Projet de maison de chambres sur la rue Fairfield: les promoteurs et les résidents ne sont pas sur la même page

MUNICIPAL. L’implantation possible d’une maison de chambres au 40 rue Fairfield, à Granby, enflamme les passions et anime le débat. Promoteurs et citoyens bien campés sur leur position ont pu s’exprimer et faire valoir leur point de vue hier soir à l’occasion d’une consultation publique tenue à l’hôtel de ville. Intéressant pour certains, décrié par d’autres. Chose certaine, le projet soumis par le Centre restauration et réveil pour les nations est loin de rallier la majorité.

L’éventualité de la transformation du bâtiment de trois étages en maison de chambres de 20 unités (avec une condition de location de 30 jours ou plus) fait craindre le pire pour des résidents du secteur. De l’autre côté, les tenants de ce projet souhaitent revoir la vocation de l’endroit afin d’accueillir des étudiants et de travailleurs étrangers en quête d’un toit. Deux visions clairement opposées qui se sont fait face durant plus de 90 minutes comme l’a constaté le représentant du journal lors de la consultation publique.

Après le mot de bienvenue et les présentations d’usage entourant les suites du processus de consultation publique, le conseiller responsable du comité de protection et aménagement du territoire, Paul Goulet, a vite pris soin de rappeler à l’auditoire d’être à l’écoute des tenants et des aboutissants de ce projet. « C’est un dossier qui a le potentiel d’être polarisant. On en est conscient. Ceci étant dit, je vous demande d’avoir de l’ouverture d’esprit et d’aborder le dossier de ce soir de façon positive (…). On ne veut jamais traiter des dossiers avec le syndrome du Pas dans ma cour. »

La consultation publique s’est tenue en présence de l’urbaniste Yani Authier, du conseiller municipal, responsable du comité de protection et aménagement du territoire, Paul Goulet, et de la greffière adjointe et avocat aux affaires juridiques, Me Joannie Meunier et Me Vincent Fréchette. (Photo: GranbyExpress-Éric Patenaude)

Pour la plupart des citoyens inquiets de l’arrivée d’une maison de chambres sur la rue Fairfield qui ont témoigné, le manque de garanties relativement à la mission et au bon ordre de l’endroit est au coeur de leur argumentation.  « Êtes-vous conscient que vous allez mettre des chambres-là près d’une école avec des jeunes? Le soir, il va y avoir du trafic. Je ne sais pas si la mairie est consciente du problème, mais il n’y a jamais de voiture de police sur Elgin pour surveiller les excès de vitesse. Et en plus, vous allez rajouter des chambres. Je pense que vous êtes totalement inconscient et pour éviter ce tralala, arrêtez ce projet. Ça n’a rien à voir avec le Pas dans ma cour, c’est tout simplement que ce projet est mal placé », a exprimé avec vigueur François Darrigrand, un résident de la rue Elgin.

Le ton de la soirée était donné. De son côté, Annie Desranleau a demandé aux autorités de la Ville si les propriétaires de l’immeuble étaient en droit présentement de louer ou non des chambres. À cette question de la citoyenne, l’urbaniste à la Ville de Granby, Yani Authier, a répondu par la négation, car l’usage résidentiel n’y est pas autorisé. « Ça commence bien mal la cohabitation avec les propriétaires du bâtiment. Je peux vous affirmer qu’il y a des gens qui demeurent-là en permanence », a confié la dame.

François Darrigrand, un résident de la rue Elgin. (Photo: GranbyExpress-Éric Patenaude)

Un peu plus tard au cours de la rencontre, le conseiller Paul Goulet est d’ailleurs revenu sur la situation soulevée par la Granbyenne en avisant les représentants du Centre restauration et réveil pour les nations présents dans la salle qu’une visite des lieux faite par inspecteur municipal était à l’horaire de ce jeudi 20 avril. 

D’autres résidents, qui ont pris la parole, appréhendent pour leur part le changement de clientèle à plus ou moins long terme. À cette question, le conseiller Goulet a été on ne peut plus clair dans sa réponse. « Nous n’avons aucun droit ou regard comme municipalité sur le type de clientèle qui va y habiter. »  Une explication qui en a fait maugréer plus d’un dans la salle.

Selon Paul Goulet, l’épineuse question de la clientèle hébergée sera l’épicentre de la réflexion qu’auront à faire les élus granbyens.

Un bon projet pour la communauté

Chapeauté par le Centre restauration et réveil pour les nations, qui se considère comme une église chrétienne évangélique, le projet de maison de chambres sur la rue Fairfield pourrait être un atout d’importance pour la communauté. C’est du moins le message qu’a tenté de livrer Fredy Montilla, porte-parole de l’organisation religieuse.

« On est ici pour vous écouter. Si le projet avance, c’est merveilleux pour tous (…). Nous comprenons certaines craintes. Nous sommes prêts à mettre des mesures (présence d’un concierge et d’un agent de sécurité) », a réitéré M. Montilla qui soutient avoir l’appui de Solidarité Ethnique Régionale de la Yamaska (SERY). 

Une citoyenne est venue aussi à la défense des promoteurs du projet en arguant que l’organisation dirigée par des gens d’origine hispanophone était les mieux placés pour aider les travailleurs étrangers à bien s’intégrer dans leur communauté d’accueil. « J’encourage le conseil à encourager le projet », a-t-elle dit.

Pour l’heure, rien n’est encore joué pour le projet de maison de chambres. Tout d’abord, le dossier sera amené à la rencontre de travail des membres du conseil municipal prévue pour le 24 avril prochain.  Une semaine plus tard, soit le 1er mai 2023, les élus traiteront à nouveau du sujet avec l’adoption d’un second projet de résolution lors de l’assemblée publique.

Fredy Montilla, porte-parole du Centre restauration et réveil pour les nations. (Photo: GranbyExpress-Éric Patenaude)