«Les Jeux sont toujours compliqués à attacher»_Xavier Debreuille

BROMONT. L’avenir des Jeux équestres mondiaux de 2018 se jouera dans les jours qui suivent. Dans l’histoire de cette compétition internationale, ce n’est pas la première fois que l’organisation bat de l’aile.

«Les Jeux sont toujours compliqués à attacher. C’est très lourd comme dispositif pour un sport qui n’est pas de masse et donc plus difficile pour attirer les commanditaires», écrit d’emblée Xavier Debreuille, ex-journaliste français qui a couvert pratiquement tous les Jeux depuis leur création en 1990 pour différents médias.

Les Jeux équestres mondiaux se déroulent tous les quatre ans, en alternance avec les Jeux olympiques. Ils regroupent huit disciplines reconnues par la Fédération équestre internationale (FEI), l’organisation qui dirige tous les sports équestres au niveau international.  

Interviewé par le GranbyExpress, Xavier Debreuille précise que la première édition qui s’est déroulée à Stockholm en Suède a été la seule qui a été organisée sans anicroche.

En 1994, les JEM qui devaient se dérouler en France sont repris en catastrophe par La Haye, aux Pays-Bas. La France n’avait pas réussi à combler son budget, rapporte M. Debreuille. «Cette édition fut, à mon avis, la moins bonne de toute l’histoire des JEM. Elle reste aussi à ce jour perçue comme une véritable catastrophe d’un point de vue administratif et financier s’étant soldé par une banqueroute totale», précise-t-il.

Xavier Debreuille poursuit en affirmant que le même scénario est survenu pour les Jeux de 1998 qui se déroulaient à Rome en Italie. «Les Italiens ont réalisé un véritable tour de force en sauvant in extremis les Jeux qui devaient initialement être organisés par l’Irlande. De mémoire, ils ont monté ces Jeux en à peine plus d’un an», mentionne-t-il.

En 2002 et en 2006, l’organisation des JEM se fait plus facilement, relate l’ex-journaliste. À Jerez de la Frontera, en Espagne, lors des Jeux de 2002, une nouvelle discipline est ajoutée, faisant grimper à sept le nombre d’épreuves. En 2006, les Jeux se déroulent à Aix-la-Chapelle en Allemagne, considéré comme le temple de l’équitation, concède Xavier Debreuille. «C’est une réussite totale. Le site est adapté. L’Allemagne est un pays de cheval où les commanditaires sont nombreux. C’est quasiment un sport de masse là-bas».

En 2010, les JEM sont organisés pour la première fois de leur histoire en Amérique. Ils se tiennent à Lexington, aux États-Unis. C’est la seule fois que Xavier Debreuille n’a pu assister aux Jeux pour des raisons personnelles. Il indique toutefois que les Jeux étaient soutenus par le gouvernement de l’État ainsi que de nombreuses institutions qui souhaitaient faire de Lexington, la capitale mondiale du cheval. «Dans ce contexte, les coûts faramineux de construction des infrastructures, notamment le stadium, ont semble-t-il, été couverts par lesdites institutions. Ces jeux relevaient d’une ambition politique et ont été assez réussis».

En 2014, les Jeux sont organisés en France. Pour la première fois, les disciplines ne se déroulent pas toutes sur le même site. «Ce sera l’un des principaux reproches faits aux organisateurs. D’une façon générale, c’est une réussite sportive, mais moins agréable pour le spectateur», rapporte l’ex-journaliste.

Xavier Debreuille indique que les JEM de 2014 ont aussi pu compter sur un investissement des gouvernements et donc, de commanditaires. «La participation de la région Basse-Normandie est forte et se traduit notamment par la création d’un groupement d’intérêt économique pour mener à bien le projet».

Ce dernier ajoute que «d’un point de vue économique, c’est une réussite puisque l’évènement aurait dégagé selon les organisateurs plus d’un million d’Euros d’excédent».

Rater une opportunité

En début de semaine, le gouvernement du Canada a informé le Comité organisateur des Jeux équestres mondiaux de 2018 (COJEM) qu’il ne le soutiendrait pas financièrement.

L’organisation doute de pouvoir poursuivre le projet sans ce soutien et sans ceux des commanditaires privés qui sont toujours absents.

Selon Xavier Debreuille, qui est actuellement directeur pour une maison de disques de Montréal, si les JEM de 2018 ne se déroulent pas à Bromont, le Québec manquera une belle opportunité. «Ç’a aura été un formidable élan pour le sport équestre au Québec», dit-il en précisant qu’il s’agit d’un évènement spectaculaire qui rassemble près de 500 000 visiteurs.