Les femmes ne sont pas à l’abri de l’itinérance

ITINÉRANCE. Mère de famille au passé difficile, Madame*se promène depuis au moins trois ans de ressource en ressource; elle vit sans adresse fixe. Elle n’est pas la seule femme dans cette situation, confirme le Groupe action solutions pauvreté (GASP). Bien au contraire. Voulant se sortir de la misère, elle a levé la main et a demandé de l’aide. En entrevue avec le Granby Express, Madame* a confié avoir beaucoup travaillé sur elle-même et éventuellement, quand elle sera prête, elle délaissera la rue pour avoir son propre logement.

Ce sont des circonstances de vie qui ont mené Madame* à vivre l’itinérance cachée, indique-t-elle en entrevue au Granby Express.

«Si on recule, il y a trois ans environ, je me suis séparée de mon ex, qui était le père de mes enfants, indique celle dont le sourire cache un passé sombre. C’est un père violent, qui n’est pas une personne recommandable. J’ai réussi à me sortir de là en allant voir une ressource.»

Anxieuse, Madame*est ensuite allée chez son père après son séjour, mais encore une fois, elle a dû plier bagage vers une autre destination. «Mon père a fait une rencontre sur internet avec une femme et pas longtemps après, il s’est marié, donc, je me suis retrouvée à ne pas avoir de logement, rien», confie la principale intéressée.

Après s’être liée à un nouveau conjoint, Madame*est allée habiter chez lui avant qu’ils ne déménagent ensemble en appartement. À nouveau, une autre tuile est tombée sur la tête de la femme, dont l’âge n’a pas été dévoilé.

«Mon chum ne payait pas sa part de loyer et moi, je payais la mienne, raconte-t-elle. Quand il s’est fait mettre dehors, je me suis retrouvée [dans la même situation]  parce que le bail n’était pas à mon nom.»

Depuis, Madame* s’est promenée ici et là, de ressource en ressource, sans jamais avoir d’adresse fixe. Ce qui est en soi une forme d’itinérance, explique Kim Verreault, intervenante au GASP.

«C’est fréquent [chez les femmes] […]. C’est quand même un type d’itinérance se promener d’une ressource à l’autre, mais elles ne se qualifient pas comme itinérantes parce qu’elles ont un support, de l’aide et un toit. Mais c’est un type d’itinérance quand même.»

La lumière au bout du tunnel

Même si une tempête soufflait au-dessus de Madame*, celle-ci n’a jamais voulu baisser les bras. Elle a sombré dans certaines dépendances, mais elle a sorti le drapeau blanc pour qu’on lui vienne en aide.

«Je suis quelqu’un qui a des troubles anxieux, confie-t-elle. Souvent, je me mettais à angoisser, ça me faisait comme une page blanche dans ma tête. Je savais qu’il y avait tout le temps des solutions à tout problème, mais là, je me sens plus solide.»

Pour se sortir du néant, Madame*a essayé «de voir le positif dans toutes les situations pour ne pas se bloquer et être au négatif. Il faut toujours […] voir la lumière au bout du tunnel».

Madame* ne le cache pas: «au début […] c’est comme [si] tu te sens vraiment sans recours». «Il ne faut pas se laisser démolir et il faut trouver de l’espoir ou une ressource quelque part pour essayer d’avancer, poursuit-elle. C’est une chose à la fois; petit peu par petit peu.»

Vers la prochaine étape

Pour l’instant, Madame* fait encore appel à une ressource pour manger et dormir. Cependant, elle compte éventuellement entreprendre des démarches pour un logement.

«Je suis en train de faire du travail sur moi-même, assure-t-elle. On veut me garder un peu pour que ce soit solidifié en moi. Je fais beaucoup de démarches personnelles. On me dit que j’ai beaucoup de potentiel, de talent. Il me manquait juste à avoir une routine, une structure. J’ai beaucoup évolué. Tous mes choix vont dans la même direction.»

Les dernières années de Madame* ont peut-être été sombres, mais elle voit finalement que ses efforts portent leurs fruits.

«Je suis fière des épreuves que j’ai réussi à traverser, lance-t-elle. Là, pour le moment, ça va super bien pour moi. Je suis fière de ce que j’ai traversé. Malgré la misère, j’ai réussi à […] être une battante.»

Madame*: ce patronyme a été utilisé pour conserver l’anonymat de la personne.