Cercle des Cantons de Bromont: une consultation empreinte d’inquiétude
DÉVELOPPEMENT. Le dossier des prochaines phases du développement domiciliaire du Cercle des Cantons, à Bromont, en est un extrêmement délicat qui soulève encore d’importantes préoccupations chez les citoyens: c’est du moins ce qui ressort de la consultation publique qui s’est tenue lundi soir et à laquelle a pris part une centaine de personnes.
L’exercice démocratique organisé par la Ville, qui a duré près de trois heures, portait sur les phases cinq à neuf que projette de mettre en branle le Groupe Lobato dans le secteur du chemin de Gaspé et des pentes de Bromont, montagne d’expériences. Les plans de l’initiative ont été déposés à la Ville en mars. Le promoteur, le troisième à vouloir développer le secteur, avait par deux fois été invité par l’appareil municipal à retourner à sa table à dessin.
C’est un architecte du Groupe BC2, Simon Péloquin, qui a présenté le plus récent projet à l’assistance. Parmi les points principaux, notons que le développement, qui comprend désormais des bâtiments de quatre unités, est passé de 322 à 318 adresses. Si les chiffres de la Ville diffèrent quelque peu de ceux présentés par le promoteur, ce dernier estime la superficie totale des zones à déboiser à 38 600 mètres carrés, soit 6000 de moins que dans la mouture précédente du plan, déposée en septembre.
«On s’est engagé à corriger la situation le mieux possible. Je ne ferai pas une guerre de chiffres, mais sachez que nous avons 54 % de préservation avec le plan que l’on a déposé à la Ville», a fait valoir le président José Lobato, qui s’est fait discret tout au long du rendez-vous. «On essaie de faire très attention au niveau de la façon de faire et des équipements», a-t-il renchéri, conscient que l’enjeu du déboisement en est un très sensible.
À la demande du Comité de citoyens qui suit ce dossier de près, l’entreprise a également tenu compte, dans son aménagement, d’un cours d’eau présent sur le site. Les aires asphaltées, par exemple les stationnements, ont aussi été réduites par rapport à la dernière version.
Inquiétude et scepticisme
Les changements proposés par le promoteur ne sont vraisemblablement pas parvenus à complètement dissiper les doutes des citoyens. Étalement urbain trop important, déboisement excessif en bordure du sentier C2, reboisement et intégration architecturale insuffisants : ce ne sont là que quelques-unes des craintes qui ont été exprimées lundi soir.
Inquiets que le scénario des phases trois et quatre se répète, une quinzaine de citoyens se sont succédé au micro. «Ce qu’on s’attendait à avoir, ce n’est pas du tout ce qu’on a eu. C’est une inquiétude quand on arrive dans les autres phases», a expliqué Jean Crépeau, du Comité de citoyens.
Selon la Ville, 48 % du couvert forestier du site sera conservé une fois les neuf phases complétées. Or, cette donnée a suscité du scepticisme de parts et d’autres. «S’il y a eu des erreurs par le passé, tentons de compenser», a suggéré Stéphane Coudry, l’un des Bromontois qui ont remis en question cette donnée. Cette demande a d’ailleurs été répétée à de maintes occasions par ses concitoyens. «On ne veut pas vous mettre des bâtons dans les roues, a lancé une citoyenne, Johanne McIntyre, à l’intention de M. Lobato. On veut juste un développement avec des arbres».
Militante de la première heure dans ce dossier, Suzanne Perreault a quant à elle déploré l’urbanisation du Cercle des Cantons au cours des deux dernières phases, qui ne sont pas encore complétées. Celle-ci a également fait part de son intention de déposer sous peu une pétition à la Ville relativement au dossier.
Également membre du Comité de citoyens, cette dernière calcule avoir frappé à 108 portes afin de recueillir l’appui de son voisinage. Le document compte 180 signatures à ce jour. «Ce que ça dit, tout simplement, c’est que l’on veut conserver notre milieu de vie», a résumé la Bromontoise à l’intention des membres du conseil municipal.
Villeneuve rassurant
Le maire de Bromont, qui a avoué ne pas avoir aimé ce qu’il a vu sur le terrain avec les phases trois et quatre, s’est fait rassurant lors de la consultation. Louis Villeneuve a d’ailleurs répété que la Ville n’accepterait pas que les standards en termes de déboisement soient inférieurs à ceux du projet initial, en 2006.
Alors que de nombreux membres de l’assistance se sont interrogés sur les moyens que prendrait l’administration municipale pour s’assurer que les plans soumis soient respectés jusqu’à la toute fin, le premier magistrat a souligné qu’elle veillerait au grain. «Notre responsabilité, c’est de nous assurer que les engagements que M. Lobato […] va prendre vont être respectés à l’arbre et à la branche près», a-t-il lancé après avoir demandé au promoteur de le regarder dans les yeux.
Questionné à cet effet, le directeur général de Bromont, Éric Sévigny, a quant à lui confirmé aux citoyens que le déboisement se ferait au gré de la mise en branle des différentes phases et non d’un seul coup, ce qui lui a d’ailleurs valu des applaudissements.
Ayant entendu les doléances et questions des citoyens, le conseil municipal sera maintenant appelé à se prononcer sur l’octroi du permis relatif aux travaux de la phase cinq du projet résidentiel. Selon le maire Villeneuve, cette décision pourrait être annoncée dès la prochaine séance régulière du conseil municipal, le 7 mai.