Exploitation sexuelle: les arts au service de la prévention et de la sensibilisation
ÉDUCATION. Comment éviter les pièges du recrutement et de l’exploitation sexuelle chez les adolescents? Au-delà du classique atelier de sensibilisation animé par un intervenant d’un organisme du milieu, est-il possible d’en faire plus pour mettre en garde les jeunes? À l’école secondaire l’Envolée, de Granby, la prévention et la sensibilisation passent plutôt par les arts plastiques. Au terme d’un long processus de création, des élèves de 3e secondaire ont présenté leur fruit de leur travail en dévoilant leurs «oeuvres préventives.
Des capsules vidéos, des murales avec un code QR affichées dans les escaliers de l’école pour attirer l’oeil de la communauté étudiante, des échanges et des discussions en classe. Dans les derniers mois, une cinquantaine d’étudiants de l’enseignante en arts plastiques, Geneviève Brodeur, ont mis toute leur énergie dans ce projet de fin d’année, dont l’objectif était de sensibiliser leurs camarades de classe sur les risques du proxénétisme et de l’exploitation sexuelle. Un travail de création réalisé avec la collaboration de plusieurs organisations notamment le CALACS des Rivières et le Service de police de Granby.
«Avec l’accord de la direction de l’Envolée, deux groupes d’étudiants et d’étudiants ont reçu l’atelier L’exploitation sexuelle, ça nous concerne tous. Et c’est à ce moment-là que les jeunes ont décidé de créer un projet scolaire pour les jeunes afin de les sensibiliser sur les dangers du recrutement. Non seulement ils ont décidé de s’impliquer, mais cette idée est devenue leur travail de fin d’année scolaire en arts plastiques», a expliqué Priscilla Viens, intervenante au CALACS des Rivières.
C’est à l’enseignante Geneviève Brodeur qu’est revenu le mandat de mener le projet éducatif. «Dès que j’ai entendu les thèmes de l’atelier, j’ai tout de suite embarqué. Je n’ai pas été trop difficile à convaincre parce que l’exploitation sexuelle, ça nous touche tous.»
«Mes élèves ont été choqués d’apprendre le phénomène et les étapes de recrutement de l’exploitation sexuelle et ils avaient envie de les propager (dans un souci d’informer). Moi et Priscilla (Viens), on leur a ensuite laissé carte blanche pour la forme de leur implication pour prévenir l’exploitation sexuelle», a précisé l’enseignante.
À l’issue de leur réflexion, les jeunes ont donc créé six murales accompagnées d’une vidéo mettant en lumière les six étapes du recrutement (La prise de contact avec la victime, jouer la carte de l’amour, l’isolement, etc.)
En parler à l’école
Bien que la prostitution peut paraître tabou pour certaines personnes, le sujet, bien qu’il soit délicat, doit être abordé avec les filles et les garçons dès leur entrée au secondaire. C’est du moins l’avis de jeunes rencontrés lors de la présentation des murales.
«On a des rencontres avec le CALACS depuis le secondaire un et je crois qu’on a été sensibilisé étape par étape (…). En secondaire un, j’étais prête, mais pour d’autres, ça peut être différent aussi. Je pense qu’on se doit d’y aller doucement et de voir la maturité des élèves», a confié Marisol.
Pour d’autres, l’atelier de sensibilisation leur a permis de leur ouvrir les yeux sur les à-côtés du proxénétisme, entre autres, lorsqu’ils ont été mis aux faits d’incidents survenus dans des écoles de la région. «On sait définitivement quoi faire pour ne pas embarquer dans le jeu (du proxénète). Et si ça arrive à l’une de nos amies, les informations du CALACS vont sûrement nous aider à pouvoir les aider», a raconté Marisol.
Pour l’heure, le Centre de services scolaires du Val-des-Cerfs n’exclurait pas l’idée d’offrir l’atelier de sensibilisation proposée par le CALACS des Rivières à l’ensemble des élèves qui fréquentent ses écoles secondaires.