Dons d’organes : la famille a le dernier mot
SANTÉ. Dans le cadre de la Semaine nationale de sensibilisation au don d’organes et de tissus, l’Hôpital de Granby du CIUSSS de l’Estrie, s’immisce au sein de la population pour l’encourager à parler de la cause en famille.
L’Hôpital de Granby s’implique chaque année lors de cette semaine nationale.
«Contrairement aux autres années, où on essayait de sensibiliser le personnel à l’interne, on souhaite rejoindre la population. L’heure est à la responsabilisation et à la sensibilisation des patients», explique le Dr Olivier Maynard, urgentologue à l’Hôpital de Granby.
Quand une personne a l’intention de donner ses organes, il y a plusieurs moyens de confirmer sa volonté. Signer sa carte d’assurance maladie en est une. L’écrire dans son testament en est une autre.
Cela dit, l’ultime décision revient à la famille du défunt. Selon des données de Transplant Québec, 90% de la population au Québec est en accord avec le don d’organes. Or, seulement 48% ont réellement posé un geste. Puis, en 2014, 42% des motifs de refus de dons d’organes venaient d’une famille endeuillée.
«C’est bon de le mettre en parole et d’en parler à sa famille, mentionne-t-il. Lorsqu’il y a un refus au sein de la famille, cette décision est expliquée en grande partie par le choc», assure le Dr Maynair.
Selon lui, avertir la famille de son souhait de donner ses organes réduirait le risque qu’elle refuse. «C’est difficile pour quelqu’un qui ne travaille pas dans le monde de la santé de comprendre le pronostic. La personne est devant nous dans une civière, elle respire artificiellement, mais on ne peut pas la maintenir longtemps comme ça. Les gens n’y croient pas tout de suite. Ils espèrent un miracle», précise l’urgentologue.
Mythes persistants
Plusieurs mythes doivent être démystifiés selon l’urgentologue.
Par exemple, c’est faux de croire qu’on ne peut pas donner quand on est malade, explique-t-il. «Il n’y a pas vraiment de maladie où l’on ne peut pas donner. Si tu as fêté dans ta jeunesse et que tu as l’hépatite C, une personne dans la liste d’attente pour une greffe pourrait également avoir cette maladie et recevoir les organes du donneur».
Demain, de 14h à 21h, un kiosque de sensibilisation au don d’organes sera érigé aux Galeries de Granby. Des professionnels seront sur place pour démystifier certains mythes et répondre aux questions de la population.
Deux fois greffées
«Je suis la preuve vivante que les dons d’organes sont essentiels», dit d’emblée Nancy Bonvouloir qui a été deux fois greffée du rein.
«J’ai été greffée une première fois à 16 ans. Ç’a été difficile au début parce que mon corps combattait ce corps étranger et voulait le rejeter. Après 21 ans, c’était fini et je devais en avoir un autre», confie-t-elle.
Après une dizaine de mois à vivre de dialyse et de fatigue, elle a finalement reçu l’appel de Transplants Québec.
«C’était le 24 décembre. Je me préparais pour un souper de famille. Je me réjouissais d’avoir enfin un rein, mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’une famille ailleurs vivait un deuil. Mais, je remercie cette famille-là».