Visite chez le «coiffeur de l’espoir»

Le cancer chambarde l’estime de soi, le moral, l’humeur, le physique et la vie d’une personne atteinte d’un cancer. Au premier regard dans le miroir, elle constate les premières pertes de cheveux. Une résultante des traitements médicaux. À la Fondation La Différence, on redonne le sourire aux invités de la maison, qui luttent contre la maladie, avec le prêt de chevelures temporaires. Visite chez le coiffeur de l’espoir.

Alors que des individus se coupent les cheveux pour soutenir la cause du cancer, d’autres tentent de camoufler la maladie avec un foulard ou une chevelure temporaire. Depuis bientôt trois ans, la Fondation La Différence relooke ses invités avec l’une ou l’autre de ses 300 prothèses capillaires. Le plus grand inventaire de chevelures temporaires au Québec.

Coiffeurs-stylistes au quotidien, les bénévoles Colette Lachapelle et Gilles Bernier partagent leur savoir-faire en accueillant ses hommes et ses femmes à la recherche d’une chevelure dite temporaire.

«Moi, j’appelle ça…donner au suivant. Au décès de mon mari, j’ai décidé de m’impliquer. Si j’aide les autres, je vais oublier ce que je vis», révèle Colette Lachapelle pour expliquer sa participation à La Différence.

Pour Gilles Bernier, le temps consacré à la Fondation lui fait du bien. Le sourire d’une personne après l’essai de prothèses vaut tout l’or du monde.

«Je donne pour aider», avoue simplement le coiffeur professionnel.

Colette Lachapelle corrobore les dires de son homologue. «On le voit avec les dames. Elles sont parfois en larmes, tristes ou sans moral. Quand elles sortent d’ici, elles rient la plupart du temps. Elles sont flambant neuves», illustre la coiffeuse.

Du côté des hommes, les deux bénévoles affirment en voir très peu. L’acceptation de la perte de cheveux passe mieux chez la gent masculine que féminine. Au dire de Gilles Bernier, la féminité s’exprime beaucoup par les cheveux d’où la forte proportion de dames qui optent pour la prothèse capillaire.

Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, la chevelure temporaire n’a rien de la traditionnelle perruque. Blonde, brune, noir, rousse, avec ou sans boucle, au goût du jour. Les modèles d’aujourd’hui sont mieux adaptés, assurent le duo de coiffeurs Bernier-Lachapelle.

À ce jour, pas moins 666 prêts de chevelure temporaire, dont la valeur varie entre 600$ et 1200$, ont été enregistrés à la Fondation La Différence.

L’heure des choix

Avec un dépôt de 20$, l’invité quitte la Fondation avec une nouvelle coupe de cheveux. Et selon l’humeur et les goûts des gens, la chevelure temporaire peut être revue et corrigée au cours des semaines à venir comme bon il semble. Le bien-être d’une personne prime avant tout.

Pour la séance d’essayage d’environ une heure, Colette Lachapelle et Gilles Bernier demandent aux invités d’apporter une photo afin de mieux les conseiller.

«La plupart du temps, ils veulent ressembler à leur apparence d’avant la maladie. Pour d’autres, c’est le temps d’un changement de coiffure», déclare M. Bernier.

Une fois le choix fait et les ajustements de circonstances, les dames ont notamment droit à un léger maquillage. Les visages s’illuminent et c’est l’heure de la parade. Elles se pavanent le temps d’oublier la maladie pour un instant.

Pour ces personnes, le port d’une chevelure temporaire fait toute la différence. Une véritable bouée de sauvetage à laquelle elles s’accrochent pour passer au travers de cette dure épreuve.

«Oui, on est des bénévoles, mais on devient des confidents. On est privilégié de faire ce bénévolat», avoue Gilles Bernier.

«Pour moi c’est un cadeau que je me fais. Je vais continuer tant que je vais le pouvoir», laisse entendre Colette Lachapelle.

À leur retour à la Fondation, les prothèses capillaires sont nettoyées, désinfectées et remises à neuf. La durée de vie? Deux prêts seulement. La Différence prolonge donc leur vie en les remettant à l’Ancien Presbytère de Granby. Ce don permet au théâtre de la rue Saint-Charles Sud d’ajouter des pièces à sa collection d’accessoires.