Hausse des prix… et des bouches à nourrir 

INFLATION. INFLATION. Alors que Statistique Canada a annoncé une augmentation de 7 % de l’indice de la consommation au pays en août par rapport à l’année précédente, et malgré un second recul consécutif dû à la baisse des prix de l’essence, le taux d’inflation continue de grimper, amenant le panier d’épicerie à être de plus en plus cher.

En plus des citoyens, ce sont aussi les organismes communautaires qui voient leur contexte changer. Patrick Saint-Denis, le directeur général de SOS Dépannage Moisson Granby, et Chantal Descoteaux, directrice au Partage Notre-Dame, baignent au plein milieu de cette crise et confient que leurs organismes sont aux premières loges pour constater les conséquences de toutes ces hausses de prix sur les citoyens.

«L’année passée à la même date, nous avions aidé 5449 personnes. Cette année, on est rendu à 10 966. C’est une augmentation de près de 102 %, comparativement à l’année passée», nous informe Patrick Saint-Denis. Ce dernier nous confie également que certains ménages sont si serrés dans leur budget qu’ils n’ont pas le choix d’avoir recours au service de SOS Dépannage au moindre imprévu, comme le bris d’un frigidaire ou d’une voiture. « Ils (les citoyens) n’ont pas d’autres choix que de venir chercher du dépannage, même si c’est une ou deux fois par mois. Parce que sinon, ils ne seront pas capables de payer leur loyer. Les gens sont tellement serrés, le loyer coûte tellement cher qu’ils n’ont pas d’autres alternatives.»

Ainsi, avec la hausse de l’inflation, c’est aussi le nombre de bouches à nourrir qui augmentent et les chiffres de l’organisme parlent d’eux-mêmes. Au mois de juin dernier, c’est 17 nouvelles familles qui ont été aidées en plus des usagers habituels. Au mois de juillet, ce sont 30 nouveaux ménages et 30 autres pour le mois d’août, finalement en date du 23 septembre, c’est 18 foyers aidés pour ce mois-ci. «Ce n’est pas des gens réguliers, des fois, ils viennent juste le temps de se replacer, les différentes factures à payer (loyer, hydro, dettes, etc.) les obligent à demander un panier d’épicerie, c’est l’alternative», souligne le directeur.

Conjugué à d’autres problématiques comme la crise du logement, particulièrement intense à Granby, les citoyens ont de plus en plus de difficultés à s’en sortir, notent les principaux intervenants. «Cette année, nous avons remarqué que les problématiques sont plus lourdes chez les usagers, par rapport aux dernières années, principalement dues à la pénurie de logements. Les gens ont de la difficulté à se trouver un logement, en plus ils éprouvent des difficultés financières. C’est un peu plus lourd que c’était », déclare Chantal Descoteaux, directrice de Partage Notre-Dame.

Des conséquences pour les organismes aussi

En plus des citoyens, les organismes subissent également les affres de toute cette inflation. Les initiatives comme SOS Dépannage sont aujourd’hui obligées de multiplier les stratégies pour absorber la hausse des prix de l’essence ou encore celle des denrées alimentaires. Petite échappatoire pour cet organisme, les deux projets d’économie sociale qui assurent une certaine rente, le magasin général et le Café des Trois Pommiers. «Notre budget d’achat de denrées est 200 % plus élevé que la norme. Ça nous coûte plus cher acheter certaines denrées à l’année. La population nous appuie toujours, mais notre manière de nous en sortir à SOS, c’est le magasin général et le restaurant qui nous permettent d’engendrer des fonds», affirme Patrick Saint-Denis.

«L’enjeu est souvent au niveau de l’approvisionnement. Parfois, pendant des semaines et des mois, nous n’avons pas le produit que nous voulons dans le panier d’épicerie. La rareté et le prix exorbitant des denrées font qu’on doit arrêter d’acheter certains types de produit et se tourner vers d’autres alternatives. Il faut magasiner davantage et téléphoner à plus de fournisseurs pour trouver tel ou tel produit », poursuit-il. «Nous offrons des denrées à 53 autres organisations en Haute-Yamaska et dans Brome-Missisquoi pour redistribuer les denrées des Banques alimentaires du Québec. L’autre impact, c’est aussi le coût de l’essence pour aller livrer les denrées aux organisations. Économiquement, c’est dur pour les gens, mais c’est dur pour les organismes aussi, faut revoir nos façons de faire quelquefois.»

Les enjeux de l’arrivée de l’automne

Avec l’arrivée de l’automne, les organismes demeurent également en mode alerte. «On voit l’automne arriver et les nouvelles familles qui se présentent, la crainte est d’avoir de la difficulté à répondre à cette demande-là. On travaille beaucoup pour trouver des solutions et on ne refusera jamais personne, mais avec toute cette augmentation, on se demande quand même jusqu’où l’organisme sera capable d’aider les gens. Même si les gens sont généreux et qu’on a beaucoup de dons qui rentrent, on appréhende quand même l’achat des denrées», fait savoir Patrick Saint-Denis, de SOS Dépannage Moisson Granby.

Même constat du côté de Partage Notre-Dame, où Mme Descoteaux se soucie davantage des campeurs au parc Saint-Antoine. «On appréhende la situation et on ne sait pas comment ça va évoluer parce qu’ils vont probablement démanteler le campement avant l’hiver. Les gens là-bas vont se retrouver sans tente et ça ne sera pas nécessairement simple. Ça va amener des difficultés supplémentaires, mais on ignore encore de quel ordre.»

«On est très choyé et heureux du coup de main que SOS Dépannage nous offre, encore plus dans cette situation d’inflation où l’épicerie coûte plus cher, mais on est un peu dans la même situation que monsieur-madame tout le monde», conclut-elle.