Métier non traditionnel: cinq femmes qui brisent des barrières
SOCIÉTÉ. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à pratiquer des métiers autrefois réservés aux hommes. C’est ce qu’affirme Marie-Claude Hudon, conseillère aux entreprises chez Avenue Profession’elle, un organisme qui accompagne la clientèle féminine dans la pratique d’un métier à prédominance masculine en Haute-Yamaska, Brome-Missisquoi et à Acton Vale.
«Il y en a de plus en plus, entre autres, parce que c’est moins méconnu et parce que les femmes ont moins peur de sortir des sentiers battus», précise Mme Hudon. Elle signale aussi que les femmes ont davantage de modèles.
Pour qu’un métier soit considéré comme non traditionnel pour la clientèle féminine, il doit être pratiqué par moins de 33 % de femmes. Au Québec, il en existe 233.
Selon Mme Hudon, deux défis se présentent aux femmes qui décident d’entrer dans un milieu de travail à prédominance masculine: briser les stéréotypes et l’intégration. «Elles doivent prouver qu’elles sont capables de faire les mêmes choses que les hommes», dit la conseillère aux entreprises.
Minorité visible
Les femmes de minorités visibles étudient dans des domaines moins souvent choisis par les femmes comme le commerce, la gestion, l’administration publique, la santé et l’ingénierie.
C’est ce qui se dégage d’un rapport de Statistique Canada portant sur les femmes de minorités visibles et publié il y a quelques jours.
Les trois principaux domaines d’études des femmes de 15 ans et plus titulaires d’un certificat, d’un diplôme ou d’un grade postsecondaire, peu importe leur appartenance physique, sont ceux du commerce, de la gestion et de l’administration publique, de la santé et des domaines connexes ainsi que des sciences sociales et du comportement et du droit.
«Bien que le fait de détenir un certificat, un diplôme ou un grade postsecondaire dans les domaines scientifiques ou techniques ne soit pas fréquent au sein des deux groupes, les femmes appartenant à une minorité visible étaient plus susceptibles de déclarer avoir suivi ce type de formation que les femmes n’appartenant pas à une minorité visible», précise le rapport.
Les femmes de minorités visibles sont plus présentes dans des domaines de sciences physiques et des technologies, de mathématiques, d’informatique, de sciences de l’information, d’architecture et d’ingénierie.
En revanche, elles se font plus rares en services personnels, de protection et de transport ainsi qu’en éducation.
Un saut dans le passé
L’auteur Mario Gendron, de la Société d’histoire de la Haute-Yamaska (SHHY), s’est récemment penché sur la place qu’occupaient les femmes au travail.
Dans un texte baptisé Vingt-cinq ans d’affirmation féminine à Granby (1940-1964), il relève que le phénomène des femmes au travail n’est pas nouveau en 1930 à Granby «puisque ces dernières représentent déjà le quart de la main-d’œuvre».
Lors de la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945), ce taux représente maintenant le tiers. Il se maintient quelques années, soit jusqu’à ce que s’installe la Révolution tranquille (1960).
Cela dit, l’auteur fait remarquer qu’en 1942 la section granbyenne de l’Association des voyageurs de commerce demande «que l’on utilise toute la main-d’œuvre masculine disponible avant d’employer des femmes et que les mères ne soient admises à travailler que dans les cas d’absolue nécessité et qu’avec une permission exprès».
Au début des années 1960, les femmes sont plus présentes dans les domaines de l’enseignement, des soins infirmiers, du travail de bureau, de télécommunication et de confection de vêtements.
«À l’inverse, elles sont absentes de l’administration privée et publique, de l’ingénierie, des services publics, de tous les métiers reliés au transport de même que de plusieurs branches de l’industrie», écrit Mario Gendron.
Puis, à la même époque, 140 femmes s’affirment dans des métiers non traditionnels à Granby. Parmi ce nombre, 69 femmes sont découpeuses et soudeuses au chalumeau et 71 femmes sont ouvrières.
Une cinquantaine de femmes sont directrices ou propriétaires d’un commerce de détail. «Elles se révèlent suffisamment conscientes de leurs intérêts pour fonder le Club des femmes d’affaires de Granby, en 1959», précise M. Gendron.