L’autre visite au gym
SOCIÉTÉ. Au-delà des pilules et des rendez-vous chez le «psy», d’autres alternatives thérapeutiques sont à la disposition du réseau de la santé pour rétablir la santé mentale d’usagers. C’est ce que tend à démontrer le complexe médico-sportif Évolution, de Granby, qui accueille une dizaine de personnes vivant avec un trouble de santé mentale dans le cadre d’un projet pilote consacré à l’activité physique et au mieux-être depuis l’automne dernier. Et les effets positifs sont déjà perceptibles chez les participants.
«Venir ici, ça m’apporte beaucoup de confiance en moi et ça m’aide à perdre du poids et à mieux dormir. Quand je viens au gym, je sens que je fais partie d’une famille. Avant, je me sentais juger ailleurs. Ici, on ressent un esprit de famille et je ne me fais pas étiqueter», raconte Linda qui apprend à conjuguer avec la bipolarité.
Juste à côté de Linda, l’un de ses camarades d’entraînement, Marquis. Le jeune homme atteint de schizophrénie a joint lui aussi le programme pour améliorer sa santé physique et mentale. «Je rencontre de nouvelles personnes et ça me donne des outils pour lutter contre ma maladie. Ça me fait du bien de m’entraîner parce ça m’aide à réduire mon anxiété et mon stress.»
À raison d’une à deux fois par semaine, en groupe ou en individuel, les participants débarquent au complexe médico-sportif Évolution pour bouger en compagnie d’un spécialiste en kinésiologie. Au programme: entraînement sur des appareils, bicyclette stationnaire, discussions, promotion des saines habitudes de vie et tout le volet social. Cette idée d’amener des personnes touchées par la maladie mentale au gym sort de l’imaginaire d’Emmanuelle Boisvert, éducatrice spécialisée en santé en mentale au CIUSSS de l’Estrie-CHUS.
«En brainstrormant en équipe, on cherchait à savoir comment mieux supporter notre clientèle à travers différents enjeux de santé mentale et aussi en raison du contexte pandémique. Il faut comprendre que les équipes spécialisées en santé mentale vont sur le terrain. Le fait qu’il y ait des consignes sanitaires, ç’a quelque peu réduit nos activités et il a fallu être créatif et innovant pour maintenir notre offre de services», a expliqué la professionnelle de la santé.
Faire vivre des réussites
Une réflexion de groupe qui s’est finalement soldée par la création d’un programme d’entraînement adapté avec la participation du complexe Évolution et de la Fondation du Centre hospitalier de Granby.
«Notre but, c’est d’offrir à notre clientèle l’opportunité de prendre soin d’elle dans un contexte normalisant. Donc, on vient aussi travailler la déstigmatisation», a confié Mme Boisvert.
Dans le gym, les sessions d’entraînement, c’est l’affaire de la kinésiologue Caroline Clément qui encadre les visites des usagers. «Notre objectif à nous, c’est d’intégrer les usagers vers un mode de vie sain et de développer des liens de confiance avec eux. Je ne suis pas une intervenante. Je suis une kinésiologue alors j’ai le loisir de rire et d’intégrer l’activité physique à leur vie. Pour moi, l’important, c’est de leur faire vivre des réussites.»
À l’automne dernier, une dizaine de personnes aux prises avec un problème de santé mentale ont bénéficié d’un encadrement personnalisé. Un élan qui a été quelque peu freiné tout juste avant la période des Fêtes avec la 5e vague de la COVID-19. Mais bonne nouvelle. Les séances d’entraînement ont repris cette semaine.