Un fléau invisible dans les cours d’école 

ENQUÊTE. ENQUÊTE. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié récemment un sondage évocateur concernant les habitudes de vapotage des -Québécois, mais notamment chez les ados où la tendance est de plus en plus inquiétante. En effet, l’enquête révèle notamment que la prévalence du vapotage est plus élevée chez les adolescents et les jeunes adultes que chez les 25 ans et plus.

L’enquête relève également un autre fait inquiétant, le dosage en nicotine. En effet, 43 % des vapoteurs utilisent des liquides dont la concentration de nicotine excède 20 mg/ml, cette pratique est beaucoup plus courante chez les 1524 ans (63 %) que chez les 25 ans et plus (24 %). «Ce qu’ont remarqué nos éducateurs en prévention des dépendances dans les écoles secondaires, c’est que le vapotage demeure populaire auprès des élèves du secondaire de façon générale au même titre que la cigarette l’a été il y a plusieurs années. C’est la façon de consommer de la nicotine qui est en évolution», mentionne Pamela Blouin, coordonnatrice aux communications au Centre de services scolaire du Val-des-Cerfs (CSSVDC).

«C’est sûr que c’est attrayant. Il y a plein de saveurs et on peut choisir la quantité de nicotine. Tout dépendamment, combien tu en mets, des fois, ça te fait un petit buzz, on appelle ça se doser», explique Alexandra (nom fictif), une jeune étudiante de 3e secondaire qui fréquente l’un des établissements de Granby. «Oui, il y en a beaucoup qui en sont dépendants, c’est sûr. Je pense que pour certains, c’est même un grand problème», explique la jeune fille qui ne se sent pas concernée par les problèmes de dépendance.

Et pour cause, Alexandra est loin d’être la seule à penser de cette façon. 75 % des jeunes vapoteurs de 15-24 ans se perçoivent comme «peu ou pas du tout dépendants aux produits de vapotage», selon l’INSPQ, ce qui brouille probablement la perception qu’on ces derniers par rapport à ces produits.

«La popularité vient de tout le développement du produit du vapotage qui est en cours. Ça existe en plusieurs formes et en plusieurs couleurs, ça attire beaucoup plus les jeunes. Il y a aussi tout le marketing d’influence sur les réseaux sociaux. Les jeunes sont souvent plus influencés par tout ce qui est produit de vapotage présenté par les influenceurs», indique Mme Blouin du CSSVDC.

En effet, les vapoteuses sont de plus en plus petites, sobres, discrètes et produisent beaucoup moins de vapeurs que les premières machines du genre, ce qui les rend beaucoup plus attrayantes pour les plus jeunes désirant demeurer discrets. «Tout le monde vapote ou l’a déjà fait à l’école. Même les secondaires un, parce que tout le monde le fait et ils trouvent ça cool de suivre la gang. Il y en a qui le font même en cachette dans les toilettes durant les pauses ou les heures du midi», confie Alexandra. «Je n’ai jamais fumé la cigarette, ça m’écœure. La première fois que j’ai vapoté, c’est en secondaire 2. J’étais à un party et une amie me l’a offert pour essayer », raconte-t-elle.

Pour ce qui est de la provenance des produits pour ces jeunes de moins de 18 ans, les boutiques spécialisées demeurent la principale source. «Il y a certaines boutiques qui en vendent en cachette, sinon c’est facile d’en avoir. J’ai des amis qui passent par leur frère ou leur sœur plus âgés qui leur en achètent et quand je leur demande, ils m’en achètent aussi», relate la jeune étudiante rencontrée par le -GranbyExpress.

Les écoles sur le front pour contrer le problème

Pour contrer ce phénomène préoccupant, le CSSVDC compte sur ses équipes-écoles et les différents éducateurs en prévention des dépendances, qui travaillent en collaboration avec les organismes communautaires comme Impact de Rue Haute-Yamaska et la Cellule Jeunes et Familles de Brome-Missisquoi pour monter des ateliers de sensibilisation et des activités parascolaires pour occuper davantage les jeunes et les empêcher de vapoter.

«On fait des tournées de classe lors desquelles on va présenter certains produits pour les sensibiliser, expliquer un peu ce qu’on retrouve notamment comme éléments toxiques dans le produit, car bien souvent, les jeunes sont méconnaissant du produit en soi, ils vont vapoter, mais ils ne connaissent pas ce qu’il y a dedans», informe Pamela Blouin, qui confie également la présence d’activités et des rencontres individuelles personnalisées en fonction de ce que les équipes remarquent sur les terrains des écoles. «Le travail de collaboration et de partenariat avec le gouvernement et les organismes locaux est une super belle occasion de collaboration pour contrer ce phénomène-là», indique la coordonnatrice.