Pauvreté: un visage de plus en plus commun

AFFAIRES SOCIALES. Au Québec, le seuil de pauvreté est établi entre 24 et 32 000 $ pour une personne seule. C’est-à-dire qu’en deçà de ce salaire annuel, un citoyen québécois est considéré comme étant en situation de précarité. Cependant, avec les circonstances auxquelles nous sommes actuellement confrontées, les repères ne sont plus les mêmes. La ligne qui démarquait la précarité semble s’être déplacée et malheureusement, beaucoup se retrouvent désormais ensevelies sous les dettes. La nouvelle réalité qui s’impose à nous a changé les stéréotypes que nous avions du visage de la pauvreté. Maintenant, ledit visage de cette pauvreté se transforme de plus en plus en visage d’une personne lambda. Le Granby Express est allé questionné les acteurs du milieu.

SOS Dépannage-Moisson Granby a ouvert ses portes il y a plus de 30 ans. La mission primaire de l’organisme: offrir un service alimentaire d’urgence. Au fils des ans, le service s’est élargi et aujourd’hui, c’est une réelle usine que l’OBNL opère. Cependant, si SOS Dépannage peut répondre aux besoins de sa clientèle, il reste que celle-ci a changé depuis quelques années. Le président, Sylvain Larivière, décrit une augmentation significative, surtout depuis l’actuelle pandémie: « De septembre à décembre 2021, on a eu autant de demandes d’aide que pour les huit premiers mois de l’année. Le dernier trimestre équivaut aux deux précédents et ça ne va pas en ralentissant. »   

M. Larivière constate d’ailleurs que, si auparavant davantage de personnes sur l’aide sociale, ou encore, sur l’assurance-emploi avaient recourt à leurs services, ce n’est plus nécessairement le cas aujourd’hui. Des travailleurs viennent régulièrement les voir tout simplement parce qu’ils n’arrivent plus et la principale raison, bien entendu, « l’inflation est la principale responsable » confirme-t-il. 

GASP

« Différents comités d’aide alimentaire subissent une hausse de demande, au niveau des services d’hébergement aussi, une hausse est constatée et depuis dix ans, il y a effectivement une augmentation dans la représentation des 55, 65 ans, ce qu’on ne voyait pas vraiment avant. »

Le président du Groupe actions solutions pauvreté (GASP), Steve Bouthillier, constate effectivement que le visage de la pauvreté n’est plus l’adage des vieux archétypes traditionnels. Celui qui est aussi directeur de la maison d’hébergement Le Passant, remarque également qu’il y a de plus en plus de personnes en perte d’autonomie, ou encore, victimes de la crise du logement: « On reçoit de plus en plus de personnes atteintes de démence, que les familles ont mises à la rue. Il y a aussi la crise du logement qui n’aide pas. Il y a de moins en moins de place pour les personnes semi-autonomes, donc ces gens-là se retrouvent à la rue. »

La ligne tangue vers le mauvais côté

L’écart entre les riches et les pauvres fait de plus en plus les manchettes, cependant, le seuil de la pauvreté semble se redessiner depuis les augmentations, conséquence de la crise sanitaire. M. Bouthillier confirme que « certaines personnes, qui se trouvaient sur la ligne entre la précarité et l’itinérance, viennent carrément de tomber du côté de l’itinérance. Les repères ne sont plus les mêmes, environ la moitié de notre clientèle est nouvelle. Exemple de ce changement, lors de la nuit des sans-abris, les gens s’attendent à voir un »parvenu« mal habillé et mal propre, mais souvent, une personne en situation d’itinérance se trouve derrière eux. »

Rappelons que certaines mesures ont été adoptées récemment, comme l’initiative de la Ville, la halte-chaleur et des lits ont aussi été ajoutés à la maison Le Passant.