Aidants naturels : quand s’oublier pour un proche peut devenir fatal

SOUTIEN. Dans le cadre de la semaine nationale des proches aidants au Québec, qui se déroule depuis dimanche et jusqu’au 8 novembre, la Maison soutien aux aidants de Granby (CSRF) organise une soirée dansante ce soir. Une soirée de répit, bien méritée, destinée aux aidants et aux aidés. Parce que, parfois, reprendre son souffle peut sauver une vie.

Selon les données de la CSRF, près de 20% de la population active au Québec est proche aidante. Ces personnes offrent, sans rémunération, du soutien à une personne de leur entourage qui est atteint d’une incapacité physique ou mentale.

Cependant, il arrive que certains proches aidants ne reconnaissent pas leur rôle. Selon eux, l’aide qu’ils offrent à l’aidé est «normale». D’un revers de la main, ils rejettent l’idée de prendre du répit et ignore l’aide dont ils auraient besoin. Mais ce rejet peut être fatal.

Intervenante au CSRF, Émilie Prieur-Bélair affirme que pas moins de 60% des proches aidants meurent avant les aidés.

Une cause qu’elle explique notamment par l’ignorance volontaire de ces propres souffrances. «Les proches aidants font tout pour l’aidé. Ça devient un devoir et une tâche quotidienne. Leur priorité est l’aidé et ils s’oublient complètement. Tellement qu’ils deviennent très fatigués et ignorent les maladies qu’ils sont en train de développer».

Témoin de cette ignorance  

Arthur (nom fictif) est témoin de l’ignorance volontaire de sa mère qui aide sans répit son mari atteint d’Alzheimer.

Arthur, ainsi que ses frères et sœurs, veille à temps perdu de ses parents.

«Ma mère fait tout pour mon père. Elle s’occupe sans cesse de lui en plus de s’occuper de toutes les tâches ménagères. Mais à son âge, c’est loin d’être facile», explique-t-il.

«Ma mère est une femme qui se dit capable de tout. Elle veut tout faire et elle décline bien souvent notre aide. Mais à son âge ça devient inquiétant», renchérit Arthur.

Un scénario qui se présente régulièrement affirme Émilie Prieur-Bélair. «Dans ces cas-là, on espère qu’il change d’idée.  On ne peut pas obliger la personne à fréquenter nos services. Il faut que ça vienne de son plein gré».

Arthur tente malgré tout de convaincre sa mère à prendre du repos. En vain.

«Comment dire à sa mère qui a vécu pendant 61 ans avec le même homme qu’il vaudrait mieux le placer dans un centre ? Elle va se retrouver seule. Une femme qui a toujours été active. Ça risque de la détruire», soutient-il.