Les petits miracles de la zoothérapie

SOCIÉTÉ. SOCIÉTÉ. En entrant dans le Centre de pédiatrie sociale en communauté de la Haute-Yamaska pour aller rencontrer Sylvie Lévesque, la zoothérapeute du centre, c’est bien Ficelle, un berger de Shetland, qui nous accueille frénétiquement. Ce n’est que lorsque le trac de Mme Lévesque s’estompe que l’animal se calme, témoignant du lien indélébile entre les deux et de la capacité de Ficelle de ressentir et d’exprimer les émotions.

«L’animal, c’est le reflet de ce qui se passe», a commencé Mme Lévesque en nous expliquant la réalité de son métier et de son parcours. Pour l’intervenante, qui exerce son métier depuis plus de 25 ans, ce n’est qu’il y a cinq ans qu’elle décide de se lancer dans l’aventure de la zoothérapie, après avoir suivi un programme au Cégep de La Pocatière.

C’est également durant ce laps de temps qu’elle adopte Ficelle et qu’elle décide de faire d’elle son compagnon d’intervention, un choix qui s’est presque imposé de lui-même, connaissant le caractère général des bergers de Shetland. « Ça prend surtout des chiens réactifs. En zoothérapie, on ne cherche pas un chien parfait, on cherche un chien avec de la personnalité et qu’on peut lire plus facilement», a précisé l’intervenante.

Bien que certaines races de chien soient préférables à d’autres en zoothérapie, les intervenants choisissent souvent comme compagnon un chien de petite taille, car ceux-ci ne présentent aucun défi de mobilité et sont plus faciles à manipuler par les jeunes. Au Centre de pédiatrie sociale de la Haute-Yamaska, Sylvie Lévesque sollicite également une tourterelle, nommée Flocon, notamment quand il est question de travailler la gestion des émotions et la gestion de l’anxiété.

C’est là que la zoothérapie comme technique d’intervention prend tout son sens, car la zoothérapeute se sert de ses compagnons surtout pour faire passer des messages et dresser des parallèles. «L’animal nous sert un peu de prolongement, c’est un partenaire de travail, et souvent, vu que l’animal est sans jugement et qu’il est plus facilement maniable par l’enfant, l’apprentissage se fait beaucoup plus rapidement, notamment en ce qui a trait au fait d’exprimer ses émotions», a relaté Sylvie Lévesque.

La zoothérapie comme technique d’intervention

La zoothérapie est utilisée dans plusieurs cas et est destinée aux gens de tout âge. Les spécialistes y ont recours notamment pour soigner la perte d’autonomie (sclérose en plaques, AVC, paralysie cérébrale, Alzheimer, Parkinson), les troubles du spectre autistique, la déficience intellectuelle, les troubles comportementaux et les problèmes d’apprentissage entre autres. En tant que technique, elle est donc naturellement non réceptive par toute la clientèle, mais l’est souvent auprès des plus vulnérables.

L’intervenante nous a notamment raconté l’histoire de cet enfant qui souffrait d’encoprésie (NDLR: émission de selles incontrolée) et dont l’activité avec Ficelle a agi comme un déclic en son for intérieur. Ou encore l’histoire d’une autre jeune personne qui a été accompagnée par Ficelle dans un long processus de dénonciation à la police. «Quand je prends Ficelle comme exemple, l’enfant est capable de décrire la situation, et de fil en aiguille, dans une discussion, il va mettre le doigt sur ce qui cloche et formuler lui-même ses solutions», a expliqué la zoothérapeute.

Ainsi, l’éducatrice se sert de son compagnon pour inventer des histoires et des mises en situation afin de faire «parler» le chien par le jeune et d’observer ainsi les petites brèches qui permettraient de mener à bien l’intervention. «En faisant ça, l’enfant va se mettre à parler de lui, à transposer son vécu. Ensuite, il faut savoir observer pour détecter les petites ouvertures. Parfois, ce sont des petites perches qu’on nous tend, mais il faut savoir aller la chercher, et souvent c’est Ficelle, elle-même, qui va chercher cette brèche», a noté Mme Lévesque en parlant de «petites victoires».  

Pour illustrer ce qu’elle décrit, Sylvie Lévesque a relaté l’exemple d’un jeune qui avait très peur de Ficelle et qui ne voulait pas lui donner des croquettes parce qu’il l’a trouvé très imposante. Mais en utilisant Charlo, son Cavalier King Charles et le jeune chien d’intervention, l’enfant a réussi à reprendre sur lui et à se faire confiance. «Et peut-être que la prochaine fois, il va réessayer avec Ficelle parce que ses craintes et ses appréhensions ont été dissolues. Ça, c’est une petite victoire, ça ne fait même pas partie du plan d’intervention, mais ce sont des petites choses comme ça qui font en sorte que dans la vie de tous les jours, cet enfant va être moins craintif», a-t-elle expliqué.

Malgré tout, Mme Lévesque continue de constater un certain enjeu de méconnaissance dans la société et se voit souvent fermer l’accès à des endroits spécifiques en compagnie son chien, et ce, même dans le cadre d’une intervention avec des jeunes du centre. Cependant, la situation semble s’améliorer, comme en témoignent les endroits acceptant les compagnons à quatre pattes ou encore l’approche du Cégep de Granby souhaitant monter un programme de zoothérapie et qui a approché la zoothérapeute pour bénéficier de son expertise.

À noter qu’il est toujours possible de soutenir le travail de Mme Lévesque et du Centre de pédiatrie sociale en faisant un don au https://www.canadahelps.org/fr/dn/64691?v1=true