Régime minceur dénoncé dans les CPE de la Haute-Yamaska
ÉDUCATION. Les Centres de la petite enfance (CPE) de la Haute-Yamaska ont pris soin des enfants de 0-5 ans avec un budget amputé de 300 290 $ cette année. Et 2016 ne s’annonce guère mieux avec des coupes encore plus draconiennes, selon les rumeurs qui circulent.
En Montérégie, les CPE ont dû essuyer des coupes de 8,5 M$ en 2015. Dans les sept CPE de la Haute-Yamaska, membres du Regroupement des CPE de la Montérégie (RCPEM), les coupes ont pu atteindre jusqu’à 63 000 $ dans certains cas. Au RCPEM, on évalue les coupes à 13,8 M$ pour 2016, mentionne Brigitte Lépine, responsable des communications du RCPEM.
Le gouvernement répartit les coupures selon le nombre d’enfants qui fréquentent les installations. Depuis deux ans, les CPE doivent jongler avec une rationalisation imposée par Québec. Le ministère de la Famille récupère également les surplus accumulés.
Au CPE Le Grand Chapiteau, de Granby, la direction de l’établissement a été contrainte de réduire les dépenses de 63 000 $. Pour 2016, le gouvernement lui exigerait une réduction des coûts de l’ordre de 567 000 $. «C’est plus que faire mal. C’est mettre le réseau en péril.» «Ce n’est pas possible (…) Je ne sais pas comment je peux faire pour m’occuper de 144 enfants avec sept éducatrices en moins. Je vois mal comment je peux faire plus que ça. C’est difficile de faire moins», explique Chantal Pontbriand, directrice générale du CPE Le Grand Chapiteau.
Des coupures ici et là
Au cours des derniers jours, Québec a annoncé ses intentions de vouloir mettre la hache dans les CPE à raison d’une coupe de 120 M$. Outre la réduction du barème de financement pour les enfants, le gouvernement envisagerait de réduire les heures de travail des éducatrices. Au CPE Le Grand Chapiteau, qui gère deux installations, cet effort budgétaire représenterait une coupure de 6000 heures de travail.
«Les éducatrices ont un goût amer. Elles donnent beaucoup à la petite enfance et on leur fait un pied de nez», indique Mme Pontbriand.
Au RCPEM, la porte-parole, Brigitte Lépine, soutient que malgré les baisses de revenus anticipées, des mises à pied sont peu probables à cause des ratios enfants/éducatrice.
Les employés pourraient toutefois subir une diminution de salaire attribuable à une réduction des heures travaillées. «Les CPE vont couper dans la planification et le soutien pédagogique. C’est très inquiétant. C’est ce qui différencie les CPE des garderies privées», note-t-elle. Des coupes pourraient aussi survenir dans les départements de secrétariat et de comptabilité.
Pour respecter le mot d’ordre de Québec, les CPE vont devoir faire des pieds et des mains au quotidien. Selon Chantal Pontbriand, les enfants vont être les premières victimes de ce mouvement de compressions dans le réseau des CPE.
«Ce sont les services aux enfants qui seront grandement touchés. À notre CPE, nous accueillons plus de 33 enfants de familles défavorisées, plus de 18 enfants en besoins spécifiques et un groupe accueillant 5 enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme. Comment allons-nous pouvoir répondre à leurs besoins si nous n’avons pas les ressources financières, humaines et matérielles nécessaires pour les accueillir?», se questionne la gestionnaire.