28 mois de prison pour Yvon Brosseau

Le chauffard Yvon Brosseau, qui a fauché la cycliste Andrée Carbonneau sur le boulevard Pierre-Laporte à Granby avant de quitter les lieux le 1er mai dernier, a été condamné à purger 28 mois de prison, assorti d’une interdiction de conduire de cinq ans. Si aucune sentence ne peut soulager la douleur de la famille de la victime, cette dernière se dit heureuse de voir les procédures judiciaires se conclure.

Vêtu d’un chandail bleu, l’accusé est entré dans le box des accusés aux alentours de 15h15, vendredi après-midi, pour y recevoir sa sentence. S’il a retenu le plaidoyer de culpabilité du Bromontois comme facteur atténuant, le juge Érick Vanchestein a précisé que son âge, ses antécédents judiciaires – tous en lien avec la conduite automobile – et le fait d’avoir volontairement omis de s’arrêter constituaient des facteurs aggravants.

Soulignons que Brosseau, décrit comme un être solitaire et menuisier à ses heures, a été reconnu coupable de conduite avec les capacités affaiblies en 1983, en 1986 ainsi qu’en 1997. En 1998, en 2000 de même qu’en 2004, il a été arrêté et condamné pour avoir enfreint son interdiction de conduire. De plus, au moment des événements, son permis de conduire n’était plus valide. Ce dernier avait été suspendu de manière administrative pour des amendes impayées.

«Même si sa dernière condamnation remonte à 2004, cela n’a pas empêché l’accusé, le 1er mai dernier de prendre le volant. Cela démontre le peu de respect qu’il a à l’égard de l’autorité. Il ne faut pas oublier qu’avoir un permis de conduire n’est pas un droit, mais pas un privilège», a enchaîné le magistrat.

La journée du drame, Yvon Brosseau avait consommé de la bière dans un établissement licencié de la rue Principale à Granby avant de prendre le volant. Selon un témoin qui accompagnait Brosseau au bar, l’accusé n’était «pas chaud, mais pas à jeun». Yvon Brosseau aurait expliqué aux policiers que l’accident a été causé par une distraction alors qu’il mangeait des croustilles au volant. Il aurait paniqué à l’idée de s’arrêter puisque son permis de conduire était invalide, mais aussi parce qu’il avait consommé de l’alcool. Il a donc décidé de prendre la fuite et a entrepris, dès le lendemain, de remplacer certaines des pièces abîmées du véhicule qui appartenait à une tierce personne. D’ailleurs, le propriétaire de la minifourgonnette a refusé d’en reprendre possession, malgré l’offre de la Cour.

Sentence

Si la couronne demandait à ce qu’Yvon Brosseau, 59 ans, purge une sentence de 36 à 42 mois de détention, la défense, elle, réclamait 12 à 15 mois de prison. Si l’accusation de délit de fuite ayant causé la mort est passible de l’emprisonnement à perpétuité, le juge précise que la jurisprudence prévoit,  lorsque cette infraction inscrite au Code criminel n’est pas accompagnée d’une autre accusation, un maximum de deux ans de prison. En prenant en compte les antécédents de l’accusé, ce dernier lui a octroyé 28 mois de prison. Étant donné qu’il a purgé deux mois de détention préventive depuis son arrestation, il passera les 26 prochains mois dans un établissement carcéral fédéral.

Famille soulagée

Se faisant le porte-parole de la famille, Éric Carbonneau, qui est également le frère de la victime, a indiqué, d’emblée, un soulagement de voir les procédures se conclure si rapidement. «C’est aspect-là nous permet de tourner la page sur tout le côté judiciaire et poursuivre notre deuil. On comprend la nature de l’accusation. Dans ce contexte, on est satisfait de la peine qui a été imposée, mais c’est certain que, pour la famille, il n’y a pas de sentence qui va nous satisfaire. C’est une décision équitable dans le contexte dans lequel on était», a-t-il dit, quelques minutes après l’audience.

La famille souhaite maintenant focaliser sur le souvenir d’Andrée Carbonneau et se remémorer la femme rassembleuse qu’elle était. «On veut se concentrer sur le souvenir, ce qu’elle était et ce qu’elle nous a laissé et non sur la façon dont elle nous a été enlevée. On se concentre sur elle et ça va être plus facile pour nous étant donné que le processus judiciaire est terminé, on peut penser à autre chose. Pour nous, c’est une bonne chose qu’il ait plaidé coupable», a-t-il ajouté.

Le frère de la cycliste assure ne pas entretenir de colère à l’endroit de l’accusé. «Je l’ai vu deux fois dans le box des accusés. Cette personne me laisse froid. Maintenant, il va avoir à vivre avec cet événement sur sa conscience pour le restant de ses jours.»

Éric Carbonneau a également tenu à lancer un message aux automobilistes, mais aussi aux cyclistes. «Il ne faut jamais oublier, qu’entre un automobiliste et un cycliste, c’est toujours le cycliste qui est perdant, peu importe d’où vient la faute, à la fin, c’est toujours le cycliste qui paye. La route, ça se partage et on a tous un rôle», a-t-il conclu.