Sélection d’un nouveau nom pour les équipes sportives: la réflexion continue au Cégep de Granby

SPORTS. Les Gorilles, Le Yamaska, Les Météores, Les Mumbas, Les Brownies, Les Grands-Ducs, Les Panthères. Le concours lancé en septembre dernier par le Cégep de Granby pour trouver un nouveau nom aux 14 équipes sportives a connu du succès auprès de la population étudiante et du grand public. Pas moins de 60 suggestions ont été proposées au comité consultatif chargé de faire des recommandations à la direction de l’institution. Or, aucune des propositions soumises par le comité n’a passé le test, a appris le GranbyExpress.

Initialement prévu en mai prochain, le dévoilement de la nouvelle entité (logo et nom) pour les équipes sportives du Cégep de Granby devra visiblement attendre. Selon nos informations, quatre noms présélectionnés (La Machine ou Les Machines, Les Étincelles, Les Météores et Les Solaires) ont été présentés au comité de direction du Cégep dans les dernières semaines. Mais voilà qu’aucune des suggestions n’a reçu l’aval des hautes instances de l’établissement. Par ailleurs, la dénomination «Machine» a depuis été abandonnée par le comité en raison de son «caractère déshumanisant» et son «manque de pérennité», a-t-on appris.

Pour l’heure, la réflexion se poursuit. La nouvelle du délai additionnel n’a d’ailleurs pas tardé à circuler dans les couloirs du collège. Dans un échange de courriels, dont le GranbyExpress a obtenu copie, des personnes impliquées de près ou de loin dans le projet n’ont pas manqué de souligner leur déception face à cette décision.

«Je trouve tout ça très décevant. On a fait un concours pour en bout de ligne ignorer la plupart des propositions du public (d’ailleurs, si je ne me trompe pas, les Étincelles est un choix hors-concours sorti de je ne sais trop où, ce qui ne respecte pas les règles qu’on s’était données au début du processus). On se ramasse avec trois noms très génériques n’ayant aucun lien avec Granby et qui pourraient être utilisés par n’importe quel Cégep. Et pour couronner le tout, la direction annule nos efforts en refusant le nom le plus populaire tant pour le public que pour le comité», a commenté Joannie Daigneault, enseignante en histoire et en politique au Cégep de Granby.

«J’anticipe que les fans du nom Inouk ne seront pas impressionnés par notre sélection. On leur disait que le nom Inouk ne représentait pas notre identité ni nos valeurs sportives. Ça va être difficile de défendre que les Solaires ou les Étincelles les représentent davantage», a ajouté l’enseignante.

«Je ne peux qu’être d’accord avec les points soulevés par Joannie (Daigneault) et partager sa déception. Écarter le seul nom (Machine) qui avait une référence à l’histoire régionale équivaut en effet à laisser tomber ce critère censé pourtant guider le changement du nom des équipes sportives et qui, d’ailleurs, justifiait ma participation au comité », a pour sa part écrit la directrice générale de la -Société d’histoire de la Haute-Yamaska, Cécilia Capocchi. Rappelons que l’organisme s’est impliqué dans le dossier en publiant des liens et articles d’intérêt historique sur son site web pour stimuler la créativité des participants durant la tenue du concours.

L’effet wow recherché

En lançant cette quête d’un nouveau nom représentatif pour la région et la communauté collégiale, la directrice des affaires étudiantes et des services à la communauté, Isabelle Giard, se doutait bien que la partie n’allait pas être facile. «Un processus de changement de nom d’équipes sportives, on ne fait pas ça tous les jours. On savait par contre qu’on s’embarquait dans quelque chose qui n’était pas simple.» Un avertissement que lui avait manifesté la responsable du dossier au Cégep d’Ahuntsic. Jadis nommés les «Indiens» du Cégep d’Ahuntsic, les clubs de l’institution montréalaise défendent désormais les couleurs des Aigles depuis la saison 20202021. Un nouveau sobriquet adopté tout comme l’a fait l’Université McGill avec l’abandon du terme Redmen en 2019 dans le cadre de cette longue réflexion sur les appropriations culturelles des peuples autochtones.

«Je sais qu’il y a eu des insatisfactions et des déceptions. Au bout du compte, on n’a pas eu de noms wow », a avoué Mme Giard en entrevue. «Mais tous les travaux du comité, ç’a quand même porté fruit parce qu’il y a eu plein d’échanges avec les étudiants qui ne savaient pas que la ville avait un passé aussi industriel.»

Malgré l’avalanche de propositions, certains d’entre eux n’auraient pas été autorisés par le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) tout simplement parce qu’une institution (primaire, secondaire, collégial ou universitaire) ne peut adopter un nom déjà utilisé, a rappelé Isabelle Giard.

«Ça nous prend un nom où il n’y a pas un double sens. Si je prends Les Bêtes, c’est un nom qui nous a été soumis et qui plaisait à des gens du comité parce qu’il y a un lien avec le Zoo. Au comité de direction (du cégep), ça n’a pas passé. »

Devant l’impasse et avec l’accord de la direction, le comité consultatif a par ailleurs lancé, la semaine dernière, un appel d’offres sur invitation auprès de firmes spécialisées. L’entreprise retenue aura ensuite pour mandat de dégoter trois propositions d’ici le mois d’avril. À l’issue de la démarche, les noms sélectionnés seront adressés à la population du Cégep qui devra faire son choix lors d’un vote à tenir avant la fin de l’actuelle session d’hiver. Et si tout suit son cours, le dévoilement officiel devrait avoir lieu à l’automne 2023.