«Les transporteurs craignent ça comme la peste»

Au moins deux événements impliquant des blocs de glace détachés de poids lourds, dont un mortel, ont été recensés dans la région au cours de la dernière année. Malgré cela, le déneigement des remorques est loin d’être un sujet évident. Sécurité, temps et argent sont au cœur de cet épineux dossier.

Les entreprises de transport ne sont pas insensibles aux événements comme ceux survenus, le 26 décembre dernier. «Ici, les transporteurs craignent ça comme la peste», lance Raymond Bourque, ingénieur à l’Association de camionnage du Québec.

Ce dernier convient que les accumulations sont dangereuses et que plusieurs entreprises ont développé des techniques et des outils pour déneiger leurs remorques. «Où on a des difficultés, c’est auprès des expéditeurs», ajoute M. Bourque. Afin de maximiser l’utilisation des tracteurs routiers, les transporteurs laissent leur remorque chez leur client et reviennent les chercher. Or, les heures qui s’écoulent peuvent permettre l’accumulation de neige et la création de glace. «Les expéditeurs disent qu’ils ne sont pas responsables de la remorque, qu’ils n’ont pas à fournir l’équipement de nettoyage, indique M. Bourque. «Notre cheval de bataille, c’est de rendre accessibles les systèmes à ces endroits.» Des pressions sont aussi faites auprès du gouvernement pour doter les haltes routières de ces équipements.

Système maison

«Nous nous sommes dotés d’un système pour que les chauffeurs aient accès au-dessus des remorques de manière sécuritaire», explique Caroline Lacroix, directrice communications marketing chez Transport Robert qui compte 3000 remorques. Les camionneurs se servent d’une remorque désuète à laquelle une barrière a été ajoutée. Un harnais est attaché au pourtour sécurisé et deux remorques peuvent être nettoyées en même temps. «À l’aide d’immenses perches et de balais, ils nettoient le dessus du toit», enchaîne Mme Lacroix. Une opération qui peut durer de 30 à 45 minutes.

«L’hiver, cette étape-là est incluse à la ronde de sécurité qu’ont à faire les camionneurs avant de démarrer», dit Caroline Lacroix.

Un système semblable a été développé chez Interpalco, à Saint-Césaire. «Les chauffeurs doivent s’assurer qu’il n’y ait pas de la neige sur leur toit. On ne veut pas causer d’accident», indique Nicole Brault, directrice de la flotte chez Interpalco.

Les entreprises doivent répondre aux normes de la sécurité routière et de la CSST en matière de déneigement des remorques afin d’assurer la sécurité du travailleur. «Le transporteur ne peut pas laisser un chauffeur grimper sur un toit glacé», ajoute M. Bourque. 

YETI, le déneigeur

Certains systèmes mécaniques ont été élaborés pour faciliter le déneigement des remorques et Industries Rainville, basée à Saint-Jean-sur-Richelieu, commercialise l’un d’eux: YETI. Équipé d’un souffleur, le système déneige le toit des remorques et souffle la neige à une trentaine de pieds. «Lorsque c’est de la neige folle, ça prend entre 30 et 45 secondes. C’est un peu plus long pour la neige «pelotante», on parle d’environ 1 minute à 1 min 45 s. C’est le même fonctionnement qu’un souffleur standard. C’est très rapide pour les entreprises», explique Réjean Pomerleau, représentant chez Industries Rainville.

Seul hic, le prix du YETI est fixé à 79 800$.

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