Aldex Chemical montrée du doigt par la CSST

RAPPORT D’ENQUÊTE. La compagnie Aldex Chemical est sévèrement blâmée par la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST) en lien avec une série de négligences qui a mené à l’explosion du 30 octobre 2013. Trois causes ont été identifiées et une amende de plusieurs dizaines de milliers de dollars a été émise contre l’entreprise qui la conteste maintenant devant les tribunaux. 

L’entreprise, spécialisée dans la fabrication de résines échangeuses d’ions destinées à être utilisées dans des systèmes de traitement d’eau, a procédé à la conception d’une salle d’urgence à la demande de la Ville de Granby. Le procédé de production du polymère nécessite le mélange d’eau et d’un liquide inflammable, le styrène. Ces deux produits, mis dans un réacteur spécialisé, interagissent ensemble pendant 8 à 10 heures avant d’en ressortir selon les normes. Toutefois, des problèmes de qualités surviennent occasionnellement. Les employés doivent donc stopper la production et retirer la substance du réacteur sans quoi elle fige. Le composé est transféré dans des barils entreposés dans la salle d’urgence. «C’est ce qui s’est fait le 30 octobre 2013», précise Julien Bérubé, inspecteur à la CSST – Yamaska.

Cette salle d’urgence était toutefois nouvellement en fonction chez Aldex Chemical. Auparavant, soit du 21 mars 2012 au 4 juillet 2012, les barils ont été entreposés à l’extérieur à deux reprises, forçant l’intervention des pompiers. «Les barils dégageaient de la fumée et une forte odeur ce qui a occasionné des plaintes», ajoute M. Bérubé. Le 19 juillet 2012, des démarches sont débutées, à la demande de la Ville de Granby, pour la création d’une salle d’urgence interne. Les aménagements se sont terminés le 6 septembre 2013. Entre cette date et le 12 octobre 2013, la salle a été utilisée à deux occasions et aucune problématique n’a été décelée. Le 12 octobre 2013, une mezzanine en métal, un réservoir de polyéthylène et une pompe submersible, qui n’ont aucun lien avec les opérations de rejet, ont été installés dans la salle d’urgence.

30 octobre 2013

Une production de polymère est démarrée à 11h00, le 30 octobre 2013, dans un réacteur de polymérisation. En après-midi, un problème de qualité est repéré et la production est arrêtée. Le mélange est ensuite transféré dans les 25 barils de la salle d’urgence, barils qui occupent la quasi-totalité du plancher. À 16h45, une explosion survient et un incendie dévastateur s’en suit forçant les pompiers à combattre le feu durant une dizaine d’heures.

Trois causes

Au terme de son enquête, la CSST a établi trois causes directes qui ont provoqué l’explosion. D’une part, la conception de la salle d’urgence, notamment l’aménagement de la mezzanine qui contraignait le déplacement de l’air, rendait dangereux l’entreposage d’un mélange en réaction de polymérisation qui générait une grande quantité de vapeurs inflammables. La gestion de la santé et de la sécurité du travail lors de la conception de cet espace d’urgence était déficiente. Lors de la conception, l’employeur n’a mandaté aucun responsable pour assurer le suivi du projet et a ignoré la présence de vapeurs inflammables. Et enfin, la présence de sources d’ignition (un néon sans protection, une rallonge électrique standard, une pompe submersible alimentée en électricité et la présence de charges d’électricité statique) ont provoqué l’allumage et l’explosion des vapeurs inflammables entreposées dans la salle d’urgence.

Sévère amende

«La CSST considère que l’employeur a agi de manière à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs», indique Hélène Hamann, directrice du Service de la prévention et de l’inspection à la CSST – Yamaska. En ce sens, une contravention salée a été délivrée contre Aldex Chemical à la fin du mois d’octobre. Le montant oscille entre 15 698$ et 62 790$. «Il s’agit d’une première offense pour cette compagnie en lien avec ce type d’infraction», souligne Mme Hamann. Cette dernière ne peut toutefois préciser le montant exact de l’amende. «La compagnie a plaidé non coupable quelques jours plus tard. Le dossier a été transféré à la Cour du Québec et ce sera à un juge de statuer sur le montant», précise Hélène Hamann.

Aldex Chemical termine actuellement la reconstruction de son usine sur la rue Laurent. Les activités devraient reprendre en janvier prochain. Toutefois, la production de polymère, en cause dans l’explosion, ne se fera plus à Granby. Malgré cela, la CSST assure qu’elle fera un suivi serré.

GranbyExpress.com a tenté de joindre Vanessa Kurtz, actionnaire et porte-parole d’Aldex. Toutefois, au moment de publier ce texte, il n’avait pas été possible de s’entretenir avec elle.