L’argent est dans le recyclage au CSSS
Six tonnes métriques de déchets, 1 600 livres de papier déchiqueté, une douzaine de bacs de papier, cinq conteneurs de matières recyclables. Chaque semaine, le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de la Haute-Yamaska, telle une mini-usine, génère une importante quantité de recyclage avec son nouveau programme de gestion des déchets. Ce projet unique dans le système de la santé québécois est payant pour l’organisation qui revend une partie de son recyclage. Incursion dans les coulisses de la gestion des déchets médicaux.
Déchets biomédicaux, les «piquants-tranchants», les produits pharmaceutiques, les déchets anatomiques, cytotoxiques et cinq sortes de recyclage. La tâche n’est pas mince lorsqu’il s’agit de gestion des déchets au CSSS de la Haute-Yamaska. La section Hygiène, salubrité et gestion des déchets s’est penchée sur cette question lorsqu’est venu le temps de refaire la politique des déchets. «On est allés voir ce qui se faisait ailleurs, mais on n’a pas vu ce qu’on voulait. On a décidé de partir le projet», indique Carole Leroux, chef de service de la section Hygiène, salubrité et gestion des déchets.
«Le premier constat qu’on a fait, c’est de vérifier le chemin du déchet, de sa naissance au lieu final», ajoute Jimmy Lebel, chef du secteur Hygiène et salubrité. En septembre 2012, la politique a été rédigée, puis adoptée en janvier dernier. À partir des différentes matières à gérer, l’équipe a mis en place et identifié les bons contenants pour chaque type de déchet. Si le tri se fait par l’utilisateur lui-même – ce qui engendre beaucoup sensibilisation et d’éducation -, la cueillette des matières se fait par un employé dans les différents départements. «La première étape, c’est la plus importante, c’est le tri. C’est le nerf de la guerre. Si les gens ne trient pas bien, les résultats ne sont pas concordants.
Selon le type, les matières prennent un chemin différent et sont centralisées vers le garage», note Jimmy Lebel. Les déchets biomédicaux sont ensuite amenés vers le stérilisateur. «C’est chauffé à la vapeur à 121 degrés Celsius pendant 90 minutes. Quand ça sort, c’est complètement stérile et on met ça dans le conteneur à déchets. C’est considéré comme des déchets réguliers», précise Jimmy Lebel. Le CSSSHY offre d’ailleurs le service de stérilisation aux vétérinaires, pharmaciens, tatoueurs, au Zoo de Granby et aux salons funéraires. «Ensuite, ça s’en va à l’enfouissement et on paie une surprime pour que ce soit enterré tout de suite», note Mme Leroux. Quant aux produits pharmaceutiques, aux déchets anatomiques et cytotoxiques, ils sont triés et récupérés par une firme externe qui se charge de l’incinération.
Cinq sortes de recyclage
Après les déchets, le recyclage! Ce dernier se décline en cinq catégories. Le CSSSHY a acquis deux presses, une à carton et l’autre à plastique, dans le cadre de ce projet. Depuis le 14 novembre dernier, 66 ballots, soit 9 000 kilogrammes de carton, ont été pressés, tandis que 428 kilogrammes de plastique ont été pressés, et ce, depuis le mois de janvier dernier. Si l’organisation devait payer 6 000$ annuellement pour faire ramasser ces matières par une firme de recyclage, elle prévoit récolter 2 500$ par an en les vendant, permettant ainsi de rentabiliser son investissement. «On est passé à une dépense à une économie et même à un retour», indique Jimmy Lebel.
Chaque département est pourvu d’un cabinet de bois barré où sont déposés les papiers confidentiels. Une fois par semaine, un employé fait une tournée pour récupérer la matière qu’il entrepose dans des bacs (cadenassés) dans l’ancien garage des ambulanciers. Quelque 1 600 livres de papier sont ainsi déchiquetés de façon hebdomadaire par une firme externe. Pas moins de 30 000 kilos de papier, dit ordinaire, sont aussi recyclés chaque année. Le pêle-mêle (bouteilles, canettes, etc) remplit cinq conteneurs par semaine.
Victime du succès
Si l’équipe de Carole Leroux était enthousiaste lors de l’élaboration du programme, elle ne s’attendait pas à ce que les employés des différents départements les suivent autant. «On est victime de notre succès! Les gens se disaient qu’on recycle à la maison, alors pourquoi pas ici? En plus, il y a une opportunité de faire des grosses économies», raconte M. Lebel. L’enthousiasme est si débordant que les employés courent après Mario Toulouse, le préposé au recyclage. «Les gens veulent récupérer.»
D’autres remettent des échantillons de matériaux à Hélène Fontaine, la préposée à l’entretien ménager. «Ils lui donnent des morceaux pour s’informer si ça se recycle», ajoute Carole Leroux. Mme Fontaine fait aussi de la formation sur les étages en plus de sensibiliser les gens au bon triage. «Le premier défi, c’était de mobiliser les gens au recyclage sans ralentir les activités. Notre prochain défi, c’est de rentrer dans les chambres de patients», précise Jimmy Lebel. Le compostage devrait aussi faire son entrée au CSSS en 2014.
Outre son côté environnemental et la réduction des coûts, le Programme de gestion des déchets vise aussi la santé et la sécurité au travail en protégeant davantage les employés lors de la manipulation des déchets.
Soulignons que le Programme de gestion des déchets du CSSSHY s’est distingué dans la catégorie Services de soutien aux prix de l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), le 17 mai.