Quatre écoles de Granby en attente pour un programme de petits déjeuners

SOCIÉTÉ.Quatre écoles de Granby ont sondé le Club des petits déjeuners pour se doter d’un programme de nutrition qui permettrait d’offrir un accès quotidien à un déjeuner matinal nutritif aux élèves, a appris le GranbyExpress. Quant à l’organisme, le contexte actuel l’oblige à suspendre toutes les demandes pour se consacrer aux programmes déjà établis.

À Granby, cinq écoles sont déjà inscrites aux programmes du Club des petits déjeuners, un organisme qui offre des petits déjeuners à l’école, garantissant ainsi à l’ensemble des élèves l’accès à des aliments nutritifs. Ainsi, c’est plus de 650 élèves de Granby issus du primaire et du secondaire qui bénéficient des petits déjeuners en classe distribués par le club depuis la rentrée. «La rentrée s’est bien faite cette année vu qu’on était moins pris avec la situation sanitaire. C’est sûr que le club a eu une hausse d’élèves à nourrir et les déjeuners sont très demandés dans les établissements scolaires», indique Josée Dupuis, coordonnatrice du Club des petits déjeuners pour la région de l’Estrie.

Mme Dupuis nous fait part d’une augmentation de près de 50 % des demandes et d’élèves à nourrir. Ce chiffre, conjugué au contexte difficile actuel, oblige l’organisme à mettre sur pause toutes les ouvertures de programmes dans les écoles pour mieux soutenir les initiatives déjà bien établies à travers le pays. «Nous n’avons pas le choix à cause de l’inflation actuelle qui amène des hausses de prix des aliments et de livraison également», souligne la coordonnatrice qui indique par le fait même que l’organisme est à la recherche d’acteurs locaux pour pallier aux problèmes des livraisons dispendieuses.

Du côté de la Maison des familles de Granby et région (MFGR), un organisme qui répond à toute sorte de besoins des ménages de la région, ces chiffres n’ont rien de surprenant, vu le contexte actuel. «Avec l’augmentation des coûts de la vie, ça fait que les gens qui réussissaient à peine à rejoindre les deux bouts n’y arrivent plus. On constate bien toute la vulnérabilité que la pandémie a causée et que le taux d’inflation aggrave. On a plein de partenaires essentiels à Granby comme SOS -Dépannage et le Club des Petits déjeuners, mais ça ne suffit pas à répondre à la demande. La précarité a augmenté massivement», explique Claudine Leroux, directrice générale à la MFGR.

Les membres de l’organisme sont très bien placés pour constater cette réalité. En effet, ces derniers offrent également des «ateliers porte-clés» au sein des écoles, ce sont des activités de soutien après l’école à raison de trois jours par semaine pour une période de 90 minutes, où les enfants peuvent ventiler, collationner, bouger et travailler. «On a dû doubler les collations offertes parce qu’on s’aperçoit que les enfants ont plus faim. On essaie de leur offrir plus de fruits et des légumes parce que c’est des aliments qui coûtent cher et c’est souvent là que les familles coupent lorsqu’elles n’y arrivent plus.»

«Si la famille est dans un état précaire, de surcroît l’enfant va l’être aussi. Mais il faut comprendre que tout parent va prioriser son enfant au départ, mais même avec cette bonne volonté, s’il n’y a rien dans le frigo, c’est difficile de donner à manger. Les parents sont très inventifs et imaginatifs, mais ils ne peuvent pas créer quelque chose qu’ils n’ont pas », constate Mme Leroux.

Répondre à la demande

En plus des temps durs, plusieurs autres raisons peuvent expliquer la malnutrition des élèves le matin, notamment les longs trajets d’autobus scolaire, les routines matinales chargées, l’accès limité à de la nourriture, le manque d’appétit, les activités parascolaires ou encore les urgences familiales. «De plus en plus, les écoles s’aperçoivent du fait qu’une fois que les enfants ont déjeuné et qu’ils ont le ventre plein, ils peuvent apprendre mieux », affirme Josée Dupuis.

Au sein de l’organisme, le mot d’ordre est de continuer à livrer les écoles déjà inscrites, « pas question de les abandonner», confirme Mme Dupuis. Ainsi, malgré une année qui s’annonce chargée pour l’organisme, ce dernier compte principalement sur ces campagnes de financement pour continuer à maintenir sa mission qui consiste à nourrir quelque 67 000 élèves québécois.

L’enjeu de répondre à la demande grandissante de la population est commun à plusieurs organismes de la région. En plus des divers défis, les initiatives comme le Club des petits déjeuners et la Maison des familles de Granby voguent dans ce contexte incertain avec le seul objectif de continuer de répondre à la demande. «Le grand défi c’est d’être capable de répondre à toutes les demandes d’aide, qui ne sont pas seulement d’ordre alimentaire. On doit le faire avec une équipe qui a aussi subi une pandémie et qui doit composer avec cette vulnérabilité-là. On ne se le cachera pas, la pénurie de main-d’œuvre fait que notre équipe est plus fatiguée, on essaie de bien prendre soin d’elle pour qu’elles prennent soin de la communauté », conclut Claudine Leroux.

Les écoles placées sur la liste d’attente n’ont aucune idée du moment où elles pourront bénéficier d’un programme de nutrition du Club des petits déjeuners.

À noter que pour des raisons de confidentialité, le Club des petits déjeuners ne pouvait pas partager les noms des écoles concernées.