Semaine de réinsertion sociale: « Ce n’est pas parce qu’un homme est en difficulté qu’il est méchant »

RÉINSERTION SOCIALE. La journée du 13 octobre s’est déroulée sous le signe de la sensibilisation pour plusieurs organismes de réhabilitation sociale, à l’image de l’Auberge sous mon toit à Granby (ASMT) qui a organisé une journée porte ouverte dans le cadre de cette semaine de la réhabilitation sociale.

L’Auberge sous mon toit œuvre à Granby depuis plus de 50 ans à offrir des services d’hébergement, d’encadrement et d’insertion sociale à des hommes en difficulté situationnelle, sans domicile fixe ou contrevenants, et les soutenir de manière active dans leur quête d’autonomie. Ainsi, ce sont quelque 125 hommes qui sont hébergés et accompagnés vers l’autonomie chaque année.

Les hommes qui atterrissent dans ce lieu ont généralement déjà un pas bien entamé vers leur réhabilitation. « La personne qui arrive ici doit avoir un objectif de séjour, il y a des plans d’intervention qui sont rédigés et des rencontres avec un intervenant. L’homme doit s’engager dans sa réinsertion sociale pour rester ici », a souligné Marie-Ève Théberge, directrice générale de l’auberge.

Reconnue officiellement par l’Assemblée nationale en 2019, la Semaine de la réhabilitation sociale au Québec est une bonne occasion pour les organismes comme l’ASMT d’organiser des journées porte ouverte, mettre de l’avant ses services et se faire connaitre auprès d’intervenants d’autres organismes. C’est également un bon moment afin d’accueillir des parents de résidents et d’intervenants pour leur présenter le milieu de travail. Finalement, cet évènement sert également à briser les clichés entourant la réhabilitation sociale. « C’est super important de briser les préjugés. Il y a des parents de résidents et des parents d’intervenants qui viennent pour voir aussi dans quel milieu on travaille. C’est important donc de briser ces préjugés et de défaire les mythes entourant les hommes en difficulté et la santé mentale notamment », a soutenu la directrice. « Ce n’est pas parce qu’un homme est en difficulté qu’il est méchant, et c’est ce que nous voulons faire sortir ici, leurs bons côtés. »

Un contexte particulier même pour l’ASMT 

À l’image des autres organismes communautaires, l’ASMT traverse aussi une période postpandémie plus compliquée. La directrice nous a confié recevoir une vingtaine de demandes d’aide par mois avant la pandémie, mais que maintenant ce chiffre oscille davantage entre 35 et 40 demandes. « La demande a doublé, mais les places ont diminué », a commenté la responsable du centre d’hébergement communautaire. 

Les enjeux sont nombreux, mais parmi les plus prioritaires, il y a le manque de financement et, bien sûr, la pénurie de logements particulièrement virulente à Granby. La directrice ne le cache pas, ces différents enjeux résultent en des situations difficiles comme la fermeture de quelques chambres et la difficulté pour les résidents de se trouver un logement, entrainant par le fait même des refus de prise en charge pour manque de place et le rallongement de la liste d’attente. « Le manque de financement fait en sorte qu’il y a des chambres fermées, car j’ai besoin d’un autre intervenant pour les ouvrir. J’ai quatre chambres fermées sur 20 au total. Elles sont disponibles, mais fermées », a expliqué la directrice.

« La pénurie de logements fait en sorte qu’on dépasse nos délais d’hébergement, qui sont d’un an à l’ASMT. Il y’a des résidents à qui c’est arrivé cette année parce qu’ils étaient en démarche pour trouver un logement et on ne voulait pas leur faire perdre tout leur acquis dans cette dernière année-là. Malheureusement, ils ne trouvent pas de logement adéquat, et pour notre part on ne souhaite pas non plus qu’ils retournent dans des milieux qui vont les déstabiliser », a souligné la directrice qui œuvre à l’ASMT depuis près de 15 ans.

Finalement, et malgré le contexte, Marie-Ève Théberge ne perd pas son optimisme et peut oujours compter sur une equipe soudée pour relever les défis. « Ce qui fait mon bonheur, c’est de voir les petits changements qu’on réalise, de voir qu’on fait vraiment la différence. L’appui de la communauté et l’équipe de travail, voir que mon équipe est capable de transmettre les messages, les membres de l’équipe de jour sont là depuis des années, ce sont des gens qui ont la vocation et les gars à cœur. C’est ce qui fait toute la différence », a conclu Mme Théberge.