La fin d’une époque dans le vieux village de Bromont

AFFAIRES. Les changements d’huile, les réparations de crevaison, les jasettes avec les clients et les visites aux pompes à essence ne seront plus que des souvenirs pour Richard Lequin. Le Garage Lequin de la rue Shefford, à Bromont, a fait son dernier plein de beaux moments, aujourd’hui, après sept décennies d’activités commerciales.

En fin de journée, Richard Lequin mettra fin à une tradition initiée en 1946 par son père, Eugène. 70 ans plus tard, le mécanicien de carrière rangera son coffre à outils pour la retraite. Le site où se trouve le commerce deviendra la propriété de la Ville de Bromont qui compte se servir du terrain pour ériger une future place publique.

«Je savais que la fin approchait et jusqu’à maintenant, ça allait bien, mais aujourd’hui, c’est plus difficile», a déclaré M. Lequin avec émotions.

Derrière les portes de cet atelier de mécanique se cachent mille et un souvenirs. Tout juste à côté du bâtiment se trouve la maison familiale des Lequin. «Les cinq enfants (d’Eugène) sont nés dans la maison», a indiqué Richard Lequin.

Passionné de mécanique, M. Lequin a fini par suivre les traces de son père et a repris les rênes du commerce en 1981 à l’âge de 29 ans. «Quand j’ai commencé avec mon père, on faisait de la grosse mécanique…des moteurs, des différentiels (…). Dans les dernières années, c’était plus de la petite mécanique», a raconté le garagiste.

Comme tout bon village qui se respecte, le garagiste du coin possède des pompes à essence pour desservir sa clientèle. Au Garage Lequin, le service à l’auto fait partie de la tradition. Un secteur d’activités qui n’est plus ce qu’il était, avoue Richard Lequin.

«Mon père a toujours eu de l’essence. À l’époque, tu faisais le plein et une semaine plus tard, c’était le même prix. Aujourd’hui, le prix (du litre) change tous les jours.»

Les clients

En poste depuis 46 ans, Richard Lequin a fait son travail avec professionnalisme. Et avec la mécanique vient le social. Un aspect apprécié du travail de mécanicien aux dires du principal intéressé.

«J’aime bien jaser avec les clients. On parle de tout. Ici, c’est un peu comme chez le barbier», dit-il en riant. «Depuis que j’ai installé la pancarte pour annoncer la fermeture, j’ai reçu plus de câlins dans les deux dernières semaines qu’au cours des dix dernières années.»

Le moment de vendre

Sans relève, Richard Lequin a senti le besoin de se départir de son commerce. Et par hasard, la Ville de Bromont a contacté l’homme d’affaires pour connaître son intérêt à lui vendre le site.

«Il y a deux ans, la Ville a acheté la maison familiale. Elle m’a approché pour le garage et je leur ai fait un prix. Et la Ville a accepté.»

Celui qui fêtera ses 65 ans, la semaine prochaine, part avec le sentiment du devoir accompli en compagnie de sa conjointe, Estelle.