Nancy Sagala, une barbière aux petits soins des messieurs
PERSONNALITÉ. Oubliez l’image du traditionnel barbier. Nancy Sagala, une nouvelle venue à Granby, redéfinit l’emploi, lui apportant une touche de modernité… et de féminité!
«Je suis barbière, oui», lance d’emblée en riant la principale intéressée, consciente que la féminisation du titre se veut plutôt rare. L’entrepreneure de 46 ans a ouvert, le 1<V>er<V> août dernier, un commerce dont la façade ne peut passer inaperçu, au coin de Principale et Mountain: Barbier VIP.
Admettant que plusieurs restent surpris lorsqu’ils se présentent sur place et réalisent qu’ils ont affaire à une femme, celle qui en est à se bâtir une clientèle est surprise de l’achalandage constaté jusqu’ici. «Je n’ai jamais vu autant de barbes. Je vous le dis, il y a en a, de la barbe, à Granby!», lance celle qui rase, taille ou rafraîchit une dizaine de barbes chaque jour en plus d’offrir la coupe de cheveux pour hommes et garçons. Tout juste une semaine après l’ouverture officielle, elle embauchait d’ailleurs une deuxième employée pour répondre à la demande.
La mère de trois adolescents a toujours travaillé auprès de la clientèle masculine. Elle a passé les 25 dernières années au Salon Boivin, à Longueuil, l’endroit qui lui a donné sa première chance et «sa chaise» alors que sa formation en coiffure n’était pas encore terminée. Pour elle, la gent masculine constitue une clientèle incontournable, généralement franche, directe et claire. «Les gars, de nos jours, prennent plus soin d’eux qu’il y a 20 ans, je dirais», ajoute la barbière.
Amour et grands projets
C’est lors d’une visite au Salon Amour et Séduction l’hiver dernier, en compagnie de son amoureux de la dernière année et demie, Éric Fradette, que l’idée de se lancer en affaires s’impose. «Il y avait un kiosque de Brave & Bearded, un fournisseur qui a créé ses propres produits pour la barbe. […] En voyant son décor, avec beaucoup de bois et une vieille chaise de barbier, on a eu une illumination. On s’est regardés, mon chum et moi et on s’est dit: pourquoi pas partir un salon à Granby?», relate-t-elle.
L’amatrice de triathlon quitte ensuite Brossard pour rejoindre son conjoint et installe son commerce dans un local loué au centre-ville. Environ 30 000$ ont été investis pour doter l’ancienne cordonnerie d’un look moderne où les hommes se sentiront chez eux, preuve que l’entrepreneure souhaite prolonger l’aventure. Les clients peuvent même prendre un café sur place avant ou après leur rasage et, bien sûr, s’y procurer une gamme de produits.
Un «art»
Si elle manie le traditionnel blaireau et le «coupe-chou», cette lame droite qu’utilisent traditionnellement les barbiers, la Granbyenne d’adoption souligne que le métier a bien changé. Connus autrefois pour amputer des doigts, faire des saignées, arracher des dents ou faire des bandages, les barbiers se consacrent désormais exclusivement à l’esthétique et aux soins.
«Je commence avec des compresses d’eau chaude pour ouvrir les pores, on applique notre huile, notre mousse et on rase. Après, on applique des compresses d’eau froide, de la crème, puis on masse le visage», explique-t-elle, précisant qu’environ 30 minutes sont nécessaires au total. Notons une autre particularité : pour éviter la propagation de maladies, les lames utilisées sont désormais jetables.
Quoi qu’il en soit, être barbier demeure «un art», selon Nancy Sagala. S’il s’est un peu perdu au fil des décennies, celui-ci semble regagner en popularité, le port de la barbe ayant la cote depuis quelques années. Le point commun entre la coiffeuse et la barbière? «Les deux ont un petit côté psychologue», conclut-elle.