Le cellulaire au volant: le message passe-t-il?
CONTRAVENTIONS. Malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation et des contraventions plus salées, un bon nombre d’automobilistes conduisent en utilisant un téléphone cellulaire au volant. Le Granby Express a réussi à obtenir des données pour la Ville de Granby, la municipalité de Bromont, la Sûreté du Québec et la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
C’est à Granby où il y a eu le plus de contraventions remises pour des infractions liées à l’utilisation du cellulaire au volant. En 2013, 828 constats ont été émis, alors que 839 ont été distribués en 2014. Ce nombre a chuté à 592 pour l’année 2015.
Appelé à commenter ces chiffres, le porte-parole du Service de police de la Ville de Granby, Guy Rousseau, n’avait pas d’explications précises pour ces données. Ce dernier nous a référé au bilan annuel 2015 du directeur du Service de police de la Ville de Granby, Marco Beauregard. Dans sa présentation, M. Beauregard avait souligné que ses policiers avaient remis moins de constats d’infraction en 2015 qu’en 2014. Le nombre total de constats était passé de 16 032 à 14 240. Selon lui, cette diminution était attribuable à plusieurs facteurs.
«Parmi ceux mentionnés, il y a la modification de l’application de certaines règlementations, l’augmentation du montant des amendes pour les billets de stationnement, la réduction de 6 000 heures pour les policiers surnuméraires et le fait que les policiers soient sans contrat de travail depuis quelques mois», affirme le directeur Beauregard.
Hausse et baisse à Bromont
Du côté de Bromont, on note une augmentation suivie d’une baisse dans les constats émis selon l’article 439.1 du Code de la sécurité routière pour 2013, 2014 et 2015. Selon les chiffres disponibles, 40 contraventions ont été octroyées en 2013 contre 108 en 2014. Pour l’année dernière, ce chiffre est de 74.
«Je ne peux pas expliquer cette fluctuation. Seule chose que je peux dire, c’est que les gens ne semblent pas comprendre le message», écrit l’inspecteur, Marc Tremblay, du Service de police de Bromont dans un courriel.
Une situation similaire à Sûreté du Québec
La Sûreté du Québec du poste de l’Estrie a connu une situation similaire à celle de Bromont. De nombreux constats ont été donnés en 2012 (421), moins en 2013 (344) et une augmentation a été notée pour 2014 (410). Quant aux chiffres pour l’année 2015, ils ne sont pas encore disponibles. De plus, il n’a pas été possible d’avoir les chiffres pour la SQ de la MRC Haute-Yamaska et celle de Brome-Missisquoi. Le corps policier provincial souligne qu’une opération nationale concertée aura lieu à l’automne prochain à propos de l’utilisation du cellulaire au volant.
Des chiffres à la hausse du côté de la SAAQ
C’est depuis juillet 2008 qu’il est interdit d’avoir un appareil mobile en main lorsqu’on conduit un véhicule au Québec. L’article 439.1 du Code de la sécurité routière est clair. Une personne ne peut, pendant qu’elle conduit un véhicule routier, faire usage d’un appareil tenu en main d’une fonction téléphonique.
Dans les six derniers mois de 2008 (juillet à décembre), plus de 18 250 constats ont été remis à des contrevenants qui utilisaient leur téléphone cellulaire au volant à travers la province. Ce nombre est passé à 59 155 en 2011 et à 67 567 en 2013. Quelques facteurs expliquent cette hausse vertigineuse selon la SAAQ.
«Il y a beaucoup d’appareils mobiles en circulation au cours des dernières années. De plus, les policiers à travers le Québec sont de plus en plus conscientisés par le phénomène des distractions sur la route. Il y a aussi eu une intensité des contrôles au fil des ans», affirme la relationniste à la Société de l’assurance automobile du Québec, Audrey Chaput.
Selon Mme Chaput, pour changer un comportement, ça prend trois éléments. Il doit y avoir de la sensibilisation, de la législation et un contrôle. Dans le cas de la sensibilisation, la SAAQ rappelle qu’elle a fait plusieurs campagnes percutantes à la télévision ces dernières années. La Société ajoute qu’elle parle de la non-utilisation du cellulaire au volant lors d’événements ou au cours d’activités.
«Pour certaines personnes, afin de changer un comportement, il faut que ce soit inscrit dans une loi. Pour d’autres, il faut se faire prendre par un policier pour changer la mentalité», explique Audrey Chaput.
Depuis le 23 avril 2015, les gens qui se font prendre avec un cellulaire au volant doivent débourser une amende variant entre 80 et 100$, accompagnée de quatre points d’inaptitude. Avant cette date, c’était trois points d’inaptitude que le contrevenant se faisait remettre.
Par ailleurs, selon les chiffres de la SAAQ, 32% des accidents mortels survenus au Québec ont été causés par une distraction. La fatigue, la vitesse et la conduite avec les capacités affaiblies par l’alcool ou la drogue sont les autres causes d’accidents mortels les plus fréquentes.
Constats émis pour l’utilisation du cellulaire au volant
Granby Bromont Sûreté du Québec
2012 N/D N/D 421
2013 828 40 344
2014 839 108 421
2015 592 74 N/D
Constats émis pour l’utilisation du cellulaire au volant (SAAQ)
2008: 18 254 (Juillet à décembre)
2009: 48 235
2010: 50 647
2011: 59 155
2012: 62 608
2013: 67 567
2014: 62 072
2015: Données disponibles fin 2016