Déclenchement d’une grève chez les paramédics
RELATIONS DE TRAVAIL. Voyant que les négociations avec le gouvernement et l’employeur piétinent depuis plusieurs mois, la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec(FTPQ)-SCFP, qui représente, entre autres, des paramédics de Granby, sont en grève depuis le début de la semaine.
En plus des conditions salariales qui sont inférieures à leurs confrères du reste du Canada, les paramédics de Granby et leurs homologues d’Acton Vale et de Saint-Hyacinthe incorporés à la SCFP réclament notamment la fin des horaires de faction «7/14». Un mode opérationnel qui force les ambulanciers à être disponibles 24 heures sur 24 durant une période de sept jours. Une pratique dénoncée depuis des années par la partie syndicale.
«Les horaires de faction, c’est clair qu’il faut arrêter ça. La jeune génération de paramédics a beaucoup plus le loisir de choisir son emploi aujourd’hui. On vit aussi une pénurie dans notre créneau et pour les jeunes, un emploi en région, c’est non en raison des conditions. La problématique de ce quart de travail, c’est qu’on paie les gens la moitié de leur temps. Trouvez-moi un métier où l’on vous paie la moitié de votre temps. C’est un non-sens», mentionne Jean Papineau, président du Syndicat FTPQ à Granby.
Les ambulanciers sont les parents pauvres du réseau de la santé.
Jean Papineau, président de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec à Granby
Rappelons qu’à titre de service essentiel, les paramédics sont dans l’obligation d’offrir les services essentiels comme leur a rappelé un juge du Tribunal administratif du travail dans un récent jugement. Pour l’heure, les syndiqués de la FTPQ n’ont pas laissé savoir la nature de leurs moyens de pression. D’ores et déjà, on sait que les ambulanciers de Granby employés par la compagnie Dessercom vont délaisser certaines tâches au cours de leur grève, dont le lavage extérieur des véhicules ambulanciers.
De la reconnaissance
Dans leur quête d’un nouveau contrat de travail, outre de meilleures conditions salariales, Jean Papineau et ses collègues paramédics revendiquent aussi une plus grande reconnaissance de leur travail.
«Nous, ce qu’on déplore, c’est qu’on est utilisé à toutes les sauces pour dépanner le gouvernement dans une pandémie qui perdure (…). On bonifie le salaire dans le réseau de la santé pour stimuler les gens à rester au travail, mais nous, on est toujours dans l’ignorance. Il faut toujours se battre pour aller chercher des gains auprès du gouvernement», explique le paramédic Jean Papineau.
Selon le délégué syndical, les ambulanciers sont des intervenants de première ligne au même titre qu’une infirmière du secteur de la santé. «Indirectement, le gouvernement le reconnaît du bout des lèvres puisqu’il nous utilise.»
La question de l’admissibilité à la retraite (les syndiqués de la FTPQ aimeraient y avoir droit à partir de l’âge de 55 ans comme les policiers et les pompiers) et la refonte du modèle salarial sont aussi au nombre des enjeux dans ce conflit de travail. Les ambulanciers sont sans contrat de travail depuis mars 2020.