Vol et séquestration à Granby: la victime raconte son calvaire

En répondant à la porte de sa demeure, dans la soirée du 18 novembre dernier, la vie de Gaston Cloutier a basculé. Le propriétaire de l’entreprise Les pneus Cloutier inc a été tabassé et ligoté, tandis que deux suspects ont dérobé une dizaine de milliers de dollars avant de prendre la fuite. Il a passé les cinq jours suivants à l’hôpital. L’enquête portant cette sordide agression a progressé au cours des derniers jours menant les policiers à dévoiler le portrait-robot d’un des suspects.

Il était environ 18h30 lorsque deux individus ont cogné à la porte des Cloutier, qui habitent sur le 10e rang Ouest à Granby. «Je suis allé répondre», indique Gaston Cloutier. Aussitôt, le sexagénaire est frappé au visage, lui causant une fracture du côté gauche, et est tombé au sol. «Il y en a un qui criait s’il y avait quelqu’un d’autre pour ne pas avoir de troubles. Ils m’ont viré sur le ventre et m’ont attaché avec des tie-wrap (attaches auto-bloquantes) et ils m’ont refessé encore», raconte l’homme.

La suite des événements est obscure dans l’esprit de Gaston Cloutier. «J’ai perdu la carte complètement». Il a repris légèrement conscience lorsque ses assaillants l’ont transporté à l’extérieur de la résidence pour le mener dans sa grange où ils l’ont frappé à nouveau. «Ils m’ont brassé peut-être une ou deux minutes. Après, je me suis réveillé à l’hôpital. Il devait être 4h20», ajoute-t-il.

Il a pourtant trouvé suffisamment de force pour communiquer avec les policiers vers 20h25. «Il disait qu’il était victime de séquestration et de vol qualifié. À notre arrivée, les deux suspects avaient pris la fuite à bord d’une camionnette récente, de couleur foncée. M. Cloutier a été rapidement conduit au Centre hospitalier de Granby», précise Caroline Garand, porte-parole du Service de police de Granby. Des enquêteurs de Granby ont aussitôt été saisis de l’affaire et le Service de l’identité judiciaire de la Sûreté du Québec a été appelé sur les lieux. Ils ont expertisé la scène durant de longues heures.

Si quelque 90 minutes se sont écoulées entre le moment où il a été attaqué et le moment où il a pu appeler à l’aide, M. Cloutier précise que le temps a, malgré tout, défilé à la vitesse de l’éclair. «Ça a passé vite. Je ne me souviens de rien, c’est pour ça que je n’ai pas eu peur. Ça a été une bonne affaire que je ne sois pas

Une connaissance?

Gaston Cloutier doute fort qu’un des suspects est une personne qu’il connait. «Au commerce, on vend des pneus et des voitures usagées. Souvent, les gens paient en argent. Ce jour-là, j’avais les recettes de trois jours de vente à la maison. Cet argent-là, au lieu d’aller la déposer tout de suite, j’avais l’habitude de l’amener à la maison. L’entourage le sait…! Ils ont pensé que j’avais de l’argent et ils avaient raison. Ils ont disparu avec 12 000 ou 15 000$», dit-il.

L’endroit choisi par les suspects pour stationner leur véhicule donne aussi des pistes à la victime. «Il ne s’est pas stationné ici (dans la cour) parce qu’il sait que je l’entends du salon. De l’autre bord, je ne l’entends pas. Ça prend quelqu’un qui sait où je m’assois. Je suis certain que c’est quelqu’un de proche. Celui qui m’a fessé, je suis certain que je ne le connais pas. Il n’était pas gêné de parler. L’autre n’a jamais dit un mot. C’est justement lui que je pense connaître», poursuit la victime.

Malgré les événements, Gaston Cloutier dort bien et peut compter sur le support de son épouse. «C’est juste que je fatigue. Je ne suis pas capable de travailler», dit-il. S’il est peu habituel de voir une victime d’un pareil crime prendre la parole en public, Gaston Cloutier l’a fait dans l’espoir que les coupables soient arrêtés. «Se faire fesser chez vous, ce n’est pas intéressant du tout. Je ne veux pas que ça arrive à d’autres. Je veux que ces gars-là se fassent pogner. Ça n’a aucun sens…» Le propriétaire de Pneus Cloutier ne craint pas de représailles. 

Portrait-robot

L’enquête portant sur cette agression, dont le motif serait visiblement le vol, a progressé au cours des derniers jours. Gaston Cloutier a rencontré, mardi, un portraitiste de la Sûreté du Québec et 24 heures plus tard, un portrait-robot d’un des agresseurs était dévoilé.

Les policiers recherchent activement un homme de race blanche, mesurant 1m75 et pesant 72 kg (5pi9, 160 lb). Ce dernier, âgé d’une trentaine d’années, a les yeux bruns et les cheveux bruns courts. Durant le crime, il portait un manteau foncé et à certains moments, une cagoule grise.

Son complice, un homme, également de race blanche, est aussi recherché. Comme ce dernier portait une cagoule, aucun portrait-robot n’est disponible. Le suspect mesure toutefois 1m80 et pèse environ 82 kg. Il portait une veste à carreaux rouges et bleus.

Les deux suspects ont pris la fuite à bord d’une camionnette récente, de couleur foncée, d’une demi-tonne.

Toute personne détenant de l’information sur l’événement ou ces suspects est priée d’entrer en contact avec le détective Marc Delorme au (450) 776-8333, poste 3609 ou via la ligne Échec au Crime au 1-800-711-1800.