Le couperet tombe sur la ferme expérimentale de Frelighsburg

Un des joyaux de Frelighsburg, relié principalement à la pomiculture, fermera ses portes d’ici les prochains mois. La ferme expérimentale de Frelighsburg, un centre de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada fondé en 1969, a été victime des récentes coupures prévues au budget fédéral.

La ferme située sur le chemin St-Armand, en face de la maison d’Adélard Godbout (un ancien premier ministre du Québec), fait partie du Centre de recherche et de développement en horticulture, localisé à St-Jean-sur-Richelieu. Lors de sa création, le ministère a regroupé la ferme laitière de la famille Tait et le verger de la famille Gagnon, sur le chemin des Pommes.


La sous-station de Frelighsburg se spécialise dans l’exploitation des vergers expérimentaux, mais s’intéresse également aux vignes et à divers petits fruits. Plusieurs variétés de pommes ont d’ailleurs été conçues sur place.


«On poursuit des travaux sur les maladies des plantes, sur les insectes utiles ou néfastes aux cultures, sur l’amélioration génétique du pommier ainsi que sur des méthodes améliorées de culture. Les résultats des travaux de recherche sont diffusés au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde», peut-on lire dans le livre «D’hier à aujourd’hui», publié par la Société d’histoire et de patrimoine de Frelighsburg.


Gilles Saindon, directeur général des Centres des sciences pour Agriculture et Agroalimentaire Canada, confirme la fermeture de la ferme expérimentale au plus tard l’hiver prochain.


«Cette décision fait suite à des impératifs budgétaires. Ça ne remet cependant pas en cause la qualité exceptionnelle des employés en place à Frelighsburg», mentionne-t-il.


Consternation

Quatre postes permanents seront ainsi supprimés dès la fermeture de la ferme expérimentale, en plus des emplois saisonniers et étudiants. Pour ces derniers, la décision du ministère s’applique dès maintenant.


Nicolas Auclair, président de la section locale du syndicat attitré à ces centres de recherche, se dit attristé par cette nouvelle.


«On ne sait pas trop ce qui arrivera aux employés touchés. Certains d’entre eux pourront probablement être relocalisés ailleurs. Mais c’est décevant pour la communauté de Frelighsburg, car cette ferme était très active», dit-il.
Stéphanie Levasseur, présidente du syndicat de la Fédération des producteurs de pommes du Québec (FPPQ) pour le secteur Missisquoi-Estrie et propriétaire du verger Au Cœur de la pomme, à Frelighsburg, affirme être consternée.


«On a vraiment appris la fermeture de la ferme à la dernière minute. Nous ne sommes pas gênés pour exprimer notre déception au gouvernement. J’espère que des initiatives locales permettront de compenser cette perte importante pour la région», confie-t-elle.


Même son de cloche pour le directeur général de la FPPQ, Daniel Ruel.
«C’est vraiment une mauvaise décision, et sans discernement, de la part du gouvernement Harper. J’espère bien qu’on entendra parler sous peu d’un plan de sauvetage ou une quelconque relance des installations», dit-il.


Pierre Jacob, député fédéral de Brome-Missisquoi, critique grandement l’attitude d’Ottawa.


«Les coupures liées au dernier budget fédéral commencent déjà à avoir des impacts désastreux. Et dans ce cas-ci, c’est une région agricole qui est touchée. C’est pourtant une ferme où on menait des recherches sérieuses, avec de bons emplois. La sécurité alimentaire est une priorité pour le NPD et c’est dommage que ça ne soit pas la même chose pour les conservateurs», lance-t-il.


Le maire de Frelighsburg, Jacques Ducharme, bien que fort déçu de la fermeture imminente de la ferme, n’entend pas baisser les bras.


«Il y a sûrement moyen de faire quelque chose. C’est trop tôt pour préciser sous quelle forme on pourrait relancer la ferme, mais la municipalité demeure disponible afin d’appuyer un projet relié à l’agriculture. Peut-être qu’au niveau provincial, il y a des pistes intéressantes», commente M. Ducharme.