné 15. De plus, le syndicat s’est lui-même désisté dans plus de la moitié des dossiers fixés pour audience au cours de la dernière année. Il est aussi important de préciser que certains griefs déposés par le syndicat datent de 2017 et qu’ils ne sont pas poursuivis activement par celui-ci», a indiqué M. Bérubé.

Par ailleurs, une enquête interne serait en cours pour éclaircir les circonstances d’un événement impliquant un cadre de l’entreprise et des travailleurs, dont l’actuel président du syndicat. «Nous ne commenterons pas davantage ce dossier pour des raisons de confidentialité. Mais comme employeur, il est de notre devoir d’offrir un environnement de travail sécuritaire et respectueux à l’ensemble de nos employés», a conclu Guillaume Bérubé.