Réouverture des gîtes: incompréhension et impatience chez les propriétaires
TOURISME. Après les récentes annonces de l’ouverture des chalets, hôtels et pourvoiries, les propriétaires de gîtes ont de la difficulté à comprendre le raisonnement du gouvernement de ne pas avoir intégré encore leurs établissements dans le plan de déconfinement.
«Présentement, on est en attente des décisions de la Santé publique, explique le représentant des gîtes au conseil d’administration de Tourisme Cantons-de-l’Est, Pierre Robinette. Parallèlement à ça, on a travaillé sur la rédaction du plan sanitaire. On a l’obligation d’avoir un plan sanitaire pour envisager la réouverture des établissements. Le document va être déposé […] pour évaluation et approbation.»
Tant que le gouvernement ne donnera pas l’autorisation aux gîtes d’ouvrir, les propriétaires ne pourront reprendre leurs opérations. Pour le moment, aucune date n’est encore encerclée sur le calendrier.
«On va solliciter la réouverture le plus rapidement possible des établissements, insiste celui qui est aussi propriétaire du gîte La Maison Drew à Magog. Quand on regarde la réalité des gîtes […], c’est un propriétaire opérant. C’est notre maison, on y vit dedans. Je vois ça beaucoup comme une résidence d’hébergement touristique qui est plus sécuritaire par rapport à l’application des plans sanitaires. Parce qu’on va avoir le souci de faire attention à l’environnement général de la maison parce que c’est notre lieu d’habitation. Ce n’est pas notre lieu de travail.»
M. Robinette estime d’ailleurs que les propriétaires de gîtes sont «particulièrement vigilants» pour tout ce qui touche le respect du plan sanitaire puisqu’ils veulent protéger leur clientèle, mais aussi eux-mêmes. Et lorsque la reprise des activités reprendra, il affirme que «ça va être un environnement d’hébergement, qui […] devrait être prisé parce qu’il va être sécuritaire pour les touristes».
Des séjours différents
Le taux d’achalandage dans les gîtes touristiques devrait varier d’une région à l’autre et les locations de chambres devraient se faire plus sur le long terme, croit M. Robinette.
«Les gens vont être peut-être moins portés de faire un jour à un endroit, un jour à un autre, commente le principal intéressé. Je crois qu’il va y avoir un peu plus d’achalandage par rapport à des longues durées. Dire des chiffres, ce serait jouer aux cartes. Si du mois de mai au mois d’octobre les gens ne sont pas capables de faire leurs frais […] ça fragilise tout le reste de l’année financièrement. […] C’est énormément d’argent pour les gîtes. Je ne m’attends pas que ça va sonner mur à mur. Le tourisme est vraiment en train de changer au Québec.»
Propriétaire du gîte Une Fleur au bord de l’eau à Granby, Carole Bélanger a vu ses réservations du mois de mars être toutes annulées puisque les clients ne pouvaient se déplacer en raison du confinement.
«Après ce moment-là, on est à zéro sur toute la ligne, raconte-t-elle. Normalement, à ce temps-ci, on est rendu peut-être à 60 % de réservations pour les mois de juin, juillet et août. […] Mais là, je dirais qu’à mon avis, je n’ai pas plus de 10 % de réservations. Je peux les compter sur deux mains.»
Mme Bélanger se considère chanceuse d’avoir un établissement qui lui permettra de respecter les mesures d’hygiènes et de distanciation sociale. Par contre, si le gouvernement permet une ouverture tardive au milieu du mois d’août, elle ne va probablement pas opérer.
«La plupart espèrent d’être capable de s’en sortir et de rouvrir, commente la propriétaire. Tout dépend de la date.»
À la limite de la patience
Depuis le mois d’avril, l’Écogîte La maison Collins B&B de Granby est prêt à ouvrir. Si le gouvernement ne donne pas son accord bientôt, la propriétaire prévoit ouvrir tout de même dans la fin de semaine du 27 juin.
«On est un peu comme un hôtel, mais en gîte, souligne Danielle Huard. Là, on était à la limite de la patience parce qu’on a investi beaucoup d’argent pour que ce soit fonctionnel. Probablement qu’on est tombé entre deux chaises parce c’est compliqué d’un gîte à l’autre.»
Parce que ses installations lui permettent de limiter les contacts entre clients, Mme Huard note que «c’est très facile de s’assurer que le code sanitaire est appliqué à la lettre». Le retour des rassemblements intérieur a aussi motivé la femme d’affaires de prendre cette décision et d’assumer les conséquences s’il y a lieu.
«Si les gîtes ne sont pas présents, il n’y a pas d’hébergement local, relate Pierre Robinette. C’est significatif pour la clientèle. Et ces gîtes-là […] ils sont la locomotive pour le touriste qui vient passer un jour, deux jours ou trois jours dans une région et qui fait vivre les attractions touristiques alentour.»