Michel Duchesneau s’immisce dans la campagne à Granby

L’ex-maire de Granby Michel Duchesneau s’est immiscé dans la campagne électorale lundi soir lors de la dernière séance publique du conseil municipal. Celui qui a consacré ses mandats au remboursement de la dette a déposé une étude payée de sa poche qui vient contredire les arguments de «rattrapage» utilisés par l’actuel maire sortant Richard Goulet pour expliquer les nombreux investissements réalisés depuis huit ans.

D’après le rapport de la firme comptable Mallette, les dépenses en immobilisations sont comparables aux villes de taille semblable entre 1994 et 2005. Selon ce qui ressort du document dont GranbyExpress.com a reçu copie, Granby a investi un total de 174$ par année, par citoyen durant cette période. Une donnée qui se rapproche des 180$ de Victoriaville et des 183$ de Trois-Rivières.

La moyenne des cinq villes étudiées se situe d’ailleurs à 177$ par citoyen par année. Les extrêmes sont Saint-Hyacinthe à 210$ et Drummondville à 135$. Pour arriver à ces chiffres, les dépenses des autres municipalités pour la construction d’une station d’épuration des eaux ou d’une salle de spectacle ont été écartées de l’équation.

«Grâce à mes prédécesseurs, on avait déjà tout ça. Ce sont les autres villes qui devaient faire du rattrapage! Le reste des investissements, il n’y avait pas grand-chose à faire et on était drette dans la moyenne», soutient l’ex-maire.

Bien au fait de l’impact qu’il risque d’avoir dans la course à la mairie, l’ex-premier magistrat assure que ce n’était pas sa première intention même si «ça ressemble drôlement à ça», convient-il.

«Ça fait plusieurs années que je veux le faire et au mois de juin, je me suis dit que c’était le moment ou jamais. De toute façon, peu importe qu’on soit en campagne électorale, la population a le droit de savoir», a répondu M. Duchesneau en entrevue avec GranbyExpress.com.

Le document final rédigé par la firme Mallette lui aurait été livré en main propre par courrier recommandé vendredi dernier. «Pendant huit ans, il nous a cassé la tête avec ça. Je suis sorti dans les journaux pour dire qu’il n’y avait pas de rattrapage, mais je voulais le prouver», répète Michel Duchesneau.

Un bon maire

Pourtant, malgré toute l’animosité que l’on sent entre les deux protagonistes, Duchesneau qualifie Richard Goulet de «très bon maire». À son avis, le seul reproche qu’il peut adresser à son successeur est sa gestion des finances.

«Il faudrait qu’il règle ça. C’est un très bon maire, mais l’argent sort partout!», analyse-t-il.

L’ex-maire estime que la Ville de Granby devrait être toujours exempte de dette et présenter un taux de taxe foncière de 0,69$. «On avait développé une marge de manoeuvre extraordinaire, mais il a vu que la carte de crédit était vide et il a décidé de se lancer dans les grands projets», observe-t-il.

Pourquoi faire cette sortie huit ans plus tard? «La première année, il n’y avait pas d’endettement, ensuite il y a eu le référendum sur les Terres Miner… et puis un moment donné tu laisses aller. Sauf que j’en ai eu ras le bol d’entendre qu’on aurait soi-disant laissé la ville dans un état lamentable qui nécessite tant de rattrapage», répond M. Duchesneau.

Goulet heureux

Loin de dénoncer la sortie publique de son prédécesseur, Richard Goulet a même confié être «heureux de le voir» à la tribune. «Son cran n’a pas changé de se présenter comme résident de Shefford à une assemblée municipale de Granby. Il faut le faire!», a-t-il d’abord commenté au terme de la séance.

Le maire sortant maintient qu’il a dû faire «du rattrapage à pleins camions» et qu’il n’accorde aucune crédibilité au document sans même l’avoir vu. «Il s’est payé des comptables pour venir nous dire, quel genre de rapport vous pensez que les comptables vont faire quand c’est le client qui paye», a poursuivi M. Goulet.

Tout en répétant que ça lui a «fait plaisir de le voir», le maire sortant a insisté sur le fait que l’administration Duchesneau «a mis Granby dans la dèche avec son principe de payer la dette et son taux de taxes à 0,85$ que M. Langlois a rachevé à 0,80$.» Un taux qui n’a toutefois pas changé depuis.

D’après Richard Goulet, la municipalité «s’en est très bien sortie» grâce à des subventions et à la croissance de la ville.