Défi EnBarque: quand l’anxiété mène à l’écriture
Corps bloqué, sommeil inadéquat, épuisement, anxiété de performance, dépression. Quand tout ne roule pas rond, difficile d’avancer dans la vie. Heureusement, Vicky Audet trouve réponse à ses interrogations grâce aux bons soins d’une psychiatre du Centre Provindence qui lui tend la main au bon moment. Une longue traversée du désert d’une dizaine d’années qui se termine sur une bonne note avec le lancement de sa propre série de livres pour enfants; Les Aventures de Lily.
Or, avant de gravir dans le milieu de la littérature jeunesse et d’arborder la question de la maladie mentale avec les enfants lors de rencontres éducatives, Vicky Audet menait une vie à fond de train après des études en tourisme au Cégep de Granby. Métro, boulot, dodo. Mais un bon jour, son corps lui envoie un premier signal en janvier 2008.
«Je me suis levée et mon corps a arrêté de fonctionner », raconte la jeune femme. « Je n’avais plus d’énergie, je n’étais plus capable de travailler, j’étais totalement désorganisée et même incapable de dormir seule. À l’âge de 25 ans, je suis revenue vivre chez mes parents et j’ai dormi avec ma mère pendant plusieurs semaines. »
Visite chez les médecins, rendez-vous chez les spécialistes. Au bout du processus, Vicky Audet obtient le même verdict de la part des professionnels du réseau de la santé : Tout est normal.
En quête de réponses, elle entreprend des recherches personnelles et consulte un psychologue. Petit à petit, elle reprend le cours de sa vie, se déniche un emploi en service à la clientèle et devient même cuisinière à domicile par la suite, mais en vain. Le malaise profond persiste.
« C’était rien d’excitant. Ça consistait à me lever le matin, gravir l’escalier pour me rendre déjeuner comme si j’escaladais le mont Everest, aller travailler et revenir exténuée. »
De retour au bas de l’échelle
À 33 ans, la jeune entrepreneure aux commandes de son entreprise de cuisine à domicile quitte le nid familial pour enfin voler de ses propres ailes. Mais huit ans après sa première défaillance, Vicky Audet est toujours dans le néant. Les causes de sa souffrance soudaine sont inexpliquées.
En dépit de ses interrogations, elle mène sa nouvelle carrière de chef à domicile à vitesse grand V. Un rythme de vie qui sera de courte durée puisqu’une seconde chute à l’été 2017 vient anéantir ses rêves et ses ambitions. Cette fois, l’heure est grave. Direction hôpital.
« Ce dimanche après-midi, je me suis fait peur quand je me suis dit…je veux que tout t’arrête. La souffrance ; je voulais que ça arrête », confie la trentenaire.
Prise en charge par le personnel médical, Vicky Audet croise heureusement sur son chemin une psychiatre qui lui tend la main afin de l’aider. Un geste d’empathie qui fera toute la différence, soutient la Granbyenne rongée par l’inconnue à l’époque.
Le diagnostic tombe finalement : un trouble d’anxiété généralisé qui a dégéné en dépression majeure. En plus des visites en psychiatrie et de la médication, Vicky Audet se refait une santé en côtoyant également des professionnels à l’hôpital de jour (Centre Providence). Un séjour de trois mois, entre septembre et décembre 2017, qui lui permet de faire un important constat. « Dans mon cas, j’ai réalisé que je faisais de l’anxiété de performance depuis l’âge de 6-7 ans. »
Après avoir fait une croix sur son entreprise, Vicky Audet se retrouve à la table à dessin où elle ramène à la vie le personnage de Lily fraîchement sorti de son imaginaire quelques années auparavant. Inspirée, la nouvelle auteure s’amuse à composer des histoires destinées aux enfants. À ce jour, trois ouvrages ont été publiés et un quatrième livre, dont la sortie est prévue en novembre prochain, est déjà en chantier.
Alors qu’elle aurait pu lâcher prise, Vicky Audet a décidé de lutter pour s’en sortir. « Si mon histoire peut aider quelqu’un, ça aura valu la peine », conclut-elle.