Adopter en Ukraine: une réalité à proximité
SOCIÉTÉ. Deux couples de la région, l’un de Waterloo et l’autre de Shefford, ont adopté des enfants en Ukraine. Isabelle Potvin et Louis Brenn viennent tout juste de revenir. Au départ de cette grande aventure, ils étaient deux. À leur retour, ils étaient six. Portrait d’une nouvelle grande famille
Yaroslav, 3 ans, Constantin, 4 ans, Sergei, 7 ans et Katherina, 10 ans sont maintenant sous la tutelle de ce couple de Waterloo.
La fratrie célébrait son premier mois au Québec le 19 novembre.
À l’heure actuelle, la famille est en période d’enracinement, indique Isabelle Potvin qui est travailleuse sociale. «Ils sont en chocs et nous le sommes aussi. On s’apprivoise», dit-elle installée sur un divan alors que parviennent jusqu’au salon les cris des enfants qui s’amusent dehors.
Maman travaille à temps partiel et papa est à la maison à temps plein. Ils ne vont pas à l’école. Les enfants devraient faire leur entrée dans la cour d’école lorsque les flocons toucheront le sol. D’ici là, ils apprennent le français. Ils découvrent les valeurs et la culture de leur pays d’accueil.
Ils s’adaptent, entre autres, à l’affection, explique Isabelle Potvin.
«Les enfants s’approprient la maison et les jouets. C’est de la surexcitation. Ils doivent apprendre à gérer toutes les émotions positives. Le toucher, par exemple, était tout nouveau pour eux. Des caresses, ils en redemandent.»
Les enfants d’Isabelle et de Louis étaient dans un orphelinat de Donetsk, situé dans l’Est de l’Ukraine. La fratrie y était en raison de négligence familiale.
Les critères et les étapes de l’adoption diffèrent d’un pays à l’autre. L’adoption dans ce pays d’Europe se caractérise, entre autres, par le fait que les parents ne connaissent pas l’identité des enfants qu’ils rencontreront. «Tu ne sais pas qui tu t’en vas adopter. C’est assez spécial, mais très intéressant. Sur place, tu rencontres plusieurs enfants. Tu les vois interagir», explique Mme Potvin.
L’opération séduction se fait dans les deux camps. Les enfants de 10 ans doivent consentir à leur adoption. «Le lien se fait là-bas. Tous les jours, tu vas les visiter», poursuit la travailleuse sociale.
Pour décrire l’aventure, Louis Brenn parle de patience et d’ouverture d’esprit. Le «lâcher prise» est primordial. «Il faut laisser aller les choses. Ça ne se passera pas comme tu l’imagines, mais tu vas y arriver. Il faut que tu t’attendes à des surprises».
La famille Morin-David
Yannik Morin et Valérie David ont également adopté une fratrie en Ukraine. Valik, 5 ans, Vania, 7 ans et, Anna, 9 ans sont devenus leurs enfants le 21 décembre 2013. Leur expérience a d’ailleurs été une étincelle pour le couple de Waterloo.
Valérie et Yannik sont restés trois mois en Ukraine. Le couple de Shefford s’est retrouvé en plein cœur de la crise ukrainienne. «Nous avons vu la Place Maïdan belle et fraîche. J’adorais cet endroit. Et nous l’avons vu dépéri. Les fenêtres noircies», se rappelle Valérie David.
Il n’était pas question pour le couple de baisser les bras malgré la révolution qui se déroulait à quelques mètres d’eux.
Les parents sont donc allés chercher leurs rejetons à Odessa, métropole située dans le sud du pays.
Yannik et Valérie indiquent avoir été séduits par l’adoption en Ukraine en raison de la rapidité du processus. «En Chine, par exemple, c’est très long. Les délais sont maintenant de sept ans. Nous, quand on a décidé de se tourner vers l’adoption, c’était dans le but de le faire à court terme. Mon conjoint approche de la quarantaine», mentionne Valérie en lançant un léger regard espiègle en direction de l’élu de son cœur.
L’aînée de la fratrie, Ana, a de nombreux souvenirs de son pays natal, ce qui incite ses parents à concocter des mets typiques d’Europe de l’Est. «Elle adore ça. En fait, nos enfants sont gourmands. Ils mangent de tout et dévorent tout ce qu’il y a dans l’assiette. Ce sont des enfants qui ont manqué de nourriture quand ils étaient très jeunes», rapporte Yannik Morin.