L’autre angle du web et des réseaux sociaux
SOCIÉTÉ. Guillaume (nom fictif) navigue sur les réseaux sociaux et fait la rencontre de Sophie (nom fictif). Au fil des échanges, une chimie se crée entre les deux protagonistes au point où la jeune femme demande à son comparse de lui faire un virement bancaire. L’homme tombe dans le panneau. Il vient de se faire frauder par sa fréquentation. Ce scénario arrive bien trop souvent à l’ère des Facebook et compagnie. Bien des gens en toute conscience se font rouler dans la farine, mais qu’en est-il des personnes ayant une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA)? L’Association Granby pour la déficience intellectuelle et l’autisme (AGDIA) va leur venir en aide avec son nouveau programme: NON à l’intimidation.
Grâce à une aide financière de 150 000 $ du programme Ensemble contre l’intimidation du ministère de la Famille, l’AGDIA pourra donner vie à son programme d’intervention Non à l’intimidation voué à démystifier, prévenir et contrer les actes d’intimidation faites par et auprès des personnes vivant avec une DI ou un TSA. Bien que ces personnes aient un univers bien à eux, le monde du web, des réseaux sociaux et des applications fait partie de leur quotidien avec ses bons et moins bons côtés.
«Notre conseillère en cheminement me rapportait souvent des événements concernant des membres vivant de la cyberintimidation, de l’intimidation ou qui éprouvaient des difficultés à utiliser la technologie.» «Ils sont assez intelligents pour manipuler ces affaires-là (ordinateur, tablette, téléphone intelligent, jeux en ligne), mais ils n’ont pas la compréhension des conséquences; jusqu’où ça peut aller», explique Diane Dumont, directrice générale de l’AGDIA.
Omniprésente dans leur vie, la technologie entraîne également des membres de l’AGDIA dans des aventures hasardeuses, souligne Mme Dumont. «Des adultes jouent parfois à des jeux en ligne avec des enfants ou des adultes et ils ne savent pas qu’ils ont des limitations. On les trouve niaiseux, on les traites de toutes sortes nom et dans certaines situations, on est même agressif envers eux. Et nos membres sont des éponges, ils reproduisent ces mêmes comportements envers d’autres personnes. C’est un cycle sans fin.»
«Ce sont des proies faciles et comme c’est un gros fléau, on veut s’attaquer à ce problème», avoue la DG de l’AGDIA.
Des outils de sensibilisation adaptés
En plus de l’aide de Québec, l’AGDIA investira également 20 000 $ dans ce projet éducatif de 36 mois. Avec l’aide de son personnel et de ressources extérieures, l’organisme granbyen conceptualisera une formation adaptée à sa clientèle afin de les éveiller aux dangers de la toile et du numérique: livret d’histoires, capsules vidéo de sketches, jeux de société, cahier d’exercice.
Pour l’an deux du projet NON à l’intimidation, l’AGDIA s’adressera aux intervenants, aux parents et aux proches des membres (ces derniers ont entre 6 et 85 ans) par l’entremise d’un guide et d’outils de sensibilisation. Finalement, la troisième et dernière année du projet servira à la création d’une formation destinée aux élèves du secondaire afin d’attirer leur attention sur les risques notamment des réseaux sociaux pour une personne avec des besoins particuliers.
«La subvention est la bienvenue, car on va pouvoir expérimenter et mettre ça en place. Notre projet, on veut l’entretenir et le maintenir parce qu’on sait tous que les technologies changent constamment», conclut Mme Dumont.