Les Caribous Volants: l’argent comme seule limite

SPORTS. Après avoir pris part au Championnat du monde de Thaïlande en mai, l’un des deux seuls représentants du Canada prenant part à des compétitions internationales de paramoteur, le Granbyen d’adoption Stéphane Cantin, a littéralement le vent dans les voiles…Son rêve sportif est, toutefois, pour le moins coûteux.

Il a 47 ans et est instructeur à Voiles 4 saisons, basée à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Véritable passionné des airs, le mordu en est déjà à sa 37e saison de parapente et commande des paramoteurs depuis une dizaine d’années. Le Suisse d’origine et sa coéquipière des trois dernières années, l’instructrice Sandra Ducasse, forment Les Caribous Volants. «La plupart des compétitions se passent en Europe, et les Caribous, c’est le surnom des Québécois là-bas», résume en riant la Montréalaise, qui est également ingénieure en aéronautique.

Si leur nom d’équipe est pour le moins original, leur présence lors de ces compétitions d’envergure est également hors du commun. C’est qu’aucune fédération ni association officielle n’existe au Canada, alors que cette discipline en est pourtant une extrêmement bien développée et structurée dans des pays comme la Pologne, la France et l’Espagne. «On est comme des Jamaïcains qui font du bobsleigh», lance Sandra en s’esclaffant.

Leur discipline compte deux catégories de courses. Dans le cadre du «slalom», une épreuve de vitesse durant laquelle le pilote est seul à bord, les organisateurs tirent au sort un parcours à effectuer à environ 20 pieds dans les airs, au-dessus de l’eau, entre d’immenses pilonnes gonflables.

Respectivement Suisse et Française d’origine, Stéphane Cantin et Sandra Ducasse ont tous deux la double nationalité; ils ont choisi d’ensemble représenter leur pays d’adoption et forment actuellement la seule équipe canadienne à prendre part aux compétitions internationales. Le duo est ici photographié lors du Championnat du monde de Thaïlande, qui s’est tenu en mai.

«Les gens ont peut-être vu le Red Bull Air Race à la télévision. C’est exactement la même chose, mais en paramoteur et sur une plus petite distance», explique M. Cantin. Les participants doivent toutefois, durant cette très courte performance, se remémorer le parcours soumis cinq à dix minutes avant le début de la course et l’exécuter avec exactitude.

Pour l’épreuve «classique», qui se veut un défi de navigation, les deux équipiers volent en tandem à un minimum de 500 pieds; Stéphane pilote tandis que Sandra l’assiste dans les directions. Le duo doit alors se déplacer, à l’aide d’une simple carte et sans instrument de localisation.

«Le but de l’épreuve, c’est d’aller chercher le maximum de balises qui sont des points spécifiques sur la carte. Ça peut être un croisement, une église ou le bout d’une forêt», vulgarise Mme Ducasse. La trace GPS de leur appareil est ensuite superposée à la carte de référence; l’équipage a droit à un jeu de 400 mètres pour qu’un trajet soit valide.

Le test thaïlandais

S’il s’était auparavant exercé pour le plaisir, la compétition classique de Pasak Jolasid Dam, dans la province thaïlandaise de Lopburi, était en quelque sorte le premier vrai test des Canadiens. Ils souhaitaient ainsi comparer leur calibre à celui de leurs adversaires en provenance des quatre coins du globe.
L’expérience, menée du 27 avril et au 6 mai, a été très concluante; alors qu’ils visaient simplement de conclure le Championnat du monde parmi les dix premiers, Les Caribous Volants ont terminé au septième rang parmi les 16 équipages de leur catégorie, à 13 points seulement de la troisième marche du podium.

«Pour donner une idée, 13 points, c’est la moitié d’une épreuve. C’est trois fois rien», mentionne Stéphane, ajoutant qu’un bris mécanique a complètement ruiné l’une de leurs huit épreuves. L’équipage, qui se complète à merveille, se prend littéralement au jeu de la compétition. Il vise maintenant un podium pour les Championnats mondiaux de 2020, dont le lieu est encore inconnu.

Freinés par les coûts

Stéphane Cantin et Sandra Ducasse, aujourd’hui convaincus qu’ils peuvent se mesurer aux plus grands de leur sport, rêvent également d’Égypte. Il s’y tiendra, à la fin octobre, un autre championnat du monde, cette fois-ci dédié au slalom. Leur dernier périple leur ayant coûté environ 6000 $, ils remettent toutefois en question  leur participation. «Quand tu es rendu à ce niveau-là, que tu vois que tu as du potentiel et que la seule chose qui t’arrête, c’est le budget, c’est très frustrant», admet M. Cantin.

Puisque le paramoteur n’est pas reconnu comme un sport officiel au Canada, aucune subvention gouvernementale n’est à leur portée. «Comme c’est un sport que personne ne connaît, les sponsors ne se bousculent pas non plus à notre porte pour nous offrir de nous commanditer», déplore la passionnée des airs.
C’est spécifiquement des commandites que recherchent actuellement les deux comparses, que ce soit en provenance d’entreprises ou de particuliers. «L’aile qu’on a au-dessus de la tête, ça peut devenir un gros panneau publicitaire», explique Stéphane, qui utilise également son paramoteur au Québec, notamment à Saint-Paul-d’Abbotsford.

Les personnes intéressées à obtenir plus d’information sur l’équipe et ses projets peuvent visiter la page Facebook Les Caribous Volants.