Gémo annonce sa fermeture après 45 ans d’histoire

COMMERCE. Après 45 ans d’histoire à Granby, Gémo ferme les portes de ses magasins de meubles et de matelas. L’heure de la retraite est venue pour les associés Jean-Guy Racine et Benoît Morin qui ont bien tenté de trouver de la relève, mais en vain.

La compétition est forte, le commerce de détail en arrache et la croissance est anémique dans le marché du meuble, mais tout cela n’est que secondaire. «Notre décision est vraiment liée à notre vie personnelle. On veut vivre notre retraite. J’ai cinq petits-enfants et je veux les voir», confie le directeur général Jean-Guy Racine.

Le duo ne cache pas que le plan de match était d’abord de trouver un acheteur, mais aucune démarche n’a abouti. «Notre décision a été prise il y a environ cinq ans. On avait un échéancier. Notre choix était de vendre, mais les investisseurs sont frileux alors ça nous a emmené à regarder pour liquider», révèle M. Racine.

Une décision extrêmement difficile à prendre et surtout à annoncer aux employés. «On est une petite PME. C’est comme une petite famille», compare celui qui a dû informer mardi matin la trentaine d’employés du groupe. Il ajoute que la priorité est désormais de s’assurer que les employés soient bien traités.

Plusieurs des membres du personnel des magasins Gémo comptent de nombreuses années de service. L’un d’eux cumule même plus d’ancienneté que l’entreprise! «Il était un employé d’Harvey & Racine qu’on a acheté en 1993 et le magasin était plus vieux que Gémo», explique M. Racine.

Dès mardi, les employés se sont attaqués à l’étiquetage des meubles pour la vente de liquidation qui débute mercredi. Pour la suite des choses, tout l’inventaire évalué à 3 M$ doit être liquidé d’ici le 31 mars.

En ce qui concerne l’occupation de l’immense local commercial de la rue Dufferin, les propriétaires seraient sur le point de s’entendre avec un locataire. Il n’a pas été possible d’en savoir plus sur l’identité de l’entreprise, mais une annonce pourrait avoir lieu sous peu.

Même service après-vente

En dépit de la date butoir du 31 mars prochain, Meubles Gémo et Matelas Gémo vont offrir les mêmes services aux clients qui vont profiter de la vente de liquidation.

«Les garanties sont honorées par les fabricants. Nous, on est là jusqu’au 31 mars et après on va être présent au centre de liquidation pour six à sept mois. Par la suite, on va essayer de trouver quelqu’un qui va prendre la relève pour continuer d’offrir le service aux clients», indique Jean-Guy Racine.

Des dates importantes:

1970: Ouverture de Gémo

1985: acquisition par Jean-Guy Racine et Benoît Morin

1993: acquisition du magasin Harvey & Racine

2015: fermeture de Gémo

Crise du détail

Si personne ne se bouscule pour faire l’acquisition d’un commerce qui compte 45 ans d’existence, c’est que tout n’est pas rose dans le milieu du détail. Que ce soit dans le vêtement (Jacob, Mexx, Smart set) ou les grandes surfaces (Target), les fermetures s’accumulent.

«On ne serait pas honnête de dire que ça va bien dans le détail, mais l’an dernier on a eu une petite croissance quand même», dévoile le copropriétaire et directeur général de Gémo. De 1995 à 2008, le marché du meuble a connu une période faste se souvient Jean-Guy Racine. Depuis, c’est le calme plat, alors que les chiffres stagnent d’après les données de Statistique Canada.

À son avis, le phénomène est sectoriel. Un symptôme de l’économie en général. Il risque tout de même une piste de solution du côté du commerce en ligne. «Peut-être que ça fait partie de l’explication? L’expérience d’achat est différente de celle en magasin, mais dans le bas de gamme ça vend bien sur Internet», observe-t-il.

Portrait de la vente au détail au pays selon Statistique Canada

Magasins de meubles et d’accessoires de maison (en M$)

2009: 14 468,9

2010: 15 035,4

2011: 15 012,8

2012: 15 197,8

2013: 15 349,9

Variations du volume des ventes (%)

Septembre 2014 à octobre 2014:  -2,6%

Octobre 2013 à octobre 2014:  5,6%