Marché de l’emploi: les baby-boomers plus nombreux en Haute-Yamaska

AFFAIRES. Le marché de l’emploi est en pleine effervescence et les entreprises sont de plus en plus à la recherche de travailleurs à cause, notamment, des départs à la retraite qui se multiplient. Ce phénomène n’est pas différent en Haute-Yamaska alors que la proportion de travailleurs issus du baby-boom d’après-guerre est supérieure à celle de la Montérégie, voire même du Québec.

Selon le Recensement de 2016 de Statistique Canada, les travailleurs de 55 à 64 ans de la MRC de La Haute-Yamaska occupaient 19,6 % de l’emploi total comparativement à 17,6 % pour la Montérégie et 17,2 % pour le Québec. L’augmentation de ce groupe d’âge s’explique justement par le vieillissement de la population du baby-boom de l’après-guerre.

Comme l’explique l’économiste à la direction régionale de Services Québec  pour la Montérégie, Dany Provençal, «on est en plein dans la vague pour des départs à la retraite».

«Si on a une augmentation des prises de retraite, on a moins de gens sur le marché du travail, explique-t-il en entrevue téléphonique. Par contre, le nombre d’emplois a quand même augmenté légèrement, ce qui fait qu’en fin de compte, on peut voir le taux d’occupation de façon positive.»

Entre 2006 et 2016, une hausse de plus de 400 emplois a été remarquée sur le territoire, mais une baisse d’environ 2 000 personnes dans la population active – des gens de 15 ans et plus qui au moment de l’enquête, se sont déclarés au travail ou à la recherche d’un emploi – a été notée dans la MRC.

«Le marché du travail a évolué quand même passablement positivement dans la province, fait remarquer M. Provençal. Dans la région [de la Montérégie], il s’est créé plus de 32 000 emplois entre 2016 et 2018 sur une base annuelle. Le taux de chômage a baissé rapidement; il est passé de 6 % à 4,5 % dans la région et le taux d’emploi a augmenté aussi de 1,6 point de pourcentage. Tout ça, c’est sûr qu’on peut le transposer généralement dans la Haute-Yamaska.»

Au premier trimestre de 2019, il y avait 23 % plus de postes vacants que le premier de l’année 2018. «Ça illustre qu’il y a un dynamisme quand même au niveau de la demande des travailleurs, admet Dany Provençal. Par contre, la situation démographique fait que ce n’est pas nécessairement aussi simple de combler les besoins.»

Une diminution en 2030

D’ici 2030, la population en âge de travailler (15-64 ans) sera appelée à diminuer. Comme le souligne M. Provençal, ce phénomène met beaucoup de pression sur le marché de l’emploi.

«Récemment, dans la région [de la Montérégie], le nombre d’emplois n’a pas nécessairement augmenté aussi rapidement. Par contre, les postes vacants sont en augmentation. Ce qui fait que ça renforce peut-être le constat qu’effectivement, il y a des départs à la retraite qui doivent être comblés.»

«C’est possible que les nombreux départs créent davantage de postes qui ne seront pas [pourvus] chez les entreprises, poursuit le principal intéressé. Les entreprises ont une forte demande pour la production et les transactions et elles doivent combler certains besoins au niveau de la main-d’œuvre. Ce qui fait qu’il y a la création de nouveaux emplois. Donc, effectivement, beaucoup d’entreprises sont à la recherche de travailleurs.»

Selon l’économiste de Services Québec pour la Montérégie, la situation peut probablement se transposer à la MRC de La Haute-Yamaska puisqu’elle «présente essentiellement la même tendance que la région et la province, c’est-à-dire une augmentation de l’apport des personnes de 55 ans et plus sur le marché du travail».

Au cours des dix prochaines années, les départs à la retraite se poursuivront dans cette croissance économique qualifiée de «quand même assez favorable».

Un taux de placement positif

Si la portion de travailleurs âgés de 55 à 64 ans est plus élevée en Haute-Yamaska que dans le reste de la province, il en est de même pour la population totale. En effet, toujours selon le Recensement de 2016, on retrouve 16,1 % de personnes de 55 à 64 ans en Haute-Yamaska comparativement à 14,8 % en Montérégie et à 14,7 % dans l’ensemble de la province.

La direction régionale de Services Québec de la Montérégie ne peut avancer d’hypothèse sur les raisons qui expliquent que la portion des travailleurs ou de la population de 55 à 64 ans est plus élevée en Haute-Yamaska.

Questionné sur le phénomène de l’importante présence des baby-boomers sur le marché du travail, l’organisme Service externe de main-d’œuvre de Granby et Région (SEMO) a indiqué que le taux de placement de sa clientèle est de 85 %.

«Nous aidons ces gens-là à se trouver de l’emploi, souligne la directrice adjointe de SEMO, Line Simard. Les employeurs sont quand même assez friands de cette clientèle-là parce qu’elle est fiable. Elle a aussi plusieurs compétences à transférer. C’est souvent des gens qui ont de nombreuses années d’expérience, qui ont fait plusieurs emplois ou qui sont très expérimentés dans un type d’emploi. À ce moment-là, c’est certain que ce sont des gens qui sont reconnus.»

Bien qu’il y ait plusieurs baby-boomers qui souhaitent partir à la retraite, d’autres veulent demeurer sur le marché du travail selon un horaire plus léger, à temps partiel.

«Ce sont des gens qui peuvent donner [de leur temps]pendant encore plusieurs années, poursuit Mme Simard. La clientèle qui vient nous voir est de plus en plus âgée. Elle veut travailler de plus en plus longtemps parce qu’on est quand même en forme de plus en plus longtemps. Oui, il y a une clientèle qui est vieillissante, mais est très bien transférable sur le marché de l’emploi sans problème.»