Ateliers porte-clés : une communauté à la rescousse d’enfants vulnérables

ÉDUCATION. Depuis 2013, des enfants de sept et huit ans de deux écoles de la commission scolaire Val-des-Cerfs bénéficient des ateliers porte-clés. Un regroupement de partenaires en éducation de la Haute-Yamaska ont travaillé coude à coude pour offrir cette forme d’aide au devoir singulière et adaptée. Après analyse des résultats, le projet-pilote s’avère être un succès.

Hier, des représentants de Val-de-Cerfs, des parents et des professionnels étaient réunis à la Maison des familles de Granby et région afin de présenter, pour la première fois publiquement, les ateliers porte-clés.  

Projet-pilote né d’une concertation des partenaires du milieu favorables à la réussite scolaire, les ateliers porte-clés sont offerts à l’école de l’Orée-des-Cantons à Waterloo et à l’école Avé-Maria à Granby.

Depuis son implantation, 80 ateliers ont été livrés, à raison de trois fois par semaine, 1h30 la rencontre.   

Les ateliers s’adressent à des enfants jugés vulnérables. «Vulnérable dans le sens où l’enfant peut avoir des difficultés d’apprentissage ou encore avoir des problèmes sociaux», explique Claudine Leroux coordonnatrice du projet-pilote. Le milieu ou le contexte dans lequel évolue l’enfant peut aussi avoir une influence.

Autrement dit, la vulnérabilité d’un enfant est circonstancielle.  

Lors d’un parcours scolaire, les périodes de transition peuvent devenir des obstacles.  

Outre les enfants, les parents étaient également visés par ce projet comme le témoigne Alain Tardif, directeur adjoint des services éducatifs à Val-des-Cerfs. «On s’est attardé sur les parents et sur la période de transition du CPE à l’école primaire. On voulait une connexion avec la famille, mais pas de façon conventionnelle».

La routine

Un éducateur se rend à la fin des cours pour accompagner une dizaine d’enfants dans leur processus d’apprentissage. L’atelier débute avec une causerie et est suivi d’une collation.

Par la suite, les enfants sont invités à bouger avant de plonger dans leur devoir. «On ne fait pas que les lancer dans leur devoir. On leur apprend à bien s’installer et à sortir leur matériel. On veut leur montrer que faire des devoirs c’est également plaisant», relate Mme Leroux.  

L’atelier se poursuit sur une note ludique avec une activité allant de la zoothérapie, à un conte ou encore à une période de bricolage. Durant l’activité, les éducateurs abordent un thème. Accepter les différences des autres et la confiance en soi est des exemples de thèmes qui ont été abordés.

Pour terminer, les enfants sont invités à prendre un livre jusqu’à l’arrivée des parents sur le coup de 16h30.

Cette routine pourrait ainsi suivre l’enfant tout au long de son parcours scolaire, d’où l’importance de l’implication des parents dans le projet.

Une fois par mois, les parents des élèves qui fréquentent les ateliers porte-clés ont rendez-vous à la Maison des familles de Granby et région pour une causerie où les mêmes thèmes abordés avec les enfants seront au cœur des échanges.

«On ne fait pas ce projet pour les parents, on le fait avec les parents», poursuit Claudine Leroux.

Selon le regroupement, le parent a un rôle primordial dans la persévérance de l’enfant.

Un succès

Lors de la conférence de presse, les commentaires fusaient de toutes parts témoignant ainsi de la passion des intervenants dans ce projet-pilote.

À la lumière du rapport d’évaluation du projet, entrepris par Diane Daviau, consultante en évaluation et un comité de recherche, les activités développées contribuent à favoriser la persévérance scolaire et la réussite éducative des élèves.

Les effets sont directs sur les facteurs personnels, familiaux, scolaires et sociaux.

Parmi les forces du projet, le regroupement a relevé l’intensité des actions ainsi que l’engagement, le savoir-être et le savoir-faire des intervenantes famille.

En contrepartie, le projet doit, comme l’indique la courte liste de défis à relever, trouver une solution aux difficultés de transport et améliorer la communication entre l’école, la famille et la communauté.  

Cela dit, le projet-pilote pourrait avoir des répercussions positives dans l’ensemble de la province. Toutefois avant d’en arriver là, le regroupement doit s’assurer d’avoir suffisamment de financement.

Le financement actuel, provenant entre autres du CRÉ Montérégie Est, permettait de poursuivre le projet jusqu’à la fin de l’année scolaire en cours.

Grâce à un don de 10 000$ de Telus, les élèves de 3<V>e<V>année ayant fréquentés les ateliers l’an dernier pourront recevoir à nouveau un accompagnement.

La directrice de la Maison des familles a tenu à taire le montant total de subventions qui ont été accordées depuis le début de ce projet-pilote.

Témoignage

Geneviève, maman du jeune William qui bénéficie des ateliers, salue ce projet pilote. «Comme moi, mon fils a eu de la misère à l’école. Grâce à ça, il a reçu des trucs pour bien travailler. Ça l’a rendu autonome. Si j’avais eu ça, j’aurais peut-être eu la force de foncer», affirme-t-elle.

Chose certaine, le projet a également eu un impact sur la maman de William. Voyant l’effet du projet sur son fils, la maman a décidé de se réinscrire à l’école et de terminer son secondaire cinq.