Programme de lutte contre l’itinérance: Granby doit jouer du coude pour des miettes

SOCIÉTÉ. SOCIÉTÉ. Alors que la ville de -Sherbrooke est désignée comme la grande ville de l’Estrie et reçoit un montant plus que considérable pour ses programmes d’aide à l’itinérance en comparaison avec ses consoeurs, les huit autres Municipalités Régionales de Comté (MRC) de la région doivent se disputer afin d’obtenir l’argent restant pour leurs programmes. Une concurrence du style «au plus fort la poche» qui apporte son lot d’iniquité, selon plusieurs acteurs du milieu.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du -Québec a mis au point le programme Vers un Chez-soi, par l’entremise de la direction des programmes en santé mentale et dépendances. Le problème ; la répartition des sommes se fait selon une méthode décriée par certains acteurs du milieu comme étant inéquitable.

Pour chaque région, le gouvernement désigne une communauté désignée (CD) et des communautés rurales et éloignées (ICRÉ). Dans le cas qui intéresse, à savoir, l’Estrie, la CD est Sherbrooke et les ICRÉ sont les MRC de Brome-Missisquoi, Coaticook, Le Granit, Le Haut-Saint-François, Le Val-Saint-François, Les Sources et de La Haute-Yamaska (Granby). Ainsi, la ville de Sherbrooke se voit octroyer une somme de 1,4 million $ et Granby doit se partager avec les sept autres villes considérées comme ICRÉ, 362 652 $. Précisons que cet argent concerne le programme Vers un Chez-soi, programme dont l’enveloppe provient du fédéral, mais distribué par le réseau provincial.

Le dernier recensement disponible sur le site de Statistique Canada est celui de 2021. Selon ce dernier, la ville de Sherbrooke comptait 172 950 habitants, comparés à 69 025 habitants pour la ville de Granby. Cette dernière abritant environ 2,5 fois moins de personnes, la question ne se pose pas, à savoir, est-ce que Granby devrait recevoir le même montant pour ses programmes. Cependant, même en divisant le montant de 1,4 million $ en trois, celui-ci serait d’un peu moins de 500 000 $. Cette répartition de l’argent fait douter plusieurs organismes de la cohérence de cette méthode. Ces derniers se sont exprimés d’une même voix par l’entremise du Groupe Actions Solutions Pauvreté (GASP). «Nous croyons qu’une répartition proportionnelle de l’argent selon les besoins réels de -Granby serait plus équitable et refléterait mieux sa réalité. De surcroît, nos services octroyés se voient affectés par ce mode de distribution. »

Aucune discussion en cours

Le Granby Express est entré en contact avec le conseiller politique du ministre et député François Bonnardel, Marc-André Morency, pour comprendre le mode de répartition établi et s’il est jugé convenable par le gouvernement.

«La Ville de Sherbrooke obtient plus de financement dans le cadre de ce programme, car le gouvernement fédéral accorde des sommes beaucoup plus importantes aux communautés désignées qu’aux communautés rurales et éloignées, comme celles de la ville de -Granby, par exemple. »

« Face à cette iniquité, le ministère de la -Santé et des -Services sociaux a demandé au gouvernement fédéral de rehausser le financement des communautés rurales et éloignées, afin que la distribution du financement soit équitable pour toutes les communautés du -Québec. Cette demande a été fermement refusée par le gouvernement fédéral. C’est donc au gouvernement fédéral de corriger cette situation qui n’est pas en phase avec les besoins du milieu » , a indiqué le conseiller politique du député de -Granby.

Le ministre des Transports et député de la région de Granby, François Bonnardel, était récemment de passage à l’Hôtel de Ville de Granby. Questionné sur le programme Vers un Chez-soi, M. Bonnardel a confirmé la teneur fédérale du financement de ce programme. Pour ce qui est du gouvernement provincial, il a confirmé que rien n’était en cours de discussion pour rectifier cette situation.

Des iniquités

De son côté, la députée de Shefford à la Chambre des communes, la bloquiste Andréanne Larouche, dénonce les inégalités liées à ce programme d’aide lancé par le fédéral.

«On a parlé de cette problématique de communauté désignée et rurale et éloignée. Force est de constater que ça crée des iniquités. La pandémie a aussi changé le visage de l’itinérance et je me suis questionnée sur ce programme. Ce que je m’engage à faire concrètement, c’est d’écrire au ministre du Logement de la diversité et de l’inclusion, Ahmed Hussen, afin de revoir les critères ou la manière de distribuer les fonds. « 

L’enveloppe des fonds disponibles pour l’Estrie en matière de programme d’aide à l’itinérance représentait 4,73 % du montant fédéral alloué en la matière et le montant attribué aux communautés rurales et éloignées de cette même région représentait moins de 1 %.