Biodiversité : sept agriculteurs participent à un projet-pilote

ENVIRONNEMENT. Le projet d’amélioration de la biodiversité en milieu agricole initié l’automne dernier dans le bassin versant du ruisseau Brandy, rue Cowie à Granby, commence à porter fruits.

«Le choix du ruisseau Brandy n’est pas fortuit, car il est situé dans la plaine agricole la plus intensément exploitée de Granby. Une étude de G. Robert, réalisée en 2014, avait ciblé ce territoire pour aménager un corridor faunique relisant des milieux naturels fragmentés», signale la biologiste Andréanne Boisvert, de Nature-Action Québec.

Pas moins de 8 km de bandes riveraines et de haies brise-vent ont été aménagés en moins d’un an au goût des sept entreprises agricoles participantes. Ces aménagements, faisant appel à près de 8 000 plants de végétaux indigènes, aideront à contrôler l’érosion tout en contribuant à améliorer l’habitat des  poissons, oiseaux, chauves-souris, abeilles indigènes et autres insectes du secteur.

«Les oiseaux champêtres – qui connaissent un déclin partout en Amérique du Nord – profiteront notamment de cette initiative», indique Mme Boisvert. 

Les riverains du ruisseau Brandy se sont impliqués financièrement, en plus d’offrir leurs champs au contrôle d’espèces exotiques envahissantes (nerprun bourdaine, phragmite, érable à giguère), à la réduction des pesticides et à l’implantation d’engrais verts (cultures de couverture). 

«Cette mobilisation a permis une réduction de 14 % à 36 % des superficies de grandes cultures (maïs, soya, etc.) où les semences étaient traitées avec un insecticide. Si on inclut la totalité des cultures (foin), c’est 73 % des superficies qui sont sans traitement de semences contre 43 % chez les entreprises non suivies», précise Isabelle Martineau, agronome chez Gestrie-Sol.

Une autre pratique culturale a été fortement encouragée dans le cadre de ce projet: les  cultures intercalaires, aussi appelées engrais verts ou cultures de couverture.

«Cette technique consiste à utiliser une plante fourragère – le raygras par exemple – entre les rangs de maïs. Comme l’ensemble de la surface du sol est couvert, le sol reste en place, ce qui minimise l’érosion vers le cours d’eau», explique Mme Martineau.

La réalisation de ce projet-pilote a été rendue possible grâce à la collaboration du milieu municipal (Ville de Granby, MRC de Brome-la Haute-Yamaska, des biologistes (Nature-Action Québec), des agronomes (Gestrie-Sol), des entomologistes (CEROM), des ornithologues (CCOHY) et des gouvernements supérieurs  (MAPAQ, MDDELCC, Cultivons l’avenir 2 – initiative fédérale-provinciale).

Entretien des bandes riveraines

Si les agriculteurs participants ont bénéficié d’une aide financière (66 000 $) pour l’implantation des bandes riveraines et des haies brise-vent, ils sont maintenant laissés à eux-mêmes pour leur entretien.

Un service clé-en-main, mis en place grâce à une subvention de 42 281 $ du Fonds du Pacte rural de la MRC de la Haute-Yamaska, permettra toutefois aux producteurs agricoles d’entretenir les nouveaux aménagements à prix compétitif (3 $ du mètre pour la préparation du sol, le déroulement de la bande plastique et le remblayage et de 0,20 $ à 0,40 $ du mètre pour un entretien). La Pépinière collective de Saint-Joachim a développé une solide expertise en cette matière.

Gestrie-Sol travaille par ailleurs à la préparation d’un guide pour aider les agriculteurs désirant aménager une bande riveraine ou une haie brise-vent.

«Ce document servira à démocratiser l’aménagement des bandes riveraines de façon responsable et, ce faisant, à améliorer le bilan du territoire de la Haute-Yamaska en matière de protection de l’environnement», indique le préfet-adjoint de la MRC de la Haute-Yamaska, Paul Sarrazin.