«Dans la réalité, ce n’est pas évident»_Frey Guevara
IMMIGRATION. En 2015, Solidarité ethnique régionale de la Yamaska (SERY) a reçu 300 curriculum vitae de personnes immigrantes venues s’installer dans la région, mais seulement 15 ont été embauchées. Un constat qui déçoit l’organisme d’intégration.
Plusieurs mois après la sortie médiatique de la Chambre de commerce de la Haute-Yamaska et région (CCHYR) et de SERY visant à sensibiliser les entreprises locales à embaucher plus d’immigrants, le bilan de cette action n’a pas eu les effets escomptés, a appris Granby Express.
«Même si on est une ville d’accueil et que nous sommes proactifs et que Granby est un modèle d’intégration, on doit continuer à faire la promotion de la réalité des personnes immigrantes afin de faciliter ces gens-là au marché de l’emploi. On peut dire que nous n’avons pas eu l’impact auquel on s’attendait», a laissé entendre le directeur général par intérim de SERY, Frey Guevara.
M. Guevara est déçu de la tournure des événements. Même si certaines entreprises et industries de la région de Granby démontrent une ouverture à embaucher des personnes immigrantes, d’autres entreprises se privent de bons employés, estime le directeur général par intérim de SERY.
«On parle beaucoup de l’intégration des immigrants ces jours-ci et de faciliter la vie de ces gens-là. Notre souhait, c’est qu’ils contribuent à la société. Dans la réalité, ce n’est pas évident. Il faudra donc revenir continuellement avec ce sujet parce que ce n’est pas évident de trouver une ouverture d’esprit complète», souligne Frey Guevara.
L’organisme SERY fait de l’accompagnement en emploi avec les immigrants de la région de Granby tout au long de l’année. Dans ce projet, SERY est accompagné par Emploi-Québec. «Il faut penser que ces gens-là ont besoin de soutien dans la façon de fonctionner au Québec. Certaines personnes vont travailler dans une grande entreprise et même une fois qu’ils obtiennent des emplois, on continue d’accompagner ces travailleurs», confie-t-il.
Malgré les difficultés que les immigrants rencontrent au niveau de l’employabilité, Frey Guevara affirme que le SERY a vécu de belles histoires au cours des dernières années à ce niveau. «Nous avons eu de belles histoires. Certaines entreprises démontrent un intérêt à embaucher des gens qui viennent d’ailleurs. Le premier nom qui me vient en tête est l’entreprise Fabritec de Bromont. Elle engage des personnes immigrantes», ajoute le DG par intérim de SERY.
La Chambre de commerce commente
La Chambre de commerce de la Haute-Yamaska et région va s’asseoir prochainement avec l’organisme SERY afin de faire un suivi de ce dossier. «Le dossier était porté par notre ancien directeur général. Celui-ci va nous revenir par intérim auprès du conseil d’administration. Nous avons pris des engagements avec cet organisme et c’est une cause qui me tient à cœur. De créer des emplois et d’aider ces gens-là à se trouver des emplois dans le marché actuel. Reste à voir les ressources qu’on a et le plan d’action qu’on pourra mettre en place», souligne le président de la CCHYR, Jean-François Couture.
Ce dernier reconnaît que son organisation est une communauté d’affaires et un regroupement économique et ne veut pas être vue comme des «sauveurs».
Rappel du dossier
Il est important de rappeler que la sortie médiatique de la Chambre de commerce de la Haute-Yamaska et région et de Solidarité ethnique régionale de la Yamaska faisait suite à une situation vécue l’automne dernier par une quinzaine d’immigrants qui travaillaient pour un sous-traitant au sein d’une entreprise pomicole de la région.
«Les travailleurs étrangers et l’entreprise avaient convenu de trois jours de formation afin qu’ils puissent s’acclimater à ramasser des pommes. Après la première journée, l’employeur aurait dit aux travailleurs que la qualité du produit était bonne, mais qu’ils n’étaient pas assez rapides. Après la deuxième journée, ils avaient été remerciés. Par contre, les travailleurs avançaient dans les objectifs fixés de jour en jour», avait mentionné à l’époque la conseillère en emploi au SERY, Lisette Richard.
Rappelons que l’organisme SERY a pour mission d’assurer l’accueil des personnes immigrantes en facilitant leur intégration et en favorisant le rapprochement interculturel.
Selon des données de SERY, 70 % des entreprises du Québec n’ont pas d’immigrants au sein de leur personnel.
Faits saillants 2015
300: nombre de CV reçus
229: nombre de CV acheminés
20: nombre de convocations en entrevue
15: nombre d’immigrants ayant été embauchés
Chiffres fournis par SERY.