De la pêche à la mouche sur la Yamaska…même en hiver

PÊCHE. À l’approche de l’hiver, on pourrait croire que la pêche à la mouche prend du repos, mais détrompez-vous. Parce que la rivière Yamaska ne gèle pas, des pêcheurs de l’extérieur se déplacent à Granby pour venir pratiquer leur sport en plein cœur de la ville.

Bordée de forêt, la rivière Yamaska offre aux pêcheurs à la mouche un emplacement idéal pour lancer la canne à l’eau même quand un manteau blanc s’installe sur le sol puisque la grande dénivellation et les eaux tumultueuses, entre autres, repoussent le gel.

Selon le président de l’Association des chasseurs et pêcheurs de l’Estrie (ACPE), Serge Cintas, l’emplacement du cours d’eau en plein cœur de la ville ajoute un plus à l’expérience.

«C’est une pêche urbaine puisque la majeure partie de la rivière est dans la ville, commente le passionné de pêche. C’est quelque chose qui est extraordinaire. Les bâtiments, tu en fais abstraction; tu ne les vois pas [à cause des arbres]. Tu n’as pas de bruit de la ville. C’est plaisant, tu as l’impression d’être à l’autre bout du monde, mais tu es à Granby.»

«C’est une rivière qui se pêche facilement et qui répond exactement à la demande des pêcheurs à la mouche, poursuit le principal intéressé. Il y a des phases qui sont vraiment réservées à la mouche parce que la structure du dessous ne permet pas de pêcher au bouchon ou à la cuillère.»

Il est difficile de chiffrer le nombre de pêcheurs à la mouche sur le territoire desservi par l’ACPE puisque le sport se pratique sur une distance de huit kilomètres sur la rivière Yamaska. Malgré tout, M. Cintas confirme que l’endroit attire beaucoup d’adeptes, si bien que des pêcheurs de Saint-Jean-sur-Richelieu, Sherbrooke et même Montréal traînent leur équipement jusque dans la région pour profiter des installations.

«Il y a des jeunes; j’en vois, note le président de l’ACPE. Je dirais qu’il y a de plus en plus de femmes aussi, donc ça se démocratise. Ce qui est génial, c’est ce qu’on veut. C’est difficile de dire combien il y a de pêcheurs à la mouche dans la région; on draine tellement de surface, on ne fait pas seulement que l’Estrie. On a une certaine notoriété à ce niveau-là.»

Pour bien des gens, pêcher à la mouche c’est se déconnecter de l’ère technologique dans laquelle ils vivent présentement.

«Ils veulent redécouvrir ce qu’ils ont perdu il y a bien longtemps, raconte M. Cintas. Quand on rentre dans la rivière, c’est vraiment une connexion à la nature très forte. La canne, c’est le lien qui va nous amener à nous déconnecter. C’est la réalité. On travaille. C’est vraiment de l’effort. C’est ce qui attire beaucoup de gens.»

Le respect de la nature

Pour le président de l’ACPE, Serge Cintas, pêcher à la mouche, c’est devenir une partie intégrante de la nature et ne pas bousculer la biodiversité déjà en place.

«Quand on marche dans l’eau, on ne fait pas de bruit, on ne fait pas de résonnance, résume-t-il. On est équipé pour ça. Là, on devient complètement en harmonie totale avec l’environnement.»

«Ce qu’on recherche, c’est se ressourcer, ajoute-t-il. Tu es dans ta bulle sans téléphone ni rien. On ne dérange pas, on s’intègre dans la biodiversité. C’est la magie de la pêche à la mouche. Tu ne stresses pas l’animal. Tu lui donnes la chance de pouvoir rester dans son élément. On ne le sort pas de l’eau puisqu’on ne pêche pas pour manger.»

Pour bien des amateurs, la pêche à la mouche est différente de celle au bouchon ou à la cuillère parce que «tu n’attends pas péniblement que ça veuille mordre ou pas», explique M. Cintas. «Tu es un prédateur, donc tu vas chercher. Bien souvent, un pêcheur à la mouche va rechercher ce qu’il retrouve un peu à la chasse.»

Bien souvent, les pêcheurs à la mouche profitent de leur présence près du cours d’eau pour nettoyer l’endroit. «Comme on est des passionnés de nature, bien souvent, on a un sac et on en ramasse des cochonneries, fait valoir le principal intéressé. La rivière n’est pas une poubelle. C’est un terrain de jeu, de bien-être. C’est quelque chose qu’il faut respecter. L’eau est vitale pour l’humain.»

Le siège social de l’APCE est peut-être à Granby, mais Serge Cintas n’hésite pas à dire que son équipe et lui se déplace un peu partout pour partager leur passion avec les gens parce que «tout le monde peut aimer ça».

 

La pêche à la mouche en bref

-La pêche d’hiver se déroule du 21 décembre au 31 mars. La branche nord de la rivière est propice pour taquiner la truite.

-L’été, depuis 2005, les amateurs de pêche à la mouche peuvent taquiner la truite dans le centre-ville ou bien l’achigan dans le secteur amont.

-L’Association des chasseurs et pêcheurs de l’Estrie (ACPE) a été fondée en 1975.

-Pour pêcher à la mouche dans la rivière Yamaska, le permis de pêche du Québec est requis.