Géraldine Jourdain: criminologue au Japon
PERSONNALITÉ. Le trafic humain demeure un fléau mondial. Des milliers d’enfants et de jeunes femmes sont enlevés, vendus, exploités. Un enfer qui interpelle la criminologue granbyenne Géraldine Jourdain qui s’apprête à s’envoler pour étudier la traite des personnes à l’Université Waseda au Japon.
Après avoir tout juste terminé sa maîtrise en criminologie à l’Université de Montréal, la chercheuse va poursuivre son travail au pays du soleil levant grâce à une bourse du gouvernement japonais. Un programme du Monbukagakusho (ministère japonais de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie).
«C’est une bourse d’études complète de deux ans qui peut être prolongée», précise Géraldine Jourdain. Selon le site web de l’ambassade du Japon au Canada, la bourse inclut les frais de scolarité, une allocation mensuelle et un billet d’avion aller-retour.
L’occasion est parfaite pour celle qui a déjà fréquenté l’Université Waseda d’y retourner dans son domaine d’expertise. «C’est le pays industrialisé où il y a le plus de traite de personnes», indique la jeune femme.
Pourtant, cette opportunité s’est présentée à elle tout à fait par hasard. Un passage plus ou moins intéressant sur le marché du travail pousse la jeune femme à poursuivre ses études. En retombant sur le programme japonais, réservé aux 35 ans et moins, la chercheuse de 34 ans a décidé de saisir sa dernière chance.
Domaine controversé
Reste qu’il n’est pas évident de décrocher du financement d’un pays étranger pour aller fouiller une problématique aussi délicate. Afin de ne pas nuire à ses chances, elle a soumis un projet concernant le biculturalisme. Elle s’est aussi assuré l’appui de professeurs étrangers.
«Je vais avoir l’appui d’une Québécoise qui habite au Japon depuis 30 ans. Elle travaille beaucoup sur les problèmes rencontrés par les immigrants», mentionne Mme Jourdain.
Son intérêt pour les crimes sexuels et le trafic humain provient, entre autres, d’un stage réalisé à l’Institut Pinel. Elle y a côtoyé des victimes, mais aussi des criminels sexuels.
«Mon objectif était d’aider via l’écriture ou le documentaire et la crimino, ça touche la sociologie, la psychologie, l’anthropologie», explique celle qui s’implique auprès du lobby Les Affranchies qui milite pour que le Québec se dote d’une stratégie contre la traite de personnes.
En terrain connu
Géraldine Jourdain se trouve en terrain connu dans l’archipel. Après avoir rencontré des Japonais lors d’un premier voyage en Asie, elle a vécu quatre ans dans ce pays dont elle parle très bien la langue. Elle en sera donc à un deuxième séjour à l’Université Waseda, située dans l’arrondissement Shinjuku à Tokyo.
Malgré tout, elle sait que son intégration à la communauté n’est pas gagnée d’avance. «J’ai plus d’amis au Japon qu’au Québec. C’est comme ma deuxième maison, mais les étrangers restent toujours des étrangers. Il faut que je me mind à accepter que je vais toujours l’être», partage-t-elle.