De pasteur à candidat conservateur
Un candidat bien particulier fait son entrée dans l’arène politique de la circonscription de Granby. Pasteur protestant à ses heures, le Granbyen Stéphane Gagné troque son occupation bénévole pour être candidat pour le Parti conservateur du Québec (PCQ), tous les jours, sauf peut-être le dimanche, le temps d’officier la messe hebdomadaire!
Pasteur bénévole depuis janvier dernier, Stéphane Gagné a été «apprenti-pasteur» pendant près de cinq ans. «Je suis probablement le seul chrétien évangélique du PCQ. Ce n’est pas un parti chrétien ou un parti religieux. Je suis un cas unique. Comme croyant, je me permets de croire au Québec», dit l’homme qui se situe dans la droite sensible.
Pour celui qui habite Granby depuis 1985, la valeur la plus importante, c’est la liberté. «Je perçois une subtile dégradation de la liberté. Les gens se font plus arrogants aux gens différents d’eux. Et on ne parle pas d’avortement parce que notre chef [Luc Harvey] croit que la femme est libre de choisir.»
Y a-t-il un lien entre la foi et la politique? «Parmi les essentiels d’une vie spirituelle épanouie, le citoyen responsable paie ce qu’il doit sans dépenser trop, respecte son prochain, éduque bien ses enfants et essaie de faire de son mieux dans toutes les tâches qu’il entreprend. Ces choses-là, même si on n’est pas croyant, augmentent la qualité de vie. Ça contribue à une société équilibrée, croyant ou non, parce que ces principes sont bons», continu l’homme qui travaille dans une imprimerie.
Rééduquer la société
Orphelin politique depuis que l’Action démocratique du Québec (ADQ) s’est ralliée à la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault, le pasteur Stéphane Gagné ne l’est pas resté bien longtemps, lui qui a été approché par le PCQ au printemps dernier. «Dans la tête des gens, les pasteurs chrétiens sont catalogués pro-vie et homophobes. Dans l’équipe du PCQ, il y a des homosexuels. Nous valorisons la liberté des gens, le respect, les valeurs familiales et l’économie», dit le Granbyen qui a accueilli GranbyExpress.com à l’église du Portail Chrétien de l’Estrie, située à l’angle des rues St-Charles Sud et Cowie à Granby, jeudi dernier.
Si les autres partis politiques québécois prônent le changement, le PCQ, lui, prêche le véritable changement. «On ne peut pas s’attendre à avoir un repas différent lorsqu’on prend la même recette, continue M. Gagné. Tous les partis parlent de vrais changements. Le séparatisme, ce n’est pas le vrai changement. Il faut se rééduquer comme société.»
Des «bons scolaires»
Justement, parmi ces changements, les conservateurs du Québec veulent respecter les choix des parents pour leurs enfants autant pour leur éducation qu’en garderie, sans délaisser les mères monoparentales et les épouses à la maison. «Nous voulons donner le choix de l’école aux parents pour leurs enfants en remettant des bons scolaires aux parents. Le parent devient alors client. Si l’université devient trop chère, le conflit entre les étudiants et le gouvernement deviendrait un conflit entre les étudiants et l’université», cite en exemple le pasteur de 48 ans. Selon les résultats d’un récent sondage Léger-Marketing disponible sur le site Web du PCQ, 63% des parents et 55% des Québécois seraient en faveur de l’instauration de ces bons scolaires.
Dans son chemin de croix, le PCQ entend aussi combattre l’intégration inversée. «Les gens qu’on accueille devront accepter la charte du Québec et respecter l’histoire du Québec et ses symboles.»
Le fonctionnement de la Protection de la jeunesse serait aussi revu afin de «donner un avenir à ces gens-là.» Toujours dans sa quête de liberté, le PCQ veut favoriser l’adoption au Québec afin d’aider les parents qui n’ont pas les moyens d’adopter un enfant à l’étranger.
Une campagne enrichissante
Stéphane Gagné envisage la campagne électorale, qui doit être déclenchée ce mercredi, d’une manière réaliste. «M. Bonnardel utilise toutes les armes à sa disposition. Moi, je veux vivre une campagne enrichissante d’un point de vue personnel et social. Je veux faire réfléchir les gens sur ce qu’ils sont prêts à faire pour donner un avenir au Québec. Remporter une élection n’est pas le seul moyen de gagner.»